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04/12/2013

Nouveau rapport - Afrique – France : mettre en pratique le co-développement

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 Institut Montaigne
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A l'occasion du 26ème Sommet Afrique-France et trois ans après la publication de Afrique-France : Réinventer le co-développement, l'Institut Montaigne rend public un nouveau rapport sur les relations entre l'Afrique et la France pour "Mettre en pratique le co-développement". Ce Sommet se déroulera dans un contexte profondément renouvelé. Deuxième région du monde derrière l'Asie en termes de croissance du PIB durant la décennie 2000 ? et peut-être la première dès 2014 ?, l'Afrique émerge aujourd'hui comme l'un des moteurs de l'économie mondiale.

Conséquence : l’Afrique suscite un vif regain d’intérêt. Celui-ci est en partie imputable aux pays émergents qui ont perçu, dès la fin des années 1990, les nouvelles dynamiques en cours et ont pris toute la mesure du potentiel de croissance d’un continent africain alors marginalisé.

Face à l’offensive des pays émergents sur le continent africain, les entreprises françaises doivent redoubler d’efforts pour demeurer compétitives. Ce défi est à leur portée. Elles disposent en effet des atouts nécessaires pour leur permettre, demain encore, de figurer parmi les principaux partenaires d’une Afrique aux contours renouvelés.

Ce renforcement de la concurrence sur l’ensemble du continent africain contraint d’autant la marge de manœuvre des entreprises françaises et accélère la nécessité d’une réaction. Or, les comités exécutifs de la plupart des groupes français ne semblent pas avoir pris la mesure des changements qui s’opèrent à l’heure actuelle en Afrique. Peu nombreuses sont encore, à ce jour, les entreprises qui ont intégré la nécessité de se redéployer, d’investir ou de réinvestir en Afrique et d’établir une stratégie de long terme à l’échelle du continent. Et pour  cause, huit raisons principales de blocage et de frein à l’investissement mettent à mal le leadership des entreprises françaises en Afrique par rapport à leurs concurrentes étrangères.

Or, pour Dominique Lafont, Matthias Leridon et Lionel Zinsou, co-présidents du groupe de veille Afrique de l’Institut Montaigne, "il n’est pas trop tard pour réagir. La France a sa place au premier rang en Afrique." L’intérêt pour le continent est croissant. L’Afrique tend à faire figure de nouvelle frontière de développement pour les entreprises françaises en quête de relais de croissance.

Intitulé Afrique – France : mettre en pratique le co-développement, l’objectif de ce rapport, également disponible en anglais, est de faire en sorte qu’un partenariat renouvelé entre l’Afrique et la France, fondé sur la complémentarité, devienne réalité. Dans cette perspective, les entreprises ont un rôle majeur à jouer.

Après une analyse des différents blocages qui persistent et entravent le développement des entreprises françaises sur le continent africain, celui-ci formule une série de propositions, articulées autour de quatre axes :

1. Mieux appréhender l’environnement et ses risques
• Mettre en place, au sein des filières d’excellence française, une plate-forme de communication et de partage d’expériences entre les grands groupes présents et les autres, en particulier les PME et ETI, fondés sur les "success stories"
• Capitaliser sur les réseaux entrepreneuriaux locaux et mieux s’appuyer sur ceux de l’AFD, de Proparco, et d’Ubifrance, déjà bien développés dans chaque pays d’Afrique
• Inviter les entreprises françaises à jouer un rôle dans la promotion de projets transnationaux, susceptibles de faire émerger des aires économiques régionales
• Inciter les entreprises à agir en responsabilité sociale (RSE) vis-à-vis des populations et à avoir pour souci de maximiser les externalités positives induites par leur activité, afin notamment d’éviter qu’elles ne deviennent un enjeu politique

2. Construire les business models gagnants
• Adapter le modèle d’offre aux différentes industries, l’objectif étant d’inventer des solutions adaptées à ces marchés et non de brader des technologies obsolètes
• Renforcer la compétitivité des entreprises françaises dans les appels d’offres internationaux au moyen d’une réponse adaptée aux solutions moins-disantes, caractéristiques de la concurrence des pays émergents. Cela implique de :
– Promouvoir les savoir-faire ou les solutions technologiques (notamment dans le secteur des biens de consommation) ;
– Innover dans des solutions low-cost adaptées (par exemple, dans le transport aérien et la construction) ;
– Innover, également, dans les solutions de financement intégrées (garanties, financement).
• Promouvoir le modèle de partenariats et de joint ventures (JV) et favoriser ainsi le modèle d’investissement dans les actifs au détriment du modèle « services / savoir-faire » largement privilégié jusqu’à présent.
• Construire un portefeuille « pays / activités » qui permette de :
– répartir les risques à l’échelle continentale dans une logique panafricaine ;
– trouver le bon équilibre entre effet de masse et effet de maillage.
• Ne pas sous-estimer les effets d’anticipation en matière d’investissement (compte tenu de la forte progression de la valeur des actifs).

3. Renforcer et réorienter les moyens de financement en fonds propres dans une logique de co-développement

• Mieux orienter l’aide déliée
• Utiliser les moyens de l’aide au développement comme garantie pour les projets d’investissement des acteurs privés
• Clarifier le rôle de chacun des acteurs en matière d’aide au développement et de financement
• Développer le private equity pour soutenir les entreprises françaises et les futurs champions nationaux dans une logique de co-développement avec des entreprises françaises

4. Co-développer les talents
• Revoir la politique des quotas et des visas pour les étudiants et cadres
• Créer des écoles et universités locales dans une logique de co-développement et/ou de co-branding avec les universités et grandes écoles françaises
• Renforcer les savoir-faire dans les filières techniques, en coopération avec les entreprises

Cette publication est le fruit des travaux du groupe de veille "Afrique" de l'Institut Montaigne. Coprésidé par Dominique Lafont, président de Bolloré Africa Logistics, Matthias Leridon, président de Tilder et Lionel Zinsou, président de PAI Partners, celui-ci a réuni durant l'année 2013 une quarantaine de personnes issues en majorité du secteur privé et du monde académique. Eric Sauvage et Olivier Laroche (AT Kearney) en ont été les rapporteurs.

Consulter le rapport Afrique-France : mettre en pratique le co-développement - Contribution au XXVIe sommet Afrique-France

Lire l'article des Echos Paris veut reconquérir un continent africain en plein essor

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