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23/09/2008

Le Sénat se féminise... en attendant une vraie diversité

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Le Sénat a été renouvelé dimanche. Ce vote a permis un coup de projecteur sur une institution qui pâtit d’une image souvent archaïque. A tort, en partie…

Chambre de qualité
Le Sénat peut en effet se prévaloir de certains mérites :
- des rapports parlementaires en général d’une qualité supérieure à ceux de l’Assemblée nationale ;
- des sénateurs qui ont, de leur propre chef, accepté que la réduction de leur mandat de 9 ans à 6 ans ;
- Un âge moyen en baisse et un niveau de parité homme/femme inégalé.

Jeunes et sénatrices
Eh oui, contrairement à ce que l’on croit, la moyenne d’âge est à peine différente au Sénat et à l’Assemblée (62 ans au Sénat contre 57 ans à l’Assemblée nationale). Et, fait remarquable, depuis ce dimanche, 3 sénateurs ont moins de 41 ans ! Par ailleurs, 22 % des sénateurs sont des femmes tandis qu’elles ne sont que 18 % à l’Assemblée nationale.

Où sont les femmes ?
Pour autant, notre parlement reste trop peu représentatif. Lorsque j’évoque les progrès à accomplir, je pense notamment à nos piètres résultats en comparaison de ceux affichés par nos voisins européens et … le reste du monde. Ainsi, 47% des parlementaires en Suède, sont des femmes. Loin de n’être que la marque d’un paritarisme tout scandinave, ce chiffre est même inférieur à la proportion de femmes élues au Rwanda et ses 48 % de députées !

Parlement peu mixte socialement
Mais le manque de diversité n’est pas seulement une question de femmes. L’origine sociale des élus est aussi très homogène chez nous : parmi les 343 sénateurs, un seul est ouvrier et sept seulement sont des employés, quand plus de la moitié des parlementaires sont fonctionnaires !

Des chambres quasi monochromes
Si l’on aborde la diversité ethnique, les chiffres sont, au sens premier du terme, nuls : 0 % des députés et 0,6 % des sénateurs sont des Français issus de l’immigration récente. Or cette faible proportion n’est en aucun cas une fatalité si l’on se fie aux résultats des Pays-Bas. Les députés issus des minorités visibles atteignent 9%, ce qui équivaut presque à leur proportion totale dans la population !

Pourquoi agir ?
S’il est bien évident que chaque député et chaque sénateur représente tous les Français, ces déséquilibres posent néanmoins deux problèmes :

1) Vu de l’extérieur, le métier de parlementaire ressemble à une profession fermée. Or cet aspect alimente le poujadisme et la défiance vis-à-vis du politique, qui n’en a nul besoin…

2) les décisions prises par une assemblée qui ne vous ressemble pas du tout vous convainquent difficilement. La démocratie représentative a besoin d’un effet miroir pour exister !

Par conséquent, je me permettrai de donner ce conseil aux hommes politiques : occupez-vous vraiment de cette question de diversité ! Si vous ne le faites pas pour des questions morales, faites-le, tout simplement, pour le bien de vos urnes !

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