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27/06/2008

Aide à l'emploi : étonnants résultats

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 Institut Montaigne
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Ce vendredi, le ministère de l’emploi a rendu publics les résultats de l’expérimentation menée par l’ANPE et l’assurance chômage depuis 2007 sur le retour à l’emploi des chômeurs. Des résultats qui peuvent surprendre....

Une moindre efficacité Effectivement, entre privé et public, le plus performant n’est apparemment pas celui que l’on croit. Dans cette étude, 17 opérateurs privés étaient chargés par l’Unedic de suivre 41 000 demandeurs d’emploi. Ils ont été testés par rapport au parcours dit « classique », et l’efficacité des cabinets privés s’avère plutôt moindre que celle du service public.

Solution en péril ? Cette étude risque d’avoir des conséquences sur la politique du gouvernement en matière de suivi des chômeurs, alors même que la fusion ANPE-Unedic est entérinée. Le gouvernement s’apprêtait justement à étendre le champ d’intervention des opérateurs privés, en élargissant de 41 000 à 100 000 le nombre de demandeurs d’emploi suivis par leurs soins. Dans ces conditions, l’on comprend que ce soit plus difficile à vendre…

Mise en perspective Cependant, il faut bien prendre le temps de regarder cette étude. Qu’attendons-nous du privé ? Si ce sont des prestations bon marché, alors clairement, le secteur public est le mieux placé : un demandeur d’emploi en suivi renforcé coûte 1 300 euros à l’ANPE contre 4 000 euros en moyenne lorsqu’il est pris en charge par un opérateur privé. Maintenant, si on regarde l’efficacité, ça paraît plus complexe. D’abord parce que je crois comprendre que l’on a confié au privé des cas assez lourds. Par ailleurs la concurrence entre service public et cabinets privés n’est pas bien organisée – par exemple, il semble que des demandeurs d’emploi qui bénéficiaient de l’appui d’un cabinet privé se sont souvent vu refuser leur réintégration dans le parcours classique et donc le bénéfice de prestations additionnelles comme des formations ou un bilan de compétence.

Observer pour trancher Reste à savoir si le système peut s’améliorer avec la fusion ANPE-Unedic. Si l’on peut redouter le manque d’efficacité des grosses organisations parapubliques, il faut reconnaître que le rapprochement de l’organisme qui place les chômeurs de celui qui les indemnise est absolument logique. Il faut donc observer la suite des événements, d’autant que l’ANPE a interrompu des conventionnements avec des prestataires extérieurs à la fin de l’année dernière, alors que le partenariat devait durer jusqu’à fin 2008.

Une seule priorité : le retour à l’emploi En tout cas, il est clair qu’il faut absolument mettre le paquet sur le retour à l’emploi, puisqu’en France, il faut 9 mois en moyenne aux chômeurs indemnisés pour revenir sur le marché du travail, quand il n’en faut que 3 au Danemark ou au Royaume-Uni, pays qui ont procédé à des réformes en profondeur de leurs services de l'emploi.

Les bienfaits de la concurrence A ce sujet, il y a de quoi être perplexe face aux résultats de cette étude, parce qu’ils sont plutôt isolés. Ce n’est effectivement pas la première fois que l’on compare ce type de résultats, et les précédentes mesures ont toujours montré que les cabinets privés faisaient avancer les choses ! Jusqu’alors, les chiffres donnaient une réduction de la durée d'indemnisation d'environ 4 mois en moyenne, ce qui est tout à fait considérable. L’irruption de la concurrence a sans doute déjà eu des effets positifs sur l’efficacité du service public de l’emploi, l’ANPE a réagi en mettant en place un programme de suivi renforcé, qui s’appelle « Cap vers l’entreprise », et qui concerne 40 000 demandeurs d’emploi. Ce programme a apparemment eu des effets positifs, c’est un premier bienfait.

De la permanence en toute chose… Les grosses machines comme le fruit de la fusion ANPE-Unedic m’effraient souvent. Or, justement, un des antidotes possibles à la bureaucratie de ce genre de structure, réside en la coopération avec les structures du privé, généralement plus légères. Je reste donc malgré tout persuadé qu’il faut développer le rôle des structures privées dans le placement des chômeurs. Simplement, le dispositif doit être simple, juste, et surtout, il ne doit pas changer tous les quatre matins – fol espoir car on sait bien que les politiques en général aiment beaucoup imprimer leur marque en changeant la règle…

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