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21/11/2008

Grandes écoles recrutent géniaux banlieusards

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Valérie Pécresse est allée cette semaine dans un lycée de la banlieue parisienne, afin de soutenir symboliquement les expériences initiées ça et là pour aider des jeunes issus de milieux modestes à accéder, eux aussi, à une grande école.

Une mixité en recul L’enjeu est de taille pour notre pays. Nos grandes écoles, même si l’on reconnaît volontiers leurs qualités, ont pour principal défaut de recruter de manière toujours plus homogène. Ainsi, si vous prenez les meilleures grandes écoles d’ingénieur, du type Polytechnique, sachez qu’il y a 50 ans, un peu plus de 20% des élèves admis avaient des parents d’origine modeste. Aujourd’hui, ils ne sont qu’environ 10%....

La peur de réussir Si les conditions matérielles dans lesquelles les élèves travaillent, leur environnement familial, joue un rôle indéniable, ces proportions injustes s’expliquent aussi par un énorme manque d’information, voire une certaine autocensure. L’Institut Montaigne a publié, il y a deux ans, un rapport qui met en lumière ce manque d’information concernant les possibilités de rejoindre une grande école et ce manque de confiance en soi.

Encourager davantage Nous avons la responsabilité d’essayer de changer cette situation, en convainquant les jeunes de la possibilité de rejoindre ces grandes écoles, et en les préparant aux concours. Voici précisément le type d’initiatives que Valérie Pécresse et Fadela Amara sont venues saluer dans la banlieue parisienne.

Petite histoire de réussites Vous connaissez tous la démarche de Sciences-Po avec sa filière réservée aux jeunes gens brillants qui viennent des "quartiers"… Mais, en réalité, c’est l’ESSEC qui a lancé la première expérience de ce type. A l’époque il s’agissait seulement de coacher des élèves pour les aider à passer le même concours que les autres. La démarche était bonne, mais les résultats trop lents. Sciences-Po a introduit l’idée d’un concours spécialement destiné à des jeunes à fort potentiel qui sont repérés et sélectionnés au niveau des lycées, puis poussés à être encore plus performants avec un soutien spécifique.

Un modeste témoignage J’ai eu la chance de vivre cette expérience de l’intérieur puisque le proviseur du lycée Jacques Feyder, que visitaient hier Valérie Pécresse et Fadela Amara, m’avait intégré à un des jurys qui pré-sélectionnent ces jeunes potentiels. Et, dans ce cadre, j’ai croisé des jeunes formidables, avec des raisonnements très justes, qui ont une forme d’érudition mais qui manquent de méthode scolaire pure et de cette culture classique requise dans les concours habituels. Et lorsque l’on voit l’un d’entre eux entrer à Sciences-Po, voilà qui réconcilie avec l’idéal Républicain…

Ces expériences méritent donc d’être soutenues et multipliées, car la méritocratie n’est autre que le centre de la promesse républicaine, mais aussi parce que l’économie française a besoin des ces intelligences. Nous vivons dans un pays de plus de 60 millions d’habitants qui recrute ses élites dans des milieux qui représentent à peu près 10 % de la population. Quel gâchis de matière grise !

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