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Lille

237 079 habitants
Maire sortant Martine Aubry (PS)
Urbanisme et logement

Créer deux forêts urbaines (Central Park Lillois de 12 hectares à Saint-Sauveur), planter un arbre par naissance, soit 3 000 arbres par an

Parce que c’est une question de santé, de qualité de vie et d’équité sociale. Pour la planète, il n’y a pas de plan B. Pour Lille non plus. Il y a urgence à sortir du triste record détenu par Lille avec ses 60 jours annuels de pic de pollution au lieu des 3 tolérés par l’OMS. Nous proposons d’augmenter de 20% les espaces de nature à Lille, en replantant nos places et nos avenues, en créant le Central Park lillois sur le site Saint-Sauveur (12 hectares).

Source : édito du site de campagne de Violette Spillebout

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
152,6 M€
ESTIMATION DU CANDIDAT
Estimation
du candidat
non disponible
Détail
HYPOTHÈSE BASSE
122,9 M€
HYPOTHÈSE HAUTE
182,3 M€
Répartition du coût
Ville/Métropole
Temporalité
Durée du mandat

Que faut-il en retenir ?

Alors que Martine Aubry souhaite la plantation de 20 000 arbres d’ici 2026, Violette Spillebout annonce vouloir planter un arbre pour chaque naissance lilloise, soit 18 000 arbres en six ans. “Sur la base de 3 000 arbres, le coût de plantation d’une forêt atteint 3 M€ par forêt.”, estime la candidate La République en marche. La ville de Lille possédait déjà, au 1er janvier 2019, 34 343 arbres (rapport de la ville, Le développement durable à Lille, 2019). La candidate promet également d’augmenter de 20 % les espaces verts de la ville.

Le coût de cet engagement serait compris, pour une prise en charge complète par la Ville de l’achat à la plantation des arbres et des dépenses de fonctionnement supplémentaires, entre 182,3 M€ (estimation haute) et 122,9 M€ (estimation basse) le prix variant selon la nature du sol de plantation (voiries ou espaces verts).

Sur l’ensemble du mandat et en s’appuyant sur une évaluation moyenne du coût de cette mesure (en prenant l’hypothèse que 50 % des arbres seraient plantés en voirie et, 50 % dans des parcs), la ville de Lille dépenserait près de 152,6 M€ pour planter 18 000 arbres et augmenter de 20 % les espaces verts.

Toutefois, selon Violette Spillebout, une partie du coût des réaménagements urbains induits par la plantation des arbres et l’accroissement des espaces verts sera financée par la Métropole européenne de Lille : “Les coûts de réaménagement seront en partie supportés par la MEL (aménagement, voirie et mobilier urbain) alors que la Ville supportera les coûts liés à l’entretien et aux espaces verts proprement dits.” (Extrait du programme 2020).

L’implantation de ces arbres supplémentaires permettrait de réduire les poussières issues de véhicules mais aussi de réguler les températures en période estivale. L’absorption de CO2 à l’issu du mandat et avec 18 000 arbres plantés oscillerait entre 36 tonnes et 900 tonnes par an.

Détail du chiffrage

Contexte de la mesure

Finaliste du prix, la candidature de la Ville de Lille pour le titre de Ville verte européenne en 2021 n’a pas été retenue en juin 2019. 

Pointant cet échec comme la preuve d’une action insuffisante en faveur du développement durable, la candidate de la République en marche a fait de la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique un de ses principaux arguments de campagne. Partant du constat que la Ville de Lille plante déjà 2 000 arbres par an (cf. programme 2020), Violette Spillebout propose d’augmenter ce nombre de 1 000 arbres par an, soit 18 000 arbres en 6 ans. 

Elle propose aussi d’augmenter de 20 % la superficie des espaces verts dans la ville car, selon elle, “il y a urgence à sortir du triste record détenu par Lille avec ses 60 jours annuels de pic de pollution au lieu des 3 tolérés par l’Organisation mondiale de la Santé” (Lettre aux Lillois, programme 2020). 

Coût budgétaire 

L’achat d’un arbre d’une dizaine d’année par la ville représente entre 300 et 400 €, coût relativement faible au regard de celui de la plantation. 

Le chiffrage de cette mesure s’appuie sur l’expérience de la ville de Grenoble, qui évalue le coût de plantation d’un arbre de la manière suivante : 

  • entre 4 500 € et 7 000 € en voirie ;

  • 1 200 € dans un parc. 

Le coût de plantation comprend la réalisation d’une fosse, son remplissage, l’assise de finition (enrobé, béton ou terre) et les bordures posées. Ce chiffrage ne prend donc pas en compte le coût de l’entretien et les ETP nécessaires. 

Enfin, la Ville de Lille dépense près de 13,2 M€ par an (budget 2018, chapitre 823) pour les espaces verts urbains : 10,6 M€ en fonctionnement (dont 7,6 M€ pour les frais de personnels) et 1,6 M€ en investissement (dont 1,1 M€ pour l’agencement et l’aménagement de terrains).  

En faisant l’hypothèse que les coûts d’entretien restent constants malgré l’accroissement de leur superficie, l’impact budgétaire de l’augmentation de 20 % d’espaces verts serait de 2,64 M€ (0,2 * 13,2) par an pour la Ville, soit 95 M€ pour 6 ans ((13,2 + 2,64) * 6). 

Par ailleurs, deux hypothèses peuvent être envisagées pour évaluer la plantation de 18 000 arbres durant le mandat. 

(i) La Ville prend en charge la plantation des arbres 

  • Evaluation basse : 18 000 arbres plantés dans les parcs soit 18 000 x 350 + 18 000 x 1 200 = 27,9 M€ sur 6 ans auxquels s’ajoutent 95 M€ des espaces verts, soit 122,9 M€

  • Evaluation haute : 18 000 arbres plantés dans les voiries soit 18 000 x 350 + 18 000 x 4 500 = 87,3 M€ auxquels s’ajoutent 95 M€ des espaces verts, soit 182,3 M€

  • Évaluation moyenne : 18 000 arbres plantés pour 50% en voirie et 50% dans les parcs = (9 000 x 350 + 9 000 x 4 500) + (9 000 x 350 + 9 000 x 1 200) = 57,6 M€ auxquels s’ajoutent 95 M€ des espaces verts, soit 152,6 M€ 

Toutefois, des modes de plantation d’arbres dans les espaces urbains existent comme le principe de “semi-enterré” qui permet de respect les réseaux souterrains et les caves, très denses en centre-ville. Le coût de tel choix n’est pas chiffrable car peu employé en France pour le moment par les collectivités locales mais aurait indéniablement un effet à la baisse sur le coût de plantation d’un arbre en milieu urbain.  

(ii) La Ville incite les habitants à planter des arbres

Il peut également être envisagé – mais nous n’avons pas retenu cette hypothèse – que la ville offre une subvention aux Lillois pour planter des arbres. Cette solution serait significativement moins coûteuse pour la ville. La municipalité pourrait s’inspirer de l’exemple de la Ville de Sceaux dans le département des Hauts-de-Seine qui offre ainsi 200 € par habitant qui souhaite planter un arbre. La subvention est indexée sur le prix de l’arbre. La commune prend en charge jusqu’à 50% du prix d’achat et l’aide est plafonnée à 200 €.

Dans cette hypothèse, le coût de la mesure serait le suivant : 18 000 x 200 = 3,6 M€ soit 600 000 € par an.

L’équipe de campagne de Violette Spillebout, contactée, a apporté des précisions quant aux coûts de plantation envisagés, évaluant quant à elle à 1 000 € la plantation d’un arbre de 2,5 mètres de haut en pleine terre, contre 2 500 € pour un arbre de 4 mètres de haut. Les arbres les moins hauts seraient favorisés, avec un coût ainsi proche de notre estimation basse. Enfin, l’équipe a souligné que ces plantations d’arbres se feraient en partie à l’occasion de la rénovation de plusieurs places de la ville et que leur coût serait ainsi intégré dans ces coûts de rénovation par projet. 

Effets sur l’environnement

La plantation des arbres permettrait à la ville de Lille de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et réduire les températures urbaines. L’impact environnemental de la plantation de 18 000 arbres peut être évalué en comptant une absorption de CO2 entre 20 à 50 kg par an selon le type d’arbre. Cette mesure aurait donc un impact la première année estimé entre 60 tonnes et 150 tonnes de CO2 absorbées par an si la municipalité échelonnait la plantation des arbres sur les 6 années du mandat (donc 3 000 arbres par an). A l’issu du mandat, cette absorption oscillerait entre 360 tonnes et 900 tonnes de CO2. 

Les émissions de GES de la MEL sont par ailleurs de 14 800 kilotonnes équivalent CO2 par an (source : rapport Livret plan climat de la métropole de 2018).

Nombre d’arbres

Année 1

Année 2

Année 3

Année 4

Année 5

Année 6

Nombre d’arbres

3 000

6 000

9 000

12 000

15 000

18 000

Estimations

20

50

20

50

20

50

20

50

20

50

20

50

Tonnes de CO² absorbées

60 

150

120

300

180

450

240

600

300

750

360 

900 

En milieu urbain, les arbres permettent de réduire le phénomène d’îlots de chaleur, qui tend à s’accroître dans le contexte du changement climatique. Les arbres ont plusieurs effets sur la température : ils offrent un ombrage ; ils réfléchissent et absorbent les rayonnements solaires ; enfin, ils contribuent au rafraîchissement du climat urbain par évapotranspiration (évaporation par les feuilles de l’eau puisée par l’arbre par ses racines). L’arbre urbain contribue également à la purification de l’air, par l’absorption des polluants gazeux par les stomates situés sur ses feuilles (orifices qui permettent les échanges gazeux entre la plante et l’air ambiant). Les effets d’un arbre sur la température urbaine varient sensiblement selon la variété, notamment la densité de l’ombrage (plus élevée pour les platanes et les marronniers notamment).

Selon une étude réalisée dans une ville de République tchèque, les arbres d’un parc d’un hectare ont un pouvoir de rafraîchissement d’au moins 3 000 kW, qui équivaut à 1 000 appareils à air conditionné.

Sources