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28/10/2015

Le bien-vieillir à l’épreuve de la ruralité

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Le bien-vieillir à l’épreuve de la ruralité
 Institut Montaigne
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Alors que le projet de loi d'adaptation de la société au vieillissement est examiné au Parlement, les premières assises de la gérontologie se sont penchées, mercredi 21 octobre 2015, sur la question : "Ruralité et vieillesse : la double peine ?". En effet, le milieu rural, où sont significativement plus présentes les personnes âgées, constitue un concentré des difficultés liées à la transition démographique ; et les initiatives locales qu'elles génèrent, un vivier d'idées à diffuser et à généraliser pour les politiques publiques.

Et si le vieillissement était porteur de croissance ?

En 2045, 31 % de la population française aura plus de 60 ans. En raison de l’accroissement de l’espérance de vie, de l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération des baby-boomers, et d’un taux de fécondité dynamique faisant figure d’exception au sein des pays développés, la France rentre progressivement dans une nouvelle phase démographique.

Cette transition n’est pas pour autant synonyme d’une crise à venir, mais bien plus d’une métamorphose de notre société, et peut être vue comme une source de croissance. Néanmoins, faire du bien-vieillir une chance ne réside pas uniquement dans l'évolution nécessaire de l'image négative dont souffre la vieillesse. Il est temps d’envisager le bien-vieillir comme source  d’opportunités multiples : pour les seniors, mais aussi pour notre société, son économie et ses territoires.

Vieillir en milieu rural : un amoncèlement de difficultés à résoudre

La vieillesse représente aujourd’hui un véritable enjeu pour l’aménagement territorial français. Malgré de relatives disparités entre les territoires, désertification médicale, isolement relationnel et précarité se concentrent plus particulièrement en milieu rural qu’en milieu urbain.

Alors que les plus de 60 ans constituent 27 % de la population en zone rurale, contre 21 % en zone urbaine, le taux de pauvreté moyen dans l’espace rural était de 13.7 % en 2006, contre 11.3 % dans l’espace urbain . Le maintien du lien social, d’une mobilité pérenne, ainsi que d’une offre médicale suffisante constituent les principaux défis à relever.

Faire du vieillissement en milieu rural un levier de développement social et économique

Au-delà de la seule politique de prise en charge, les personnes âgées représentent un capital humain substantiel, et ce plus particulièrement en milieu rural. Les idées échangées lors des premières assises de la gérontologie s’accordaient ainsi sur le même constat : les seniors, pour la plupart autonomes et actifs, contribuent fortement à stimuler la vie associative et rurale.

L’enjeu réside dans le renouvellement du pacte de solidarité : il s’agit de mieux intégrer les plus âgés à la vie locale, en favorisant les échanges intergénérationnels. Or, de nombreuses opérations spontanées éclosent de façon disparate dans ces territoires. Des systèmes de covoiturage, entre jeunes sans voiture et seniors à mobilité réduite, mais disposant d’un véhicule, ou encore des services à domicile, se développent, pour faire émerger une "Silver économie" collaborative. Une mise en réseau fine de ces nouvelles pratiques permettrait de les diffuser à l’ensemble du territoire français. Le numérique, loin de constituer une "fracture", pourrait ainsi constituer un atout déterminant.

Pour une déclinaison sociale des nouvelles technologies

L’écosystème fécond que constituent les objets connectés serait en mesure de répondre partiellement aux différentes difficultés qui se posent aux personnes âgées vivant en milieu rural. Internet, une fois maîtrisé, peut être envisagé comme un véritable outil de proximité.

La télémédecine, sans pour autant se substituer aux pratiques médicales actuelles, propose des solutions alternatives à l'inégalité d'accès au soin et aux contraintes engendrées par une mobilité réduite. Cela suppose néanmoins la détention d’un équipement et d’une maîtrise adéquats de ces nouvelles technologies. Autant de questions qui sont actuellement discutées au Parlement, non seulement dans le cadre du projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, mais aussi par la commission de l'aménagement du territoire du Sénat, à propos de l’aménagement numérique de nos territoires.

Vous pouvez aussi retrouver les propositions de l’Institut Montaigne en la matière dans son rapport publié en juillet 2015 :Faire du bien-vieillir un projet de société.


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