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29/12/2008

Jean-Claude Trichet à l'Institut Montaigne : Crise financière, crise économique, les causes et les remèdes

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

L’Institut Montaigne a reçu mardi dernier Jean-Claude Trichet, venu parler de la crise financière. Le Président de la BCE a généré une affluence record. Sa parole est demeurée très contrôlée mais riche d’explications.

Un public concerné et nombreux Presque mille personnes se sont pressées à la conférence que nous avions organisée, préférant entendre Jean-Claude Trichet parler de régulation monétaire et bancaire plutôt que de faire leurs courses de Noël. S’il est resté dans un discours plutôt technique (vous connaissez la hantise de la gaffe du banquier central…), il nous a tout de même livré de nombreux éléments d’explication.

Deux causes majeures Sur les CAUSES de la crise, J.-C. Trichet en a évoqué deux qui méritent réflexion.
1) Il constate tout d’abord que les coûts du risque sont largement sous-estimés par tous les opérateurs depuis quelques années. Il attribue cela à l’afflux d’épargne qui s’est accumulé chez les pays producteurs de pétrole suite à la hausse du prix du brut. La conséquence immédiate en a été, je le cite, « beaucoup de capital qui cherchait désespérément à s’investir, ce n’est pas sain. » « La norme, dit Trichet, ce sont les investissements qui cherchent désespérément du capital ».
2) Deuxième explication : « on a manqué d’amortisseurs », selon J.-C. Trichet. Dans ce contexte, il a évoqué, sans les nommer, les distributions de super-dividendes, les rachats d’action, et toute cette mécanique qui contribuait à faire en sorte que l’entreprise, depuis 10 ans, restituait les capitaux au marché dès qu’elle le pouvait, jusqu’à ce qu’elle ne le puisse plus le faire. Le Président de la BCE a clairement épinglé la culture un peu cigale et de court terme des marchés d’equity, des marchés d’actions.

Les deux principaux remèdes Pour ce qui est des remèdes, le Président de la BCE a évoqué des changements réglementaires techniques. Il a esquissé deux idées fortes pour solutionner la crise :

- D’abord, en matière de baisse des taux, il a insisté sur le fait que ce qui avait déjà été fait par la BCE allait produire ses effets avec le temps. A son sens, les agents économiques n’ont pas encore bien pris la mesure du changement d’environnement. Il a également beaucoup insisté sur les effets très bénéfiques de la chute du prix du pétrole pour les ménages.
- Le deuxième point, plus sensible, concerne la question des déficits. Faut-il les laisser filer sous prétexte que la crise actuelle le justifie, comme le suggérait le chief economist du FMI en début de semaine dans Le Monde ? Chacun s’attendait à une réponse très fermée de cet orthodoxe qu’est Trichet, mais en réalité, il s’est montré beaucoup plus accommodant. Il est entièrement d’accord pour que les Etats de l’Eurozone utilisent les possibilités que donne le pacte de stabilité dans ces circonstances exceptionnelles. Toutefois, il a rappelé que tous les Etats n’ont pas les mêmes marges de manœuvre, certains peuvent dépenser plus sans danger, d’autres non. Sur la carte du tendre européen, la France ne fait pas partie des pays qui ont des marges de manœuvre, ou alors, très petites…

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