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15/09/2008

Impôt pique-nique : une idée jetable !

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants


Grâce au JDD, on sait depuis ce week-end que les verres en plastique vont désormais être taxés. J’ai l’impression depuis quelques mois que tous les matins, un nouvel impôt éclot !

Lourde fiscalité
Pour commencer, rappelons (s’il en est besoin !) que les impôts ne manquent pas en France et c’est là un doux euphémisme quand on sait que nous sommes parmi les pays qui en ont le plus en nombre, et aussi un de ceux qui ont la plus importante pression fiscale au total. Il n’est bien évidemment pas question de nier la nécessité de l’impôt en général. Mais créer un impôt supplémentaire dans un pays déjà très fiscalisé ne paraît pas vraiment urgent.

L’injuste impôt de plus ?
D’autant que cet impôt est tout de même carabiné ! On le surnomme déjà l’impôt-pique-nique, ce qui est révélateur : en clair, il va tomber sur les braves gens qui déjeunent dehors en famille, plus souvent des petites gens que des possédants, on peut le dire sans risque de se tromper… Et il en va de même pour les rasoirs jetables, par exemple. Encore une fois, le 7e arrondissement de Paris surfe sur une espèce de mode chic et se donne bonne conscience en enquiquinant les moins favorisés, ce qui frise le comble du mauvais goût.

Des solutions envisageables
Si l’impôt, en général, est un outil formidable pour inciter les gens à modifier leur comportement, et si le développement durable, est une cause noble, il y a quand même deux questions à se poser avant de créer cet impôt :

1/ Est-ce qu’il faut vraiment inciter les gens à ne pas utiliser des verres en plastique ? S’ils n’ utilisent pas ces verres là, ils utiliseront nécessairement des vrais verres. Il faudra alors faire la vaisselle, ce qui consomme de l’eau et pollue. Pourquoi un écobilan comparatif n’est il pas mené au préalable ?

2/ Même si l’on considère qu’il faut ralentir ou arrêter la consommation des verres en plastique, est-ce que l’impôt est pour autant l’outil adéquat pour flécher les bons comportements ? Voilà, par exemple, ce que l’on pourrait imaginer :

- Sensibiliser les enfants à l’école (et là, si j’en juge par tout ce que mes enfants apprennent à ce sujet, pas de souci, j’en suis même à me demander s’il reste du temps pour les maths et le français…)

- Travailler avec les producteurs et leur donner un calendrier d’amélioration à l’image du bras de fer qui s’est joué avec succès en coulisse pour que les fabricants réduisent la consommation des appareils électro-ménagers

- Ou pourquoi pas, tout simplement, changer la loi (à l’instar de certains pays ou de certains Etats américains sur la fin programmée des ampoules à incandescence, ou comme ce que nous avons fait au niveau mondial sur les CFC (chlorofluorocarbure) au nom de la couche d’ozone, ce qui a parfaitement fonctionné !

Je ne sais pas s’il faut bloquer la consommation de verres en plastique et de rasoirs jetables, mais je suis sûr et certain que la dernière chose dont ce pays a besoin c’est un impôt de plus qui se drape dans un prétexte écologique !

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