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02/12/2008

Grèves : c’est plutôt l’hôpital qu’il faut soigner

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants


L’association des médecins urgentistes de France appelle depuis hier à une grève reconductible et illimitée. Inquiétant…

Panique et colère injustifiées Tout d’abord, les patients ne devraient pas paniquer puisque les grévistes ne sont pas nombreux, et l’Etat peut même les réquisitionner. Pour autant, leur colère mérite d’être entendue. Le motif de l’exaspération des urgentistes est le nombre de fermetures. On peut s’en étonner lorsque l’on sait que le nombre de services d'urgences est passé de 655 à… 657, entre 2005 et 2007. Ils réclament aussi plus de moyens, mais, en cinq ans, les services d'urgences ont reçu 500 millions d'euros supplémentaires, le nombre de lits a grimpé de 7200 unités et on a créé 5200 postes. Pour autant, inutile de le nier, l’hôpital public est en crise : de moyens, d’organisation (de plus en plus kafkaïenne) et de représentation collective. Car plus personne ne perçoit l’hôpital comme avant.

Une avancée pour les malades Par ailleurs, les urgentistes contestent le projet de loi "Hôpital" que le Parlement doit examiner en 2009, et qui causerait, selon eux, une "destruction de l’hôpital". Mais ce projet de loi renferme de vraies bonnes idées : des "regroupements" d'hôpitaux, de la "coopération" du public avec les cliniques privées, une meilleure gouvernance… Ces restructurations effraient certains médecins qui craignent une perte de pouvoir. Pourtant, favoriser une médecine de qualité sur tout un territoire paraît être un noble dessein.

Des voies à explorer D’ailleurs, sur certains points, le projet de loi pourrait aller encore plus loin.
- Ainsi, par exemple, la nouvelle gouvernance associe encore les élus locaux aux décisions, ce qui ne paraît pas indiqué. Car les élus, même s’ils savent que leur hôpital est mauvais au point qu’ils ne s’y feraient soigner pour rien au monde, se battent malgré tout bec et ongles pour le défendre…
- Deuxième amélioration possible : les hôpitaux publics en déficit (ils sont nombreux) pourraient se transformer en hôpitaux privés à but non-lucratif (HPNL). Cette catégorie d’hôpital est très peu connue du public. Pourtant, à côté de l’hôpital public et de la clinique privée, il existe une troisième voie. Ces HPNL sont souvent très performants et très solidaires, parce qu’ils sont bien gérés, avec un conseil d’administration efficace, de vraies chaines de commandement, une gestion du personnel plus souple etc.

La réforme qui nous est proposée n’est qu’un début. Et, à moins de convaincre le personnel du bien-fondé de ces réformes pour tous, il ne serait pas étonnant de voir ces grèves se multiplier à l’avenir.

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