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26/10/2010

L'inégalité des chances à l'école, un phénomène de mieux en mieux documenté

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L'inégalité des chances à l'école, un phénomène de mieux en mieux documenté
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Au ministère de l’Education nationale, la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) vient de publier une note d'information consacrée au Diplôme national du brevet : une réussite en progression (octobre 2010).

  • Brevet des collèges : des écarts de réussite importants suivant les milieux socioprofessionnels dont sont issus les enfants

Si le taux de réussite des élèves de 3ème au diplôme national du brevet a augmenté entre les sessions 2008 et 2009 pour atteindre 82,7%, il s'agit d'une moyenne qui dissimule un important écart entre enfants issus de catégories socioprofessionnelles différentes. Le taux de réussite est seulement de 68% pour ceux dont le chef de famille n'exerce aucune activité professionnelle et de 77% pour ceux dont les parents sont ouvriers. Il est de 95% pour les enfants de cadres, soit jusqu’à 26 points d’écart. Les chances d'obtenir une mention Bien ou une mention Très Bien dépendent également du milieu social auquel appartiennent les enfants : 44% des enfants de cadres décrochent ces mentions contre seulement 14% des enfants dont le chef de famille est inactif. Les élèves issus de milieux modestes sont en outre surreprésentés dans les séries technologique et professionnelle : "sur 100 admis de la série technologique, 63 ont un parent employé, ouvrier, ou sans activité professionnelle, alors que ces catégories ne pèsent que 46 % dans l’ensemble des admis."

  • Baccalauréat : même constat

Même constat pour les bacheliers. La note d’information de la DEPP Les bacheliers du panel 1995 : évolution et analyse des parcours (septembre 2010) est sans ambiguïté : "Comparativement à la situation qui prévalait parmi les élèves entrés en sixième en 1989, les écarts de réussite entre élèves originaires de milieux sociaux différents ont plutôt tendance à s'aggraver. En effet, un élève dont le père est enseignant a 14 fois plus de chances relatives d’obtenir le baccalauréat que celui dont le père est ouvrier non qualifié dans le panel 1995, contre seulement 9 fois dans le panel 1989".

  • Les inégalités se créent dès l’école primaire

Tout comme le soulignait déjà le Haut Conseil de l’Education en 2007, la DEPP met à son tour en évidence que "les chances de devenir bachelier sont très liées aux acquis et au retard scolaires à l'entrée en sixième (…) Seul un quart des élèves ayant redoublé une fois dans l'enseignement primaire obtiennent le baccalauréat." Pire, "obtenir un baccalauréat scientifique dès lors que l'élève a redoublé, ne serait-ce qu'une seule fois, au cours de sa scolarité primaire constitue un événement rarissime : seul 1 % des élèves du panel 1995 y parvient".

  • L’origine sociale détermine le parcours scolaire des enfants

Ces études statistiques de la DEPP sur les élèves passant le brevet et le baccalauréat dressent le même constat accablant que celles consacrées à la très nette dégradation des compétences en lecture et en calcul en CM2 par groupe social depuis 1987 (voir figure 3 page 24 du rapport Vaincre l’échec à l’école primaire de l’Institut Montaigne) : l’origine sociale détermine le parcours scolaire des enfants. Comme l’a souligné d’emblée le rapport de l’Institut Montaigne, l’école primaire ne parvient ni à corriger l’inégalité des chances entre élèves issus de milieux sociaux différents, ni à empêcher l’accumulation et l’amplification de ces inégalités précoces.

  • L’inégalité dès l’école primaire : une mobilisation progressive

Rapports de l’Institut Montaigne de mai 2010 Vaincre l’échec à l’école primaire, de la Cour des Comptes, L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves, du Sénat, L’égalité des chances dans l’enseignement primaire et secondaire, de la Commission pour la Libération de la Croissance, ainsi que le programme "Education et formation pour l'égalité" du Parti socialiste, prochaine convention de l’UMP sur l’éducation… En sept mois, l’école primaire est enfin devenue le centre d’intérêt de nombreux acteurs qui estiment qu’il est indispensable d’agir en amont, là où se créent les inégalités.

Il est temps d’en faire une priorité nationale.

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