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05/06/2012

"Compétitivité : Faut-il imiter les allemands ?" Par Denis Ferrand

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Dans sa contribution à Reformer par temps de crise, Denis Ferrand, directeur général de Coe-Rexecode, fait le constat d’une forte perte de compétitivité de l’économie française depuis dix ans. Tout en clarifiant les causes conjoncturelles et structurelles de ce handicap, il met en perspective les défaillances françaises eu égard à l’exemple allemand dans un contexte de forte intégration européenne. La comparaison franco-allemande doit être à la fois un miroir et un facteur explicatif pour comprendre l’état de l’économie française. Cette contribution formule un ensemble de propositions pour retrouver croissance et compétitivité.

Le constat d’une forte perte de compétitivité…

"La chute de la compétitivité française à l’exportation est l’évolution la plus marquante des années 2000 pour notre économie". Le creusement du déficit du solde des échanges extérieurs remonte au début des années 1980 mais s’est amplifié récemment sous l’effet conjugué d’une spécialisation régressive de l’économie française et du niveau de l’euro. Le handicap français s’explique également par le fonctionnement de l’ensemble du système productif : coût du travail, rigidité du marché du travail, etc.

…au miroir de l’exemple allemand

La base industrielle française s’est contractée au regard de l’Allemagne : la valeur ajoutée générée par l’industrie française représentait 55 % de celle générée par l’industrie allemande en 2000, cette proportion est tombée à 40 % en 2011.
Ce "décrochage franco-allemand" et la baisse de compétitivité française renvoient d’une part à l’évolution du coût du travail : inférieur de 15 % il y a dix ans, le coût salarial horaire dans l’industrie française est aujourd’hui supérieur de 2 % à celui constaté en Allemagne. D’autre part, des facteurs structurels jouent : il s’agit des différences ancrées de culture industrielle : force des entreprises intermédiaires en Allemagne, plus grande proximité entre recherche, éducation et industrie, forme et efficacité des relations sociales outre-Rhin.
Des divergences politiques peuvent permettre de comprendre ce processus : pendant que l’Allemagne mettait en place une stratégie de compétitivité méthodique et concertée (modération salariale, réformes du marché du travail, maîtrise des déficits publics, investissements en recherche), la France imposait une forte réduction de la durée du travail engendrant une hausse des coûts horaires et une forte baisse du temps travaillé sans que cela ne se traduise par une augmentation réelle de l’emploi.

Les chemins de la compétitivité retrouvée

Pour enrayer le cercle vicieux de la perte de compétitivité, Denis Ferrand défend l’idée qu’il est nécessaire de "mettre en place des actions combinées de longue haleine pénétrantes et maintenues avec un choc de court terme".
Sur le long-terme, les réponses s’appuient sur la formation, la recherche et l’innovation dans la veine par exemple des pôles de compétitivité lancés en 2004.
A cout terme, il faudrait "mettre en place une mesure de recalage des coûts pour mettre un coup d’arrêt à la désindustrialisation et permettre aux mesures structurelles de produire leurs effets" : le basculement d’une partie des charges sociales pesant sur le travail vers la fiscalité est une issue à privilégier. L’auteur propose un transfert complet du financement de la santé et de la famille (soit 55 milliards d’euros) sur la TVA et la CSG afin de provoquer le choc de compétitivité attendu.
Enfin, Denis Ferrand invite à une approche renouvelée de notre "capacité à travailler ensemble", de manière à adapter le marché du travail à la contrainte de compétitivité. Il faut, pour ce faire, des compromis gagnants-gagnant entre partenaire sociaux en réinscrivant notamment la durée du travail dans le champ du dialogue social pour élargir ce dernier au triptyque "salaire - durée de travail - emploi".

- Lire l'intégralité du chapitre "Compétitivité : faut-il imiter les Allemands ?" Par Denis Ferrand

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