Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
09/09/2008

L'opposition n'est pas nécessairement là où on l'attendrait

Imprimer
PARTAGER
 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Nicolas Sarkozy n’a pas passé un très bon week-end sur le plan politique, du moins sur le plan intérieur…

Coups portés à l’unité et à l’action
Le programme était chargé : en quelques jours, nous avons assisté à 3 universités d’été. Or,

- à celle du Nouveau centre à Lalonde-les-Maures, Hervé Morin, un ministre de la république, a pris ses distances avec un projet du Gouvernement : le fichier Edvige

- à celle du Modem à Cap Esterel, nous avons assisté (de façon plus attendue) à une véritable attaque en règle de quasiment toutes les politiques (économique, sociale et fiscale) du Gouvernement,

- à l’Université d’été de l’UMP à Royan, enfin, derrière une unité de façade, de nombreuses interrogations sur le financement du RSA divisent la majorité. L’école d’Alain Lambert, révolté qu’on augmente les impôts au lieu de tailler dans les dépenses, a des émules…

Des voix discordantes à l’unisson
Des oppositions semblent donc se cristalliser au-delà les frontières partisanes, et une sorte de discours d’opposition raisonnée se met en place. A y regarder de plus près, cela n’a rien d’un hasard. En effet, A.Lambert, H.Morin et F.Bayrou ont été proches dans le passé, tous appartenant à cette droite libérale-chrétienne-démocrate jusqu’alors éclatée mais qui se retrouvent aujourd’hui autour des mêmes révoltes. Au total, cette « opposition » demande plus de rigueur dans la gestion des comptes publics, et moins de rigueur dans les limites apportées aux libertés publiques.

Quels constats d’opposition ?
L’ennui, pour Nicolas Sarkozy, c’est que ce type de discours peut prendre, contrairement à l’opposition du Parti Socialiste, trop largement divisé, comme on a pu le constater il y a quelques jours à leur propre université d’été. A la fois, si les Socialistes ne sont pas dans une bonne posture, il est frappant de constater que ce sont eux qui se chargent de poser le diagnostic :

- Pourquoi ça ne va pas ? Tout simplement parce que le cap de Nicolas Sarkozy n’est pas très clair, il manque de boussole idéologique, et donc de cohérence dans ses actions via de nombreux allers-retours…

- Cette semaine dans le JDD, Michel Rocard a évoqué une politique « buissonnante et incertaine », la formule est à la fois amusante et assez juste.

- Toujours hier, sur BFM télé, Pierre Moscovici avait parlé d’une politique "un peu libérale, un peu rentière, un peu étatiste, et donc non efficace", ce qui est sévère mais pas complètement faux…

Il est assez drôle de constater que la gauche et le centre se retrouvent pour reprocher à Nicolas Sarkozy de ne pas faire deux choses qui sont nécessaires :

1) réduire les déficits et la dépense publique
2) doper la compétitivité des entreprises

Mais le plus cocasse c’est que ces deux questions sont précisément celles sur lesquelles la droite est normalement attendue quand elle est au pouvoir.

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne