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08/02/2016

Attractivité des talents étrangers : la France distancée !

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Attractivité des talents étrangers : la France distancée !
 Institut Montaigne
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La France continue à très bien exporter ses jeunes diplômés mais peine à séduire les talents du monde entier. Notre pays dispose pourtant de solides atouts pour les attirer.

La France, 1ère destination touristique au monde n'est pourtant que 22ème à l’Index Mondial sur la Compétitivité et les Talents (GTCI), que l’INSEAD, le groupe Adecco et le Human Capital Leadership Institut ont rendu public le 19 janvier dernier.

Pour construire cet indice, les auteurs ont compilé de nombreux critères, du mode de management des entreprises à l’enseignement supérieur en passant par la fiscalité. Le classement est dominé par les pays suivants.

1 – Suisse
2 – Singapour
3 – Luxembourg
4 – États-Unis
5 – Danemark
6 – Suède
7 – Royaume-Uni
8 – Norvège
9 – Canada
10 – Finlande
 
Pour la France, l’index identifie plusieurs atouts :

  • les compétences professionnelles de sa population (12ème place sur 109 pays.) ;
  • la formation des employés (14ème place) ;
  • le style de vie (14ème place).


Mais aussi des faiblesses :

  • la flexibilité du marché du travail et la gouvernance d’entreprise (98ème place) ;
  • l’utilisation des réseaux sociaux et la responsabilisation des employés (38ème place) ;
  • le cadre juridique et les relations entre les entreprises et les pouvoirs publics (31ème place).


Si la qualité de l’enseignement supérieur et la qualité de vie sont parmi les principaux atouts de notre pays, la complexité et les blocages du marché du travail ainsi que la tradition conflictuelle du dialogue social semblent rebuter de nombreux prétendants.

Une compétition mondiale

Depuis plusieurs décennies, les grands pays développés sont engagés dans une véritable compétition pour attirer les travailleurs les plus qualifiés. Elle a pour but de combler leurs déficits de compétence ainsi que de soutenir la compétitivité et l’innovation de leurs entreprises.

Comme l’Index mondial le rappelle, un nombre important de grands dirigeants d’entreprise sont nés dans un pays autre que celui dans lequel il travaille. Cette étude souligne aussi l’importance des pratiques managériales et du cadre professionnel dans la capacité à attirer les talents. C’est notamment ce qui explique la bonne position des pays nordiques, eux qui accordent depuis longtemps une grande attention à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.

Quelles pistes pour que la France séduise ?

Afin d’améliorer ses performances relativement médiocres en la matière, la France a mis en place depuis plusieurs années des mesures visant à attirer des talents. En 2006, le gouvernement a facilité l’entrée sur son sol des salariés étrangers ayant des qualifications élevées et une expérience professionnelle développées. Cette stratégie a été confirmée dans le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi du 6 novembre 2012, qui prévoit dans sa décision n°17 de "développer une stratégie d’attractivité visant notamment à attirer les talents internationaux".

Actuellement en deuxième lecture au Sénat, le projet de loi relatif aux droits des étrangers en France prévoit la création d’un "passeport talents", ayant la valeur d’un titre de séjour unique valable 4 ans pour les travailleurs à haut niveau de qualification. Annoncé depuis 2012, une telle mesure a vocation à regrouper les multiples dispositifs actuellement en cours. De même, un centre de ressources unique devrait être créé afin de simplifier les relations entre les détenteurs de ce passeport et les administrations françaises.

Empêcher les départs ou favoriser les retours ?

La France devrait se réjouir de la très forte demande des pays étrangers pour les jeunes diplômés français. Bruno Lanvin, le directeur général pour les Indices mondiaux à l’INSEAD, explique à ce sujet que "la mobilité internationale temporaire de travailleurs hautement qualifiés" est un atout pour les pays d’origine qui "doivent comprendre que cela se traduit par un gain net lorsque (les travailleurs) rentrent chez eux".

La cohérence consiste en effet à essayer d’attirer des talents étrangers tout en acceptant le départ des talents français. Le rapport de l’Institut Montaigne Gone for good ? Partis pour de bons ? Les expatriés de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis, s’intéresse au cas précis des jeunes Français titulaires d’un doctorat et partis enseigner en Amérique du Nord. Sur la base de ces observations, ce travail montre que les critères d’attractivité de la France ne s’appliquent pas uniquement aux travailleurs qualifiés étrangers mais aussi aux expatriés français hésitant à revenir. Augmenter l’attractivité de notre pays permettra donc aussi de réduire le nombre de Français qui coupent complètement les ponts avec l’Hexagone.

Pour s’assurer le concours des salariés les plus qualifiés du monde et pour réussir la transition d’une économie industrielle ou post-industrielle vers une économie du savoir, la France devra parvenir à conserver sur son sol une partie des étudiants étrangers qui viennent étudier dans ses grandes écoles et universités. Elle devra aussi inciter les meilleurs étudiants français à revenir, à terme, faire profiter les entreprises implantées en France de leur expérience.

Voir aussi l’interview de Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, le 13 mars 2014 sur BFM Business

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