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30/03/2012

Économie numérique et compétitivité, un potentiel négligé ?

Économie numérique et compétitivité, un potentiel négligé ?

L’impact socio-économique du numérique est de plus en plus important en France. Curieusement, cette thématique tient une place relativement modeste (voire inexistante) dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle. Pourtant, le numérique est susceptible de renforcer considérablement la compétitivité de notre pays, notamment dans l’industrie.

Une prise de conscience insuffisante
Comme l’a rappelé le rapport de l’Institut Montaigne (Le défi numérique – Comment renforcer la compétitivité de la France), publié en mai 2011, la filière Internet représentait 3,7 % du PIB français en 2010 et aurait contribué à un quart de sa croissance.
Néanmoins, la prise de conscience par la classe dirigeante française des enjeux du numérique reste insuffisante. Bien qu’il contribue à renforcer la compétitivité de notre économie, le numérique est encore trop souvent considéré comme une source de coûts. Or, faute d’un effort rapide et conséquent dans le domaine numérique, la France risque donc de perdre son rang de puissance économique.

Source : http://www.coe-rexecode.fr/public/Analyses-et-previsions/Documents-de-travail/L-economie-numerique-et-la-croissance

1. L’ouverture de l’industrie française au numérique
Il est temps de mettre l’ensemble des entreprises françaises sur un pied d’égalité dans l’accès aux ressources numériques afin de faire progresser la compétitivité globale de la France. Le numérique a déjà profondément bouleversé les bases de l’économie, entraînant à la fois des changements dans la structure des entreprises, la concurrence et les relations entre les organisations. En effet, les ressources numériques offrent aux entreprises d’intéressantes perspectives de développement (rapidité accrue, économies réalisées sur les coûts de communication, etc.). Elles permettent également une ouverture nouvelle vers les clients, les fournisseurs et autres parties prenantes.

Un "Small Business Act numérique" pour les PME-TPE
Il semble dès lors vital d’offrir un support numérique aux entreprises de petite taille afin de renforcer la compétitivité à tous les niveaux de l’industrie. Cette thématique a d’ailleurs été développée dans le rapport de l’Institut Montaigne. Il propose notamment la mise en place d’un "Small Business Act numérique", afin de mettre des ressources partagées à la disposition des PME et des TPE. Ces dernières, de par leur taille, ne bénéficient pas nécessairement d’un accès aux mêmes ressources que les entreprises de taille plus importante. Cette idée fait son chemin. Le 6 décembre dernier, Eric Besson, ministre chargé de l’Economie numérique, l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI) et un certain nombre d’entreprises (Microsoft, Intel Corporation France, Pages Jaunes, etc.) ont signé une déclaration de partenariat pour une opération intitulée "Transition numérique en faveur des TPE/PME" qui va dans le bon sens.

2. Le développement de l’industrie numérique
Le développement de l’industrie numérique elle-même est fortement lié à la recherche et à la formation. Gilles Babinet, président du Conseil national du numérique, indique que deux facteurs "semblent (…) déterminants dans l’émergence de nations à forte intensité numérique" [1]:

  • l’existence d’universités d’excellence ;
  • le financement de l’innovation (sous forme de fonds de capital risque et "Business angels").

La France dispose pour cela de nombreux atouts, comme un marché porteur et une infrastructure numérique de qualité. De plus, une formation d’ingénieurs de haut niveau et de solides acquis scientifiques viennent compléter les points forts de notre pays.
Néanmoins, des efforts restent à faire. Aucune école ou université ne figure – pour le numérique – dans le classement de Shanghai, et la France ne compte aucun centre de recherche de dimension internationale qui considère l’ensemble des dimensions du numérique. Aux Etats-Unis, par exemple, des universités telles que le MIT ou Stanford ont un impact considérable sur l’économie. Si la France veut asseoir sa position de puissance numérique, elle doit aussi développer des pôles d’excellence, en collaboration avec le monde de l’entreprise.
De plus, l’économie numérique, pour être forte, doit avoir accès à des sources de financement. Les exemples étrangers, comme les Business angels aux Etats-Unis, illustrent l’importance des investissements et des fonds de capital risque dans le développement de l’économie et de l’industrie numériques.

Le programme "Investissements d’Avenir"
Les décideurs politiques commencent peu à peu à prendre conscience de l’importance du numérique dans les domaines économique et industriel. Le gouvernement a mis en place un programme "Investissements d’Avenir" doté de 35 milliards d’euros, dont 22 milliards dédiés à la recherche et à l’enseignement supérieur. L’action des "Instituts de recherche technologique (IRT)" a pour objectif de promouvoir des modalités de coopération plus efficientes entre la recherche académique et les industriels, afin de transformer l’excellence académique en potentiel de croissance. Deux nouveaux "Instituts de recherche technologique" du secteur numérique ont été sélectionnés dans le cadre de ce programme. Ils recevront à ce titre des dotations de 467 millions d’euros au total.

La France dispose de nombreux atouts pour s’élever au rang de puissance numérique de premier plan. La classe dirigeante française (pouvoirs politiques et grandes entreprises) doivent jouer un rôle moteur dans le développement de l’industrie et de l’économie numériques, afin de faire de chacun d’entre nous un acteur à part entière du numérique en France.

Notes

[1] Gilles Babinet, "Le numérique, une chance pour la France", tribune parue dans Le Monde, 22 décembre 2011.

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