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15/09/2008

1929 - 2008 ? La crise financière à son paroxysme ?

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Où en est la crise financière ? Telle est la question ! Hier après-midi, yahoo actualités disait : « la crise est à son paroxysme ».

Climax de la crise
La crise serait donc à son paroxysme… c’est possible, mais ce n’est peut-être pas le cas. Les mots ont un sens : si nous sommes aujourd’hui au paroxysme, cela signifie donc que la situation ne peut que s’arranger à présent, et que la crise va baisser en intensité.

L’horizon s’éclaircit
Cette hypothèse n’est d’ailleurs pas complètement irrationnelle. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, les mauvaises nouvelles qui étaient dans le tuyau, comme on dit, sont désormais tombées :
- Lehman a fait faillite, comme on l’annonçait depuis six mois déjà
- Merrill Lynch s’est rangée sous l’aile de Bank of America comme beaucoup de gens le prédisaient. Voilà au moins un géant de Wall Street qui a trouvé un sauveur…
En un sens, donc, le paysage s’est dégagé.

Attention à la crise… de confiance
En même temps, ce qui vient de se passer était attendu depuis des semaines, mais paraissait inconcevable il y a seulement six mois : des grands noms, des établissements solides ayant pignon sur rue s’écroulant complètement. Dès lors, on peut se dire que tout est possible, même l’inconcevable, donc…Or, si les agents économiques et financiers commencent à penser de la sorte, c’est la porte ouverte à une spirale descendante pour le moral des investisseurs et pour la confiance.

Donc, nous sommes peut-être au paroxysme de la crise, dans le sens du point culminant de la crise, mais nous ne le saurons vraiment que dans quelques semaines, lorsque cela se sera stabilisé… si cela se stabilise !

Vers une nouvelle crise de 1929 ?
En théorie, la situation peut encore se dégrader, mais en pratique, c’est loin d’être certain. Je ne suis pas devin, et on n’est jamais à l’abri d’autres accidents, car il y a encore de la poussière sous le tapis… Voilà, ce à quoi je pense pour conserver mon optimisme :
- Il y a moins de « poussière » qu’avant, et sans doute n’en reste-t-il plus beaucoup… « Ce qui est fait n’est plus à faire », dit-on, et cela vaut pour les cadavres qui sortent du placard.
- Quand on fait le bilan, on sait désormais que les autorités de tutelle, les banques centrales, ont une doctrine, un plan, une méthode. Et ceci constitue une vraie différence avec 29 ! Quelle est donc cette doctrine ?

1. Tout le monde ne sera pas sauvé. Moral hazard oblige, il faut que les actionnaires soient rincés et les dirigeants virés (notamment ceux de Lehman Brother, Fannie Mae)
2. Pour les autres, on est prêts à utiliser tous les moyens (en allant même jusqu’à la nationalisation aux Etats-Unis pour "Fanny" et "Freddie"…)
3. Certains feront faillite et d’autres seront adossés, nationalisés, et au final le système sera préservé

Ceci constitue une réponse assez adaptée je crois à la situation. Nous traversons un mauvais moment et, c’est certain, une crise historique. Ce n’est pas pour autant la fin du monde. Il y a un pilote dans l’avion. Cela n’empêche pas certains avions de s’écraser… Mais cela signifie que le crash est peu probable.

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