Source : données publiées sur le site internet du Bureau national des statistiques de Chine
Par exemple, depuis août 2019, les exportations chinoises de composants pour automobiles (batteries incluses) ont été multipliées par neuf (août 2021) ; cet exemple sectoriel, en partie grâce à l’essor de l’électro-mobilité, permet de deviner quels seront les gains futurs pour la Chine.
Il ne fait nul doute que Xi Jinping et les autorités financières chinoises ont choisi de rompre avec la spirale de la dette intérieure, en grande partie associée à la bulle immobilière. Les entrepreneurs y comptaient sur leurs connexions avec l’État-parti et sur la garantie implicite de celui-ci. Quant aux acheteurs individuels, ils ont connu plusieurs décennies de hausse spectaculaire de l’immobilier. La leçon donnée par Pékin est donc sévère. Elle s'inscrit aussi dans le cadre d'autres mesures annoncées pour mettre sous contrôle les milliardaires chinois. Que ce soit pour les coups d’arrêt aux grandes entreprises digitales ou dans la gestion de la bulle immobilière avec la résolution en cours du cas Evergrande, le sort des actionnaires étrangers et même nationaux apparaît comme une considération très secondaire.
Tout ceci a donc des implications à l’international, y compris pour les investisseurs étrangers. En fonction de la source consultée, on constate qu’au cours de cet été, les avoirs étrangers en obligations nationales, publiques ou privées, ont continué à augmenter, ou au contraire que les acquisitions ont commencé à ralentir. Sur les marchés boursiers, un conseil d'investissement à court terme parfois entendu est d’oublier les pertes actuelles et de se concentrer plutôt sur les secteurs auxquels l’État-parti donne désormais la priorité. Mais ceux-ci - qu'il s'agisse du secteur digital ou de biotechnologie - présentent des ratios cours/bénéfices (C/B) très élevés. La leçon actuellement donnée par Pékin est autant celle de l'incertitude que de l’attention à accorder aux ordres émanant du gouvernement : car ces derniers sont changeants. À ce jour, la Chine bénéficie toujours d’une augmentation des flux de capitaux en provenance de l'étranger, en dépit de la fameuse "guerre commerciale" sino-américaine et des restrictions d'achat de technologies occidentales imposées aux entreprises chinoises. Mais combien de temps cela va-t-il encore durer ?
À court terme, quand la chute de la construction et le ralentissement général auront limité l’appétit chinois, il devrait y avoir une prime aux économies internationales qui importent énergie ou matériaux. Cela profitera aussi à une baisse des émissions de CO2 après leur hausse frénétique des deux dernières années. Cette baisse est aussi un objectif affiché par Xi Jinping. Mais l’impact n’est pas encore perceptible : la pénurie d’énergie, créée largement par l’objectif même de limiter les émissions de CO2, semble au contraire contraindre début octobre 2021 les autorités à redémarrer importations et production de charbon pour éviter une double crise - celle de la construction et celle de la production énergétique. Pour une période peut-être brève, la Chine demeure un facteur d’inflation des prix internationaux de l’énergie, et l’effet déflationniste de l’éclatement de la bulle immobilière tarde à se traduire sur la consommation de matières premières.
Au-delà de ces zigzags conjoncturels, plusieurs éléments semblent structurels : la priorité accordée à la "stabilité" du système financier plutôt qu’à la croissance du PIB, le discours sur la sécurité nationale, et donc l'évolution vers une autosuffisance toujours plus grande alors que les exportations restent fortement encouragées, la mise au pas d'une classe moyenne plus cosmopolite en faveur de politiques populistes mais aussi d’une réduction des inégalités. La nouvelle économie politique de Xi Jinping confirme la priorité accordée à la sécurité intérieure et extérieure du régime. Le découplage économique et sociétal ne peut que s'accélérer à partir de ces différentes composantes et de l'idéologie qui le sous-tend.
Copyright : AFP
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