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30/09/2015

Faut-il (encore) réformer l'université ?

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Faut-il (encore) réformer l'université ?
 Institut Montaigne
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Tribune de Jean-Marc Schlenker, universitaire et mathématicien, auteur pour l'Institut Montaigne du rapport Université : pour une nouvelle ambition, parue dans l'Expansion, octobre 2015.


Chaque année, les classements internationaux, celui de Shanghai en tête, nous rappellent que l'attractivité de nos universités et de nos grandes écoles est encore loin d'être à la hauteur de notre rang dans la compétition économique mondiale. Handicapé par plusieurs spécificités héritées de son histoire, l'enseignement supérieur français pâtit d'un système divisé : scissions entre enseignement supérieur et organismes de recherche, entre universités et grandes écoles, mais également entre disciplines. Une réalité aussi coûteuse que dommageable.

Après quinze années de réformes continues, il s’agit désormais d’aller au bout de la logique d’autonomie introduite par la loi LRU que Valérie Pécresse a fait voter en 2007, et ce avant d’envisager toute nouvelle réforme. En effet, si les universités doivent évoluer sur de nombreux plans, cela ne peut plus se faire au moyen d’une décision centralisée s'appliquant uniformément à chacune. En encourageant davantage les expérimentations concernant les modes de gouvernance des universités, l’État pourrait offrir une plus grande autonomie aux établissements et leur permettre ainsi de se doter d’une gouvernance à la hauteur de leurs ambitions.

Établir des filières plus sélectives pour en finir avec l'échec massif

Par ailleurs, afin de permettre à tous nos étudiants de réussir – et mettre fin à un système d’enseignement parmi les plus inégalitaires au monde –, d’autres barrières devront être levées. Ainsi, la possibilité de mettre en place des filières plus sélectives, par l’instauration de prérequis – couplée à un renforcement de l’orientation et de l’accompagnement des étudiants tout au long du premier cycle –, permettrait de donner jour à un système plus adapté aux besoins de chacun. Si les études supérieures doivent rester accessibles à tous les bacheliers, chacun doit pouvoir y trouver une formation en adéquation avec ses propres ambitions. Depuis trop longtemps, la peur de l’opposition que susciterait l’introduction d’une sélection à l’université l’a emportée sur l’indignation que devrait provoquer les centaines de milliers d’étudiants qui, chaque année, y échouent.

Les pistes que l’État pourrait suivre pour encourager et accompagner la transformation de notre système universitaire ne s’arrêtent pas là, mais toute rénovation pertinente et efficace ne pourra se faire sans avoir au préalable placé la poursuite de l’excellence et de la réussite de tous au cœur de son action.

Sans de réelles avancées et une évaluation fine des écueils actuels, l’université française demeurera à l’écart de l’évolution des autres systèmes académiques internationaux, en dépit du potentiel réel des chercheurs et des enseignants qui la compose.

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