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05/12/2008

Isolation et casse : la relance oscille entre le bon et le moins bon

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Le plan de relance annoncé par le Président de la République, avec en particulier une prime à la casse qui fait déjà polémique, ont fait, cette semaine, la « une » de tous les journaux. Et pour cause !

Développement durable, écologique et social Ce plan contient de vrais bons éléments : l’accélération des remboursements de la TVA ou encore la réduction des délais de paiement de l'administration, ou, mieux encore, le programme de rénovation des HLM qui préconise une remise à niveau énergétique. Cette dernière mesure est profitable à tous, car, c’est du développement durable, bien sûr, mais c’est aussi un investissement social : la facture d’électricité des ménages modestes va s’en trouver allégée, et des emplois vont ainsi être créés dans le BTP. Or, n’oublions pas que c’est l’activité de rénovation qui, par euro de chiffre d’affaires, emploie le plus de main d’œuvre.

Prime à la casse : antisociale et anti économique En revanche, l’idée de « ressortir du placard » la bonne prime à la casse pour les voitures, est navrante. Ni la jupette ni la baladurette, n’auront servi à tirer les leçons des erreurs du passé. Car, cette fois-ci, il s’agit d’un non-sens économique et social :
1. La prime à la casse crée avant tout un effet d’aubaine. L’immense majorité des gens qui vont en profiter aurait de toute façon acheté une voiture. Il s’agit par conséquent d’un cadeau inutile.
2. Elle engendrera nécessairement aussi un effet de substitution important. Autrement dit, ceux qui vont acheter une voiture parce qu’ils seront alléchés par la prime, achèteront moins d’aspirateurs ou de canapés en cuir. Quel est l’intérêt de pousser les consommateurs à dépenser leurs deniers dans une concession Citroën, Toyota, Hyundai, ou autres, plutôt que chez Darty ou Conforama ?
3. Dernier point : les gens qui vont choisir de profiter de la prime, ont, par définition, les moyens d’en acheter une neuve. Mais qu’advient-ils des petites gens qui ne peuvent se permettre d’investir que dans une voiture d’occasion ? Pour eux, la situation va devenir plus difficile encore, puisque si l’on donne une valeur minimale de 1000 euros à n’importe quelle épave, il deviendra impossible de trouver des voitures bon marché.

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