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11/06/2008

Cure d'amaigrissement pour des services de l'Etat

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Nicolas Sarkozy présidait ce mercredi le 3ème Conseil de modernisation des politiques publiques, le « CMPP », avec au menu, cette fois-ci, une sévère cure d'amaigrissement pour un certain nombre de services de l’Etat, en régions et à l’étranger.

La carte des allègements Tout d’abord, l'organisation locale de l'Etat va être totalement revue : le nombre de directions régionales va être ramené de 30 à 8, et les directions départementales vont quant à elles passer de 10 à 4 ou 5 selon les départements. En fait, à l’avenir, l'organisation de l'Etat reposera sur 3 directions départementales (les "DD") : la DD de la protection des populations, la DD de la cohésion sociale, et la DD du territoire. Ces trois directions regrouperont l'ensemble des nombreux services qui coexistent aujourd’hui.

Une évolution logique et attendue Cette rationalisation de l'appareil de l'Etat constitue une excellente nouvelle, logique, et attendue de longue date. En effet, malgré les lois successives sur la décentralisation, les structures administratives déconcentrées émanant de l’Etat central ont survécu au besoin qui les avait fait naître. Elles ont même eu tendance à se multiplier, ce qui n’a aucun sens puisque de nombreuses missions ont été transférées, justement, aux départements et aux régions…

Plus léger à l’étranger Dans ce CMPP il est également question de la présence de l’Etat à l’étranger. En effet, notre dispositif de représentation diplomatique va à son tour passer à la moulinette. Là encore, l’idée est de pur bon sens, puisqu’il s’agit de redéfinir le format des quelques 150 ambassades françaises dans le monde – un chiffre énorme, puisque ces 150 ambassades forment le deuxième réseau diplomatique après celui des Etats-Unis, ce qui n’est pas forcément une nécessité….

La nouvelle allure des ambassades D'ici à 3 ans, il n’y aura plus que 30 ambassades qui conserveront leur format actuel et des services totalement polyvalents. Deux tiers de nos postes à l’étranger devront se réorganiser pour se concentrer sur des missions prioritaires et 20 % ne seront plus chargées que d'assurer une "présence diplomatique" de la France, avec des effectifs très réduits. Ceci constitue un grand changement pour le Quai d’Orsay !

Une sage orientation Ces décisions de suppression et de rationalisation vont dans le bon sens, car la France n’a ni les moyens ni l’utilité de ces innombrables postes diplomatiques, de ces antennes régionales et départementales dont la raison d’être s’est évaporée. Ces réorganisations permettent d'améliorer l'efficacité de l'Etat, de l'agiliser - pour reprendre les termes du rapport Camdessus, mais aussi de soulager nos finances publiques qui en ont bien besoin. Cela dit, je voudrais souligner à ce titre qu’on attend de cette rationalisation 7 à 8 milliards d'euros d'économie brut par an, et seulement à l'horizon de 2012, alors que le déficit public pèse près de 50 milliards d'euros par an. Il reste donc du chemin à parcourir !

L’après RGPP Je voudrais saluer le travail effectué dans le cadre de la RGPP, car il s’agit ici de quelque chose de vraiment nouveau, de positif, et j’espère que l’on tirera, sur la base des audits réalisés, toutes les leçons nécessaires. D’ailleurs, pour prolonger cet effort, à l'Institut Montaigne, nous avons l'intention de lancer une étude post-RGPP qui consisterait à recenser l'ensemble des structures et services administratifs qui sont passés entre les mailles du filet et dont la taille et/ou l'existence n'est pas justifiée. En clair, il s'agit pour nous de faire pour toute l'administration dans sa globalité, ce que l'on avait déjà fait dans un domaine en particulier : l'agriculture.

Faire mieux avec moins cher En effet, dans un de nos précédents rapports, nous avions recensé quelques 370 structures administratives présentes dans le domaine agricole, structures que nous proposions d'auditer afin de s'assurer de leur nécessité - l'idée étant bien sûr de réduire la « technostructure agricole » pour faire mieux avec moins cher. Il faut désormais généraliser cette démarche ! Chaque fois, ce sont quelques centaines de milliers d’euros, ou quelques millions, certains diront qu’il s'agit de broutilles, mais additionnées les unes aux autres, des économies de cet ordre sont loin d'être négligeables…

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