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02/10/2008

Marchés : et si la crise ne profitait pas forcément à qui l'on croit....

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

La situation des banques ne laisse d'inquiéter, et rien n'indique que la crise soit terminée, malgré le rebond des marchés'

Les jours d’après
La crise n’a effectivement pas l’air terminée, et si nous avons plusieurs fois cru en voir la fin, les faits nous ont donné tort. Pour autant, en Europe, les autorités ont montré qu’elles savaient réagir, et les banques demeurent relativement solides. Imaginons maintenant à quoi pourrait ressembler la topographie d’après-crise ?

1/ Tout d’abord, le nombre de banques va diminuer. En un sens, c’est sûrement une bonne nouvelle, puisque si l’activité se réduit, la quantité de bêtises devrait aussi également suivre le même mouvement. Mais n’oublions pas que la conséquence directe, à l’échelle de la planète, de cette diminution est la perte d’emploi de centaines de milliers d’individus. Or, ces personnes consommaient, achetaient des appartements, etc. La crise financière contaminera donc nécessairement l’économie réelle…
2/ Par ailleurs, puisque les Etats auront largement participé au renflouement du système bancaire, nous allons nous retrouver avec des banques nationalisées ou quasi-nationalisées aux Etats-Unis, en Belgique, etc. C’est une sorte de retour en arrière historique. Mais, plus inquiétant, ces investissements tirent sur les budgets publics au moment où l’économie ralentit…

Un scénario plus optimiste
Tout cet argent dépensé devrait, dans un premier temps, concourir à une sorte d’équilibre. La planète va demander moins de crédit, l’économie va ralentir, et, par conséquent, il n’est pas en soit gravement problématique que moins de banques accordent moins de prêts. En revanche, la situation peut s’aggraver dans un deuxième temps.

1/ Lorsque l’économie redémarrera, il faudra que le crédit suive, et qu’il ne soit pas trop cher ! Or, s’il y a moins de banques, il y aura moins de concurrence, et dans 2 ou 3 ans, nous pourrions bien regretter ces banques qui sont en train de disparaître ou d’être rachetées par leurs concurrentes. Aujourd’hui, les autorités de la concurrence ferment les yeux sur les opérations de sauvetage, et elles ont raison car il faut en priorité sauver le système. Mais, à l’avenir, il leur faudra agir afin d’éviter la constitution d’oligopoles formés par les heureux survivants…
2/ En revanche - et c’est une excellente nouvelle -, les Etats vont peut-être faire une bonne affaire. Alors qu’ils achètent les banques moribondes pour une bouchée de pain, ils pourraient, dans un ou deux ou trois ans (précisément parce que les acteurs seront rares lorsque les profits repartiront), les revendre à bon prix…

Je n’irai pas jusqu’à vous promettre des affaires juteuses pour le contribuable, mais je me demande s’il n’est pas opportun de nuancer un peu le propos dominant du moment qui tend à dénoncer la privatisation des profits et la nationalisation des pertes… Car, c’est un fait, il y a beaucoup de pertes dans le privé. Mais il y a de fortes chances pour qu’il y ait à l’avenir des profits à engranger pour les Etats !

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