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06/10/2008

Mini-sommet européen : post Maastricht et zouaves des finances publiques

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Ce rassemblement de chefs d’Etat constituait déjà, en soi, une bonne nouvelle. Puisque la crise est internationale, une concertation entre les principaux pays Européens semblait nécessaire. Petite analyse entre accords et mésententes.

Principale avancée Sur le fond, la promesse d’un assouplissement rapide des règles comptables (qui ont été identifiées comme l’un des facilitateurs de la crise) constitue techniquement le principal sujet sur lequel le sommet a contribué à faire avancer les choses. Incontestablement, il n’est pas inutile de le mettre entre parenthèse, au moins temporairement.

Un bémol de taille Il est en revanche plus difficile de s’enthousiasmer face aux engagements pris par les quatre pays concernés. En effet, alors qu’il a été affirmé qu’aucune banque ne serait abandonnée, le sauvetage de Hypo Real Estate a bien failli ne jamais avoir lieu. Par ailleurs, samedi, Madame Merkel, Messieurs Berlusconi, Brown et Sarkozy nous ont affirmé que les Européens agiraient ensemble… Or, dès dimanche, les Allemands ont annoncé la garantie des dépôts de leurs épargnants de façon unilatérale (avant que, dans la nuit, les Autrichiens ne leur emboîtent le pas). De tout cela, il ressort une nette impression de chacun pour-soi.

Maastricht entre parenthèses Si un accord a été conclu à l’Elysée pour appeler la Commission à suspendre l’application du traité de Maastricht sur les déficits publics (ou, tout au moins, à l’appliquer de manière un peu plus souple), cela ne me paraît pas un signe rassurant d’unité européenne. En effet, n’oublions pas que les règles de déficit maximum ont été créées au nom de l’intérêt de l’Union, censé surpasser les intérêts particuliers de chaque Etat-membre. Par conséquent, faire disparaître ces règles constituerait un recul de la solidarité européenne, chacun agissant dès lors à sa guise, bien à l’abri de l’euro commun.

A qui la faute ? En outre, comme l’état de nos finances publiques est désastreux, cela donne l’impression que nous profitons de la crise pour échapper à la discipline collective. Il est gênant d’observer la morgue avec laquelle toute une partie de la classe politique française laisse filer les déficits sur un mode franchement nationaliste tout en vilipendant l’égoïsme et la cupidité de ces « méchants et coupables financiers ». Un ténor de la majorité semblait souhaiter hier « régler leur compte à tous ces zouaves de la finance », je lui laisse la responsabilité de ce vocabulaire très « années 30 ». J’ai bien envie de lui répondre qu’il y a sûrement eu également, pour le paraphraser, des "zouaves" des finances publiques des ministres ou des députés qui ont amené ce pays à 2,5% de déficit en période de croissance…

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