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05/02/2008

Parlement européen : Bruxelles ou Strasbourg, il faut choisir !

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

En exergue de l’un de ses films, le réalisateur français Eric Rohmer avait placé le faux proverbe suivant : « Qui a deux maisons, il perd la raison ! ». Le proverbe est peut-être un faux… mais l’idée est fort juste. Et les députés européens le savent bien qui ont, eux aussi, et sans que rien ne vienne le justifier, deux… « maisons ».

En effet, le Parlement européen siégeant officiellement à la fois à Bruxelles et à Strasbourg, une fois par mois, les 785 députés européens quittent Bruxelles (où ils sont la plupart du temps) pour se rendre, avec leur personnel et des camions entiers de documents de travail, à Strasbourg. Et cela, à chaque fois, pour une petite semaine. Maintenir, comme c’est le cas aujourd’hui, deux localisations coûte très cher (200 millions d’euros par an avant l’élargissement de 2004) et occasionne de nombreux déplacements inutiles et fatigants.

Ne serait-il pas plus logique de permettre au Parlement européen de siéger uniquement et… à plein temps à Bruxelles, où se trouvent déjà la Commission et le Conseil des ministres' C’est ce que proposent l’Institut Montaigne et le « Centre for European Reform » (think tank britannique) dans un briefing paper intitulé «20 pistes pour faire redémarrer l’Union». Une telle décision ne serait pas seulement un facteur d’économies pour le contribuable et un élément de confort professionnel pour nos Euro-députés. Elle contribuerait aussi à améliorer l’image des institutions européennes auprès des citoyens, qui sont aujourd’hui nombreux à considérer que l’Union représente, dans bien des domaines, une source de gaspillage.

En contrepartie, le bâtiment strasbourgeois, qui doit évidemment retrouver une affectation dans le cadre de l’Union, pourrait accueillir le premier centre universitaire européen d’excellence ou un centre de recherche technologique. Strasbourg deviendrait ainsi en quelque sorte une « capitale » européenne dans ces domaines où elle a une longue et ancienne tradition d’excellence. Cerise sur le gâteau : pendant les mois d’été, durant lesquels il y a peu de cours universitaires, des ressortissants de l’UE de tous âges pourraient se retrouver dans le bâtiment de Strasbourg pour former, dans l’ancien Hémicycle, un « Parlement des citoyens », dans le but de se familiariser avec le fonctionnement de l’Union grâce à des ateliers, des jeux de rôle et des débats.

Reste une question cruciale : comment convaincre les responsables politiques du bien-fondé de cette proposition rationnelle… sur un sujet jusqu’alors bien inutilement passionnel ?

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