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29/04/2015

Les Barbares attaquent… la politique familiale !

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Les Barbares attaquent… la politique familiale !
 Institut Montaigne
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Mardi 12 mai, l'Institut Montaigne et TheFamily organisent la huitième séance des Barbares attaquent consacrée à la politique familiale. Comment le numérique peut-il contribuer à améliorer la politique familiale existante ? Quels sont les risques liés à l'intégration du numérique ?


Initialement conçue pour assurer la pérennité du modèle fordiste, la politique familiale s’est depuis largement développée. Elle inclut désormais, aux côtés des allocations familiales, la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE), l’allocation de rentrée scolaire, l’aide au logement des familles, etc. Le montant total de ces aides s’élève à près de 60 milliards d’euros.

Des dispositifs complexes et multiples qui freinent l’intégration du numérique

Les CAF jouent, aux côtés des départements, un rôle de plus en plus important dans la distribution des aides et l’accompagnement des familles. Elles versent l’aide personnalisée au logement (APL), le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation adulte handicapé (AAH) et elles siègent au conseil d’administration des maisons départementales des personnes handicapées. Alors que les dispositifs d’aide et d’accompagnement social sont très morcelés, départements et CAF occupent une place centrale.

Les CAF ont par ailleurs fait d’immenses progrès de simplification en s’appropriant le numérique : depuis 2014, la plupart des démarches administratives peuvent s’effectuer en ligne. Les chèques emploi-service universel (CESU), mis en place en 2006, ont quant à eux simplifié le règlement des différentes aides à domicile.

Pourtant, la politique familiale n’a pas encore pleinement intégré la puissance transformatrice du numérique. Cela lui fait courir deux grands risques.

Le premier est lié à l’accroissement continu de la demande d’individualisation d’une population habituée à des services toujours plus personnalisés et personnalisables grâce au numérique. Jusqu’à présent, la politique familiale, comme toutes les politiques sociales, a répondu à ces demandes avec les outils de l’économie de masse, en multipliant les dispositifs : par exemple, la PAJE se décompose en 4 volets, aux aides au logement s’ajoutent des allocations de logement familiales ou une prime de déménagement, le RSA cohabite avec la prime pour l’emploi (PPE), etc. Cette superposition complexe ne permet toujours pas dans les faits de s’adapter aux situations individuelles.

Le second risque réside dans la complexité des relations nouées par les CAF avec leurs partenaires. Les départements, la multitude d’associations et de dispositifs publics en font partie. Si ce paysage venait à être bouleversé, par exemple par la disparition du département, les CAF devraient alors faire preuve d’une résilience rarement constatée dans les modèles de la production de masse.
Or, le numérique excelle justement à concevoir des services adaptés aux besoins des individus et à faire travailler différents intervenants en réseaux agiles et adaptables. Il pourrait ainsi faciliter les échanges d’informations entre les CAF, les départements, voire les écoles, les associations, les bailleurs sociaux ou les mairies, mobilisant – autour de chaque cas individuel – les énergies de toutes ces institutions. Les barbares du numérique sont maîtres dans l’art de l’échange d’information et de la mobilisation au cas par cas !

La multiplication des régimes, tentative maladroite et trop peu efficace de prise en compte des situations individuelles, entretient invariablement une opacité plus ou moins complète pour les destinataires de ces aides. La sophistication des règles, qui veulent adapter les sommes versées aux évolutions de revenus ou de situations, peut entraîner des variations très importantes d’un mois à l’autre. Mais, le délai de prise en compte de ces changements génère des situations dans lesquelles l’aide est versée à rebours des besoins, ou des versements excessifs, plus tard réclamés comme indus à des familles qui ne pourront les rembourser… n’ayant pu deviner que les aides avaient été versées par erreur. Le numérique permet justement d’agréger l’ensemble des informations concernant une personne ou une famille et de lui présenter de façon ergonomique l’ensemble des services auxquels elle a droit. Un point d’entrée universel, unique, fiable, s’adaptant en temps réel à toutes les situations : de Google à Amazon, c’est le fort des barbares !

Le big data au service de l’individualisation des aides


Les CAF disposent d’une masse d’informations sans pareille qui pourrait éclairer, bien plus qu’aujourd’hui, la définition des politiques sociales. Les approches big data pourraient ainsi renseigner davantage sur les besoins des familles. Le suivi individuel permet d’entrevoir le graal des politiques publiques, l’évaluation des dispositifs mis en place. L’impact du RSA a bien été évalué avant sa généralisation, mais de façon limitée. L’effet des APL sur les loyers fait l’objet d’un débat très nourri que les informations des CAF pourraient éclairer. Les barbares du numérique ont dans leur ADN la mesure, l’évaluation et l’adaptation continue de leurs services. Ces principes déclinés à l’activité des CAF leur permettraient de contribuer efficacement à la définition des politiques publiques. Elles pourraient même tendre vers une réelle individualisation de l’aide dispensée.

Les CAF sont au coeur de l’action opérationnelle, détentrices d’un nombre colossal d’informations, confrontées à un foisonnement d’interlocuteurs et d’outils et chargées d’une politique majeure pour notre société : la contribution du numérique à la poursuite de leurs objectifs est potentiellement immense.

Informations et inscriptions

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