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17/09/2008

MEDEF et crise financière : agir en fonction du contexte

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Dans le cadre de la crise financière, Laurence Parisot affirme que la situation est grave et qu’il faut, par conséquent, éviter de charger la barque des entreprises…

Un contexte difficile
La crise financière est grave, c’est sûr, et elle aura indéniablement un impact négatif. Dès lors, quand Laurence Parisot déclare : « il va avoir beaucoup, beaucoup de répercussions sur l’investissement, une forme de ralentissement général », on ne saurait lui donner tort.

Relativiser avant tout
Pourtant, je crois qu’il faut faire la part des choses. Pourquoi ?

parce que Laurence Parisot tient un discours qui sert l’intérêt de ses mandants (ce qui est bien entendu tout à fait légitime vu son mandat) et qui consiste à dire que quand l’économie va très mal, les entreprises doivent être au centre de la réflexion des politiques, les entreprises sont sacro-saintes. Elle s’appuie donc sur les circonstances pour avancer ses pions.

sauf à imaginer un enchainement diabolique, toujours possible, l’issue catastrophique n’est pas la plus probable. Nous vivons depuis quelques mois un vrai ralentissement économique, difficile, mais attendu. Cette crise est plus forte que prévue, parce qu’il y a eu des désordres financiers sévères. Mais l’économie est cyclique. Il n’y a par conséquent pas de quoi se relever la nuit lorsque l’on est en récession après une longue période de croissance (rappelons que 2006 ET 2007 ont été des années de croissance mondiale record).

Gouverner c’est prévoir… le pire
En économie, une forme de purge est tout simplement naturelle et inévitable. En revanche, ce qu’il faut éviter, c’est l’enchainement des déroutes financières, le jeu de dominos. Laurence Parisot, dit à ce propos « Le pire n’est pas certain, mais nous devons nous y préparer ». Effectivement, anticiper le pire est une bonne politique. Mais en l’occurrence, les pompiers ne sont pas les gouvernements, mais les banques centrales, et en Europe, il s’agit avant tout de la BCE (Banque centrale européenne). Pour autant, les pouvoirs publics doivent bien évidemment pas rester les bras croisés, et Laurence Parisot n’a pas tort d’en profiter pour proposer de laisser tomber le projet de prime de transport (surtout qu’avec un pétrole qui est retombé de 40% en deux mois, subventionner le litre d’essence devient bouffon...).

Quels remèdes ?
On peut aussi imaginer que le Gouvernement recentre l’activité des structures de financement public sur les industries les plus fragiles, par exemple les PME à haut potentiel qui pourraient souffrir de la crise. Une bonne politique publique consisterait aujourd’hui à mettre la France en situation de redémarrer quand l’économie redémarrera car nous n’avons que trop souffert depuis 15 ans de ne faire que la moitié du taux de croissance de nos partenaires européens même quand l’économie était porteuse. Il convient donc de ne pas être seulement défensif, mais d’être offensif et de continuer à réformer pour élever le taux de ce potentiel. Il faut recaréner le navire France pendant cet espèce d’arrêt obligé au port pour qu’il avance vite et bien quand la tempête sera finie et qu’on reprendra la mer.

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