Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
18/12/2014

La France et le tourisme : un bilan en demi-teinte

Imprimer
PARTAGER
La France et le tourisme : un bilan en demi-teinte
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne



La France et Paris sont régulièrement cités parmi les toutes premières destinations touristiques mondiales. Toutefois, cette position est à relativiser dans la mesure où les recettes françaises tirées du tourisme sont très inférieures ? de près de 60 % ?  à celles des États-Unis, par exemple. L'Institut Montaigne plaide donc pour une politique du tourisme forte et une meilleure structuration des capacités d'accueil de la France.

Paris, symbole d’une France leader dans le domaine du tourisme ?

Le Conseil régional du tourisme (CRT) de Paris Ile-de-France a publié, lundi 15 décembre, un rapport sur l’état du tourisme dans la région parisienne et plus particulièrement à Paris. Entre juillet 2012 et juin 2013, comme le relèvent Les Echos, la capitale française a reçu moins de visiteurs que Londres. La progression de la capitale britannique s’explique en partie par l’organisation des Jeux Olympiques d’été cette année-là qui ont attiré 680 000 spectateurs d’après l’Office for National Statistics. Depuis, Paris est de nouveau en tête des villes accueillant le plus de touristes selon le CRT.

Le CRT de Paris Ile-de-France relève, dans son communiqué de presse, que la région Ile-de-France a accueilli, 47 millions de visiteurs français et internationaux entre juillet 2013 et juin 2014 qui ont engendré 184 millions de nuitées. Le taux de satisfaction de ces visiteurs s’élève, toujours selon le CRT, à 93 %. Le nombre de touristes français représente la part la plus importante des visiteurs avec un total de 27 360 000 visiteurs en Ile-de-France. Parmi les touristes étrangers, les Britanniques, les Américains et les Italiens sont les plus nombreux à se rendre à Paris.

Une position à nuancer

Ce bilan, s’il semble satisfaisant révèle des ambivalences. En effet, si l’Ile-de-France et la France se situent en bonne place en termes de destinations touristiques, cette situation n’est pas la même en ce qui concerne les recettes. Ainsi, dans une note intitulée Repères de l’activité touristique 2014, le CRT Paris Ile-de-France estime que la France est seulement le troisième pays en termes de recettes, derrière l’Espagne – deuxième – et les États-Unis. Un écart que relève le CRT : "La France, première destination en nombre de touristes accueillis, demeure troisième en matière de recettes touristiques avec 56,1 milliards de dollars, un montant inférieur de près de 60 % à celui enregistré par les États-Unis (139,6 milliards de dollars), premier pays de ce classement."

Par ailleurs, la place de Paris en tant que leader mondial du tourisme est à nuancer dans la mesure où les classements et les critères diffèrent, comme le relève Les Echos. Ainsi, le New Global Destination Cities Index publié en juillet 2014 et réalisé par Mastercard et qui mesure non plus le nombre de visiteurs mais les nuitées, place Paris en troisième position derrière Bangkok et Londres.

Quelles pistes pour avancer ?

Malgré son poids dans l’économie le tourisme n’a jamais fait l’objet d’un soutien politique fort. Dépendant le plus souvent d’un secrétariat d’État, rattaché à tel ou tel ministère au gré des gouvernements, il n’a jamais été érigé en priorité politique.

Dans son rapport de juin 2014, Rester le leader mondial du tourisme, un enjeu vital pour la France, l’Institut Montaigne considère qu’au moment où la compétition internationale se renforce, la France ne peut plus se reposer uniquement sur la richesse de son patrimoine et de ses espaces naturels attractifs. L’Institut appelle à une politique touristique claire et volontariste afin d’organiser les acteurs en une filière d’industrie de pointe. Cette promotion du tourisme passe par une véritable stratégie de marketing pour identifier les touristes potentiels et valoriser les territoires autour de quelques marques emblématiques comme Paris, French Riviera, French Alps & Mont Blanc, Bordeaux & the Wine regions, Normandy, Loire Valley, etc.

La France se doit également de développer et rénover ses infrastructures d’accueil, qu’il s’agisse des liaisons entre les centres villes et les aéroports ; de l’augmentation de la capacité hôtelière ; ou de la montée en gamme des hébergements.

Enfin, la qualité de l’accueil doit figurer parmi les priorités de la politique touristique. Cela passe par la simplification des procédures de douanes ; la garantie de la sécurité de touristes ; le renforcement des compétences linguistiques des professionnels du tourisme ; et bien sûr, l’ouverture des commerces le dimanche dans les zones touristiques. 

Pour financer toutes ces mesures, l’Institut Montaigne propose de mettre en place des visas électroniques, sur un modèle de type ESTA (Electronic System for Travel Authorization) et d’augmenter le prix ces derniers.

Par Ian Cugnière et Tim Glinert pour l’Institut Montaigne

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne