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24/11/2014

Les salariés français, même s’ils travaillent moins, sont-ils plus productifs?

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Les salariés français, même s’ils travaillent moins, sont-ils plus productifs?
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L'Institut Montaigne rendait public le mois dernier son rapport "Temps de travail : mettre fin aux blocages" qui dresse un constat sans appel : les salariés français à temps plein travaillent moins que tous leurs voisins européens, dans des proportions inquiétantes, quelle que soit l'échelle de temps considérée : hebdomadaire, annuelle ou sur la durée totale d'une carrière.

De nombreux commentaires et interrogations ont suivi la parution de ce travail. Nous portons une attention particulière à ces réactions et proposons cette semaine des éléments de réponse en prenant appui sur les mêmes sources publiques que celles utilisées dans le rapport.  

Les données OCDE (2013) montrent que la France est aujourd’hui le 6ème pays de l’OCDE en termes de compétitivité par travailleur (après la Norvège, les Etats-Unis, le Luxembourg, la Belgique et au même niveau que l’Allemagne). Ces résultats sont bons mais la productivité horaire évolue très peu depuis les années 1960 contrairement aux Etats Unis ou à la Suède par exemple, alors même que le nombre d’heures travaillées a largement baissé en France.

De plus, en raison du fort taux de chômage des jeunes et des seniors, 80 % des emplois sont occupés par les 25-54 ans, soit par les actifs les plus productifs et capables de supporter de lourdes charges de travail, ce qui biaise les résultats en terme de productivité des actifs en France.

La note "Redresser la croissance potentielle de la France" publiée par le conseil d’analyse économique en septembre 2014 montre également que la croissance de la productivité française ralentit depuis la fin des Trente Glorieuses et a atteint depuis la crise de 2008 un niveau historiquement bas. 

Ce ralentissement s’explique par une combinaison de facteurs conjoncturels et structurels, notamment :
- le recul de la part de l’industrie dans la croissance du PIB (l’industrie étant un secteur où les gains de productivité sont très forts) ;
- les faibles dépenses en R&D qui représentent en France 2,26 % du PIB contre 2,40 % en moyenne pour les pays de l’OCDE et plus de 3 % en Allemagne et en Suède ;
- l’inadéquation entre les emplois et les formations : qu’il s’agisse des formations générales ou professionnelles, la mauvaise adéquation entre les emplois et les formations est un obstacle à l’adoption de nouvelles technologies. Alors que les emplois sont de plus en plus qualifiés, seuls 14 % des Français ont un diplôme de niveau supérieur à bac+2.

Par Tim Glinert pour l'Institut Montaigne

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