Comparer avec

Toulouse

479 638 habitants
Maire sortant Jean-Luc Moudenc (LR)
Transports et mobilités

Revoir la tarification des transports

Les tarifs actuels comportent un certain nombre d’injustices et ne sont pas insuffisamment incitatifs pour encourager l’usage des transports en commun. Nous proposons de revoir complètement la tarification des transports en engageant un travail de co-construction d’une nouvelle offre tarifaire.

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
2,7 M€
ESTIMATION DU CANDIDAT
Estimation
du candidat
non disponible
Répartition du coût
100 % métropole
Temporalité
Tous les ans

Que faut-il en retenir ?

La proposition de la candidate Nadia Pellefigue vise à rendre les transports en commun de Toulouse plus accessibles d’un point de vue tarifaire, et donc d’augmenter leur usage. Cette mesure cible les jeunes (tous les moins de 26 ans bénéficieront du tarif à 10 € accessible à ce jour uniquement pour les scolaires et les étudiants), les personnes en situation de handicap (gratuité totale) mais également les nouveaux arrivants (gratuité pendant 3 mois). Par ailleurs, la candidate propose une gratuité les jours de pic de pollution. Contrairement à la proposition qui avait été annoncée à la presse le 4 janvier 2020, le site de la candidate ne reprend plus la gratuité complète des transports le samedi afin de faciliter l’accès aux commerces et aux évènements culturels.

Nous estimons le coût annuel des mesures de la candidate à 2,7 M€ par an pour Tisséo qui devrait augmenter la contribution des collectivités ou des versements des entreprises pour équilibrer ses comptes. Ce coût provient aux deux tiers de la mesure de réduction des tarifs des jeunes de moins de 26 ans qui sont les premiers utilisateurs du réseau de transport à Toulouse.

Cette mesure vise principalement à revenir sur les augmentations tarifaires qui ont eu lieu sur le réseau Tisséo depuis juillet 2018, notamment celles affectant les jeunes. Toutefois, cette inflation des tarifs venait répondre aux différents rapports conduits par les juridictions financières en 2013 et 2018-2019 (Rapports annuels de la Cour des comptes 2013 et 2019) qui soulignaient la faiblesse des recettes d’exploitation liées à la billetterie par rapport aux autres réseaux de transports urbains français. D’ailleurs, les comparatifs menés par la Dépêche du Midi en 2019 confirment les prix très compétitifs des abonnements pour les jeunes et les séniors à Toulouse.

La baisse des prix des services de transport de la métropole pourrait affecter positivement la fréquentation du réseau et accroître le nombre d’usagers. Dans ce cas, l’effet environnemental pourrait être bénéfique à condition d’une transition de l’automobile vers les transports publics. En effet, nous estimons que l’impact écologique d’une telle mesure n’est pas évident puisque : (i) la gratuité peut inciter des usagers qui utilisaient le vélo et la marche (moins polluants) à utiliser désormais les transports en commun, (ii) la baisse des prix pourrait créer des effets de sur-fréquentation sur le réseau toulousain déjà saturé aux heures de pointe du fait de la forte inflation démographique. Nous pensons donc que cette mesure doit être vue avant tout comme une mesure sociale, plutôt qu’une mesure ayant pour objectif un impact positif sur l’environnement.

Détail du chiffrage

Contexte de la mesure

L’autorité de régulation des transports toulousains a pris la décision d’accroître les tarifs en juillet 2018. Cette mesure avait entraîné la fin de la gratuité totale des plus de 65 ans puisqu’une condition de revenus était ajoutée, ainsi que la hausse des tarifs pour les jeunes de -26 ans (différenciation selon les revenus et le statut d’étudiant ou non). Ces hausses des tarifs doivent s’étaler jusqu’en 2021. 

Dans les comptes 2018 de Tisséo, sur les 477 M€ de recettes, seuls 97 M€ proviennent de l’exploitation dont 91,3 M€ de la billetterie. Le complément provient de la publicité, des amendes, des locaux commerciaux loués. Parmi les revenus du trafic, 21 % proviennent des jeunes (- 26 ans) et 68% du segment « tout public », quand ces segments représentent respectivement 40 % et 38 % des voyageurs (en nombre de déplacement).

Le segment des jeunes est clé pour les revenus de Tisséo car ils sont les premiers utilisateurs du réseau. A ce jour, les jeunes de moins de 26 ans scolaires et étudiants payent 10,2 € par mois. Ceux qui sont boursiers ne règlent rien. En revanche, les jeunes non scolarisés payent 15,3 € par mois. La mesure de la candidate Nadia Pellefigue vise à abaisser le tarif des jeunes de moins de 26 ans non scolarisés à 10,2 € mensuels. D’après les chiffres publiés en 2016 par Tisséo, parmi les moins de 25 ans, 80 % des voyageurs étaient scolarisés ou étudiants. Nous gardons cette proportion. Ainsi, le coût estimé de cette mesure ciblée sur les jeunes est de l’ordre de 1,73 M€ par an pour Tisséo, soit une baisse de 9,1 % des recettes de trafic sur les jeunes.

Concernant les personnes en situation de handicap, le principal service du réseau Tisséo à leur destination est Mobibus, qui a attiré 2 873 usagers pour 189 290 voyages. Il s’agit d’un service de transport sur demande pour les personnes en situation de handicap. Nous considérons donc que la mesure réduira principalement les recettes de ce service bien que les personnes en situation de handicap pourraient utiliser d’autres services du réseau. Les recettes de ce service s’élevaient en 2018 à 290 k€. Nous considérons donc que la mesure de gratuité totale des personnes en situation de handicap et de leur accompagnant aurait un coût de 290 k€.

Par ailleurs, l’idée de proposer la gratuité pendant 3 mois pour les nouveaux arrivants dans la métropole afin de les habituer au service de Tisséo entraîne un surcoût pour l’opérateur vu que les nouveaux arrivants auraient pu être des utilisateurs payants des transports urbains. A partir des chiffres de l’Insee sur la démographie dans la métropole entre 2009 et 2015, nous estimons que la croissance moyenne de la population toulousaine est de 10 369 personnes par an. Selon Tisséo, 13 % des habitants de la métropole utilisent les transports en commun de Tisséo, soit environ 1 348 nouvelles personnes par an (environ 1,4 % des habitants de la métropole sont des nouveaux arrivants de l’année). Nous prenons comme hypothèse que ces nouveaux arrivants réalisent autant de transport qu’un usager moyen du réseau Tisséo et que leur contribution tarifaire moyenne est équivalente aux usagers actuels, nous estimons le coût de cette mesure à 308 k€ par an. 

Enfin, la candidate propose la gratuité des transports les jours de pic de pollution. Selon l’agence ATMO Occitanie, en 2019, l’agglomération toulousaine a compté 7 épisodes de pollution élevée. Nous faisons l’hypothèse d’une répartition homogène des voyages et considérons donc 7 jours de gratuité sur 365. En partant des données de Tisséo de 2016 qui indiquaient que 22,5 % des déplacements du réseau étaient réglés par des opération de billetterie (autres que gratuité, abonnement), nous considérons que chaque année, environ 569 000 voyages seraient concernés par cette mesure, soit une estimation de coût de -394 k€ en appliquant le revenu moyen encaissé par Tisseo par voyage.

Au total, les mesures de réduction de tarif proposées par Nadia Pellefigue pourraient entraîner un coût / manque à gagner de l’ordre de 2,7 M€ par an (- 3 % par rapport aux revenus de trafic 2018). Le report sur les comptes des collectivités et des entreprises (versement mobilité) serait de + 0,7 % par rapport à leur contribution actuelle.

Si le coût de ces mesures proposées par Nadia Pellefigue demeure globalement limité, il convient d’indiquer que la Cour des Comptes, dans son rapport public de 2019, avait souligné que la métropole toulousaine se distinguait déjà par la faiblesse de ces recettes commerciales par déplacement qui trouvait son origine dans la politique large de gratuité (antérieure à 2018) et au fort niveau de fraude. La recette unitaire par voyage était ainsi plus faible que dans les réseaux équivalents de Lille, Lyon, Marseille, et Nice. Cet aspect avait d’ailleurs été confirmé dans une analyse comparative menée par la Dépêche du Midi en 07/2018 à l’issue de l’augmentation des tarifs de Tisséo qui mettait en avant la compétitivité des abonnements pour les jeunes et les seniors par rapport aux autres grandes villes de province françaises.

Effets sur l’environnement

Cette proposition pourrait avoir un effet sur l’environnement en favorisant l’usage des transports en commun par de nouveaux usagers attirés par un prix plus compétitif. Ainsi, selon l’ADEME, sur un transport pendulaire quotidien (domicile-travail de 2 km) le bus est deux fois moins émetteur de CO2 qu’une voiture, et le métro 68 fois moins émetteur. 

Toutefois, d’après l’étude du Groupement des autorités responsables de transport de 09/2019, se déplacer en voiture coûte, en province, 16 fois plus cher que les transports en commun. Aussi, l’ajout de mesures de gratuité pourrait ne pas avoir des reports significatifs car les usagers, même dans le schéma actuel de tarifs, sont déjà financièrement avantagés à prendre les transports en commun. De surcroît, ces mesures de gratuité pourraient déporter des usagers de moyens de transport qui sont aujourd’hui moins coûteux que les abonnements comme le vélo ou la marche vers les transports en commun. Or les transports publics ont une empreinte carbone plus dégradée que la marche ou le vélo. Ainsi, estimer le bilan environnemental d’une telle mesure n’est pas chose aisée. 

Par ailleurs, la métropole de Toulouse souffre d’une saturation de ses systèmes de transport public notamment sur les lignes de métro et de bus les plus centrales du fait de la forte hausse de la population métropolitaine. Des mesures additionnelles de gratuité ou de réduction des tarifs pourraient amplifier le phénomène et détourner certains utilisateurs actuels des services du fait des incidents plus récurrents liés à la sur-fréquentation.

Effets sur le pouvoir d’achat

L’effet de cette mesure sur le pouvoir d’achat est certain : chaque personne concernée par les baisses de tarif bénéficierait d’une hausse de pouvoir d’achat équivalente à cette baisse de tarif.

Sources