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30/04/2008

Le Grenelle en pratique

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Cette semaine, le fameux "Grenelle de l'environnement" va entrer dans sa phase législative. Jean-Louis Borloo a rendu ses derniers arbitrages, puisqu'il présentait ce matin à la presse la loi d'orientation issue des concertations menées depuis l'automne dernier.

Un calendrier qui prend son temps Ce grand raout écolo-politique avait mobilisé experts et ONG en novembre dernier, soit six mois plus tôt, afin de définir une nouvelle et ambitieuse politique environnementale.
Pourtant, le texte n’arrive que maintenant, et comporte 47 articles (une nouvelle loi fleuve !). Il sera d’ailleurs suivi d’un autre texte avant l’été et d’un troisième à l’automne. Ceci peut paraître d’autant plus long que dans le fond bien des éléments sont purement exhortatoires.

TGV, bus et bâtiments Toutefois, trois ou quatre mesures phares peuvent être retenues.

  • D’ici 2020, l’Etat entend créer 2.000 km de lignes TGV supplémentaires, pour relier les capitales régionales. Mais ne serait il pas préférable de construire ces lignes aux endroits vraiment nécessaires ? Ce kilométrage symbolique et très désincarné m’inquiète un peu…
  • Autre ambition, multiplier par 6 en 15 ans les transports urbains hors Ile-de-France pour désenclaver les quartiers sensibles. Cette mesure sera sûrement coûteuse, mais, au moins très probablement utile…
  • Enfin, l’accent est également mis sur le bâtiment avec 4 articles dans ce texte pour réduire "d’au moins 38%" d’ici 2020 les consommations énergétiques du parc de logement existant. Cette dernière mesure me parait centrale, car le secteur du bâtiment "fournit" près du quart des émissions de gaz à effet de serre, et consomme plus de 40% de l’énergie finale consommée en France.

Les écueils évités Pour les détracteur du Grenelle, au vu de ces textes, la révolution écologique n’est pas pour demain. Certes, mais nous évitions tout au moins un certain nombre de stupidités pseudo-écologiques qui nous menaçaient. Car n’oublions pas qu’il y a beaucoup de choses incertaines sur ce terrain, et que les revirements sont parfois surprenants de rapidité – je pense aux biocarburants qui étaient gentils il y a un an et qui sont devenus méchants depuis…

L’opinion « verte » Ce Grenelle aura marqué les esprits par la vivacité de ses débats et la mobilisation générale. Il a trouvé un écho très large dans la sphère politique mais aussi dans l’opinion. Or l’opinion est l’enjeu crucial de cette bataille écologique, car elle seule peut engendrer le changement de comportement de chacun d’entre nous et permettra seule d’aller collectivement dans le bon sens. De ce point de vue, les annonces concernant les transports urbains et les économies d’énergie domestique, me paraissent très favorables !

Encourager les économies d’énergie L’Institut Montaigne a sorti il y a un an un rapport intitulé "Quelle politique de l'énergie pour l'UE", dans lequel nous suggérons « un programme citoyen d’encouragement aux économies d’énergie ». Ce rapport propose une batterie de mesures très concrètes. Pour vous donner un exemple pratique, nous proposons de rendre obligatoire, pour les bailleurs, l’installation ou le remplacement des portes et fenêtres des maisons et des appartements qu’ils mettent en location pour garantir une bonne isolation thermique. Le coût engendré par ces travaux est déjà en partie pris en charge par l’Etat sous forme de crédit d’impôt. Mais au-delà, cette isolation valoriserait forcément les locaux, à long terme, donc, la mesure bénéficie aussi bien aux propriétaires qu’aux locataires.

Cette mesure, simple, peut s’avérer étonnamment efficace, car la consommation d’énergie d’une maison peut varier du simple au triple en fonction de son isolation… L’enjeu, mesuré en tonnes de CO2, est tout simplement énorme !

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