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18/12/2014

Moderniser le modèle des business schools, maintenant

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Moderniser le modèle des business schools, maintenant
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne



Tribune de Jean-Michel Huet, Associé chez BearingPoint et Edouard Husson, Professeur des universités, ancien Dean d'ESCP Europe, parue dans Challenges, disponible en kiosque le18 décembre 2014


Le récent rapport de l'Institut Montaigne, que nous avons rédigé, sur l'avenir des business schools françaises a provoqué de nombreuses réactions. Ces écoles sont de formidables réussites de l'enseignement supérieur français, internationalement reconnues. Nous avons la conviction que cette filière d'excellence contribue à la compétitivité française. Cependant, la concurrence mondiale est de plus en plus âpre pour nos historiques ESC. Voilà pourquoi nous avons jugé bon de mettre sur la table les principaux défis que représentent, pour nos écoles, le décalage grandissant entre leurs ambitions stratégiques et le manque d'investissements comme de flexibilité de leur gouvernance.

Il y a désormais un véritable marché des business schools, qui voit s’affronter plus de 12 000 institutions à travers le monde. Au-delà des accréditions internationales et du bon rang des institutions françaises dans les classements, c’est leur capacité à attirer les talents qui est en jeu. La business school d’aujourd’hui doit former des managers-entrepreneurs-globe-trotters de l’ère numérique. Face à ce défi, nos écoles sont confrontées à un problème d’équation économique et stratégique : leurs actionnaires de référence, souvent les chambres de commerce et d’industrie (CCI), sont progressivement devenus des  sleeping partners n’ayant plus les moyens financiers d’aider seuls au développement d’établissements dont le rang international exige des investissements toujours plus importants.

Parmi les propositions que nous formulons, le rapprochement des écoles avec les universités et l’évolution de leur gouvernance sont particulièrement importants. Il ne s’agit pas de "nationaliser" ces écoles, ni de les "privatiser" ; mais au contraire de leur permettre de renforcer leur mission d’intérêt général dans la formation et la recherche scientifique. L’ouverture de la gouvernance passe notamment par la promotion, dans le conseil d’administration des écoles, des professeurs élus de la "faculté", ainsi que de grandes personnalités académiques internationales.

Le rapprochement avec les universités est une recommandation pragmatique visant à créer de vrais pôles d’excellence académique compétitifs à l’échelle mondiale. Ce modèle est celui qui a fait le succès des formations en sciences de gestion en Europe comme en Amérique du Nord et qui se déploie en Asie. Il permet de renforcer la "faculté", la recherche dans l’innovation managériale ainsi que la capacité à concentrer les moyens, notamment pour l’incubation d’entreprises. On ajoutera que le rapprochement entre business schools et universités peut connaître une première application concrète dans la réalisation commune de MOOCs qui génèreront des revenus nouveaux.

Que faire alors ? Nos écoles peuvent – et doivent – miser sur les nouvelles ressources potentielles qui s’offrent à elles pour défendre leur leadership. Ainsi, la qualité de la gouvernance devient la pierre de touche. Les pouvoirs publics pourraient envisager de moduler leurs soutiens en fonction de bonnes pratiques, telles que la mise en place de partenariats avec les universités, l’ouverture de la gouvernance au-delà des CCI, ou la mise en place d’une politique de bourses ambitieuse. Les entreprises, les alumni, les personnalités académiques internationales ou encore les collectivités locales doivent peser de plus en plus dans la gouvernance, par exemple en conditionnant leurs dons à des mesures concrètes en termes de digitalisation, de modernisation managériale ou encore d’ouverture sociale. Il en va de de l’excellence de nos écoles ainsi que du rayonnement international de la France.

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