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Bordeaux

256 045 habitants
Maire sortant Nicolas Florian (LR)
Politiques sociales et éducation

Réduire le coût des abonnements des transports collectifs de TBM pour les enfants et les étudiants

Pour favoriser l’utilisation des transports collectifs de TBM, dès 2020, nous réduirons de 40 % le tarif de l’abonnement annuel 11-19 ans, et celui des étudiants, en le passant à 144 euros

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
6,1 M€
ESTIMATION DU CANDIDAT
Estimation
du candidat
non disponible
Détail
HYPOTHÈSE BASSE
5,4 M€
HYPOTHÈSE HAUTE
9,1 M€
Répartition du coût
100 % métropole
Temporalité
Coût annuel récurrent chaque année

Que faut-il en retenir ?

La mesure consiste à étendre aux Bordelais de 11 à 19 ans, ainsi qu’aux étudiants, le prix de 144 € pour l’abonnement annuel aux transports collectifs de TBM, déjà en vigueur pour les Bordelais de 5 à 10 ans. Cette mesure est présentée dans le 3e axe du programme en matière de transport du candidat afin faire de Bordeaux une métropole responsable en termes de mobilité, sur le plan de la qualité de l’environnement ainsi que sur le plan social. Cet axe s’inscrit dans une politique globale de désengorgement et de dépollution de la métropole.

Selon nos chiffrages, cette mesure coûterait chaque année entre 5,4 et 9,1 M€, en fonction du taux de pénétration de l’abonnement annuel dans la population estudiantine ou ayant moins de 19 ans (de 46 000 à 77 000 jeunes).

Si l’effet sur le pouvoir d’achat est certain (un abonnement coûtant aujourd’hui 244,8 € annuels aux familles), son financement par la métropole conduit à le faire reposer essentiellement sur l’impôt local.

Les effets sur l’environnement sont incertains, le report des automobilistes vers les transports en commun étant faible, et l’effet sur les comportements futurs des jeunes Bordelais inconnu.

Détail du chiffrage

L’organisation du réseau de transport en commun de Bordeaux est gérée conjointement par Bordeaux Métropole (qui fixe l’offre, le tracé, les fréquences, la politique tarifaire et supporte les investissements lourds) et Kéolis Bordeaux Métropole qui gère le réseau au quotidien et veille à son bon fonctionnement. En effet, Kéolis Bordeaux Métropole (KBM) a signé en 2009 un contrat de délégation de service public pour l’exploitation du réseau tram et bus de la Métropole. Elle en assurera la gestion au moins jusqu’à la fin de l’année 2022 suite au renouvellement du contrat en 2014. Cette délégation de gestion est multimodale puisque KBM gère essentiellement les 3 lignes de tramway et les 79 lignes de bus, mais aussi le service de prêt de vélos en libre-service ou le service de navettes fluviales. Les recettes générées par ces services s’élevaient en 2019 à 83 M€, couvrant environ 35 % des dépenses. La ville de Bordeaux peut décider de prendre en charge le financement de titres de transports en versant la compensation financière correspondante à l’établissement Bordeaux Métropole.

En France, il existe actuellement 31 réseaux de transports collectifs entièrement gratuits, généralement dans villes de petite ou moyenne taille (dont Dunkerque depuis septembre 2018). La gratuité totale des transports publics à Bordeaux avait été évoquée en 2018 suite à une proposition similaire par Anne Hidalgo pour Paris en 2018. Cependant, cette idée ne s’est pas généralisée dans le débat ; à Bordeaux, elle avait notamment été retoquée par Alain Juppé. 

Au contraire, à Bordeaux, les tarifs des transports en commun ont plutôt eu tendance à augmenter afin de supporter la montée en charge du nombre de passagers transportés chaque année. Ainsi, le nombre de voyages a bondi de plus de 10 % en 2018, pour atteindre 165 millions de voyages. Cette augmentation du trafic peut créer de la congestion dans les transports en commun ainsi qu’une augmentation de la maintenance nécessaire. Christophe Duprat, vice-président en charge des transports à Bordeaux Métropole, rappelait fin 2018 « Il y a des travaux à réaliser tous les ans, du matériel à acheter… Tout ceci se fait sur la recette voyageurs, de l’ordre de 80 millions d’euros par an, et grâce au versement transport (VT) collecté auprès des entreprises et qui représente environ 180 millions d’euros ». Ainsi, comme le prévoit le contrat de délégation, la grille tarifaire peut augmenter annuellement de 3 % en moyenne. Le Conseil métropolitain a, par exemple, décidé d’augmenter de 2,65 % les pass annuels Pitchoun et de 2,6 % les pass Jeune annuels en 2018. Une nouvelle hausse des tarifs a eu lieu en 2019, suscitant le mécontentement de certains élus du Conseil. Ainsi, Emmanuelle Ajon (PS) a par exemple relevé une « augmentation de 38 % sur les 10 dernières années des pass Jeunes et Pitchoun ».

Enfin, il est à noter qu’une partie des usagers bénéficient déjà d’une gratuité totale ou d’une réduction de tarifs grâce à la mise en place d’une grille tarifaire sociale pour les demandeurs d’emplois, bénéficiaires du RSA et/ou de la prime d’activité, bénéficiaires de la CMU, services civiques, stagiaires et personnes en contrats aidés. Cette tarification avantageuse s’applique à 30 millions de voyages en 2018, soit environ 20 % du trafic.

Coût budgétaire

L’extension proposée par Thomas Cazenave reviendrait donc à proposer une prise en charge partielle de l’abonnement des jeunes Bordelais âgés de 11 à 19 ans, soit environ 89 000 jeunes (l’Insee estime en 2016 le nombre de jeunes âgés de 11 à 24 ans à 161 821 à Bordeaux Métropole) ainsi qu’aux étudiants, soit environ 65 000 personnes âgées de plus de 19 ans d’après les chiffres de l’Insee sur la Métropole de Bordeaux.

Le chiffrage fin de cette mesure nécessiterait de prendre en compte plusieurs facteurs qui n’ont pas été retenus dans la méthodologie proposée ci-dessous, en raison de leur caractère trop incertain (notamment le nombre d’élèves boursiers bénéficiant déjà d’un tarif et d’une prise en charge financière spécifique).

En faisant l’hypothèse que 30 % des jeunes et étudiants auxquels s’applique la réforme détiennent un abonnement annuel (seuls 50 % des transports dans la cité s’effectuent avec un abonnement (annuel, mensuel ou hebdo) selon les chiffres de Kéolis) soit 46 000 jeunes, le coût de la mesure pour la ville de Bordeaux serait de 5,4 M€ en se fondant sur le coût annuel d’un abonnement de 244,8 € pour les 11-27 ans et de 506,4 € pour les 28 ans et plus (soit : 30 % x (244,8 € – 144 €) x 144 000 jeunes de moins de 19 ans et étudiants de moins de 27 ans + 30 % x (506,4 € – 144 €) x 10 000 étudiants de plus de 27 ans = 5 400 000 € de prise en charge totale). En faisant l’hypothèse que 50 % des jeunes disposent d’un abonnement annuel (77 000 jeunes), le coût serait de 9,1 M€. En faisant une hypothèse moyenne de 40 %, le coût annuel serait de 6,1 M€.

Effets sur l’environnement

Les effets sur l’environnement sont incertains pour plusieurs raisons :

  • s’agissant de la réduction du coût des transports en général, celle-ci ne permet pas nécessairement un report modal depuis la voiture vers les transports en commun car les automobilistes sont plus sensibles au temps de parcours qu’au prix des transports ;

  • la réduction du coût des transports peut inciter les piétons et cyclistes à emprunter le réseau de transports, par ailleurs déjà saturé ;

  • s’agissant d’une mesure ciblant les jeunes de 11 à 19 ans et les étudiants, qui fréquentent le plus souvent des collèges et lycées situés dans leurs quartiers, il n’est pas certain que le transport en commun soit le mode de déplacement le plus important pour leurs trajets.

Effets sur le pouvoir d’achat

En revanche, l’effet direct sur le pouvoir d’achat des familles bordelaises est certain, la prise en charge de 40 % de l’abonnement TBM représentant une économie annuelle par enfant d’environ 100€ pour les moins de 19 ans. 

Cependant, ce gain est nécessairement financé par les ressources de la ville de Bordeaux, dont le principal levier reste l’impôt, compte tenu du contexte de maîtrise des dépenses de l’Etat et des dotations aux collectivités.

Sources