Comparer avec

Toulouse

479 638 habitants
Maire sortant Jean-Luc Moudenc (LR)
Urbanisme et logement

Créer six sites de compostage industriel pour traiter les biodéchets alimentaires

La valorisation de 10 % des déchets organiques produits chaque année par la collectivité nécessiterait l’installation de composteurs sur plusieurs dizaines de sites de traitement répartis sur le territoire. La production de compost par an sera répartie parmi les différents acteurs : collectivités, agriculteurs, maraîchers, particuliers.

Créer six sites de compostage industriel (5 000 t/an) pour traiter 50 % des biodéchets alimentaires des particuliers d’ici 2025. Les déchets de préparation produits par les cuisines collectives et issus du gaspillage alimentaire seront également valorisés dans ces unités de compostage

Source : programme de la candidate et déclarations

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
3,3 M€
ESTIMATION DU CANDIDAT
Estimation
du candidat
non disponible
Détail
HYPOTHÈSE BASSE
0,9 M€
HYPOTHÈSE HAUTE
6 M€
Répartition du coût
Temporalité
Tous les ans

Que faut-il en retenir ?

Environ 30 % de déchets organiques (épluchures, fruits et légumes abîmés, restes de repas, etc.) se retrouvent dans les ordures ménagères. Mélangés aux autres déchets, ils sont transportés et brûlés par incinération (et parfois enfouis) alors qu’ils pourraient être compostés et valorisés sur place ou dans des sites industriels dédiées qu’envisage de créer la candidate. 

Toulouse Métropole propose déjà aux habitants qui disposent d’un jardin de leur transmettre un savoir-faire et de s’équiper d’un composteur domestique. Trois modèles en bois sont proposés contre une participation financière : 15 € pour le petit modèle de 300 l ou 400 l et 25 € pour le grand de 600 l. La Métropole propose également aux personnes qui habitent en immeuble et qui disposent d’espaces verts la mise en place, le suivi et l’accompagnement de composteurs collectifs en pied d’immeuble.

La loi prévoit que tous les particuliers disposent d’une solution pratique de tri à la source de leurs biodéchets avant 2025. Mme Pellefigue propose de créer six sites de compostage industriel d’une capacité de 5 000 tonnes par an, afin de traiter 50 % des biodéchets alimentaires des particuliers d’ici 2025. La candidate souhaite en outre que les déchets de préparation produits par les cuisines collectives et issus du gaspillage alimentaire soient également valorisés dans ces unités de compostage. 

Selon nos chiffrages, cette mesure coûterait au total entre 4,5 M€ et 9,6 M€ par an, mais permettrait d’économiser, si les pleines capacités étaient atteintes, environ 3,6 M€ liés aux coûts actuels de traitement des déchets. L’estimation finale se situe donc entre 0,9 et 6 M€.

Détail du chiffrage

Contexte de la mesure

Les biodéchets représentent un tiers des poubelles résiduelles des Français. Ils sont constitués des déchets alimentaires et des autres déchets naturels biodégradables. Une partie de ces déchets peut être évitée, en luttant contre le gaspillage alimentaire par exemple. Le reste peut être valorisé spécifiquement. Ils représentent, en outre, une ressource importante en matière comme en énergie, ainsi qu’une éventuelle source de revenus ; leur élimination par incinération ou mise en décharge constitue donc un double gaspillage.

Depuis le 1er janvier 2016, les professionnels produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets ont l’obligation de les trier et de les faire valoriser dans des filières adaptées (telles que le compostage ou la méthanisation). Afin de mettre en place le tri à la source des déchets alimentaires des ménages dans toute la France d’ici 2025, il revient à chaque collectivité d’étudier et d’identifier les solutions les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source et s’assurer que ceux-ci pourront être valorisés et non mis en décharge. La collecte séparée des déchets alimentaires intervient en complémentarité du compostage de proximité. Elle consiste à demander aux habitants de trier leurs déchets alimentaires (dans une poubelle dédiée, ou dans un « bio-seau ») et d’organiser régulièrement une tournée de ramassage dédiée. La proposition de la candidate s’inscrit dans cet objectif. 

Coût budgétaire 

Les éléments de chiffrage objectifs sont anciens, et proviennent d’un audit général effectué par l’ADEME en 2006 sur la base de travaux réalisés à des périodes différentes (du début des années 1990 à 2005). Pour les besoins de la présente étude, un coût constant a été postulé, simplement actualisé de l’inflation. Exprimé en tonnes de déchets entrants, le montant des investissements s’élève en moyenne à :

  • 150 euros/tonne/an pour le compostage lent ;

  • 229 euros/tonne/an pour le compostage accéléré à l’air libre ;

  • 321 euros/tonne/an pour le compostage accéléré sous bâtiment. 

Dans ces coûts d’investissement, la part du processus représente de 36 à 42 %. Le reste est consacré au génie civil et à l’acquisition des équipements. 

Dès lors, la proposition de la candidate de créer six sites de compostage d’une capacité de 5 000 tonnes par an, en supposant qu’il s’agisse d’un compostage accéléré à l’air libre et que les sites soient pleinement exploités, peut être chiffrée à 6,9 M€ par an. L’option d’un compostage lent, plus difficile à mettre en œuvre en milieu urbain, serait chiffrée à 4,5 M€ ; celle d’un compostage accéléré sous bâtiment à 9,6 M€. 

Considérant que chaque Français générait en moyenne 271 kg d’OMR par an en 2015, la production de biodéchets de l’ensemble des Toulousains peut être estimée à plus de 46 000 tonnes par an. Par ailleurs, l’ADEME considère que, chaque année, environ 790 000 tonnes de biodéchets sont produites par la restauration collective (2017). En appliquant le ratio de la population toulousaine sur la population française totale, environ 7 à 8 tonnes de biodéchets issus de la restauration collective peuvent être attribués à Toulouse. Dès lors, avec une capacité de 30 000 tonnes par an, le projet porté par la candidate permettrait donc bien de traiter 50 % des biodéchets alimentaires des particuliers ainsi que les déchets de préparation produits par les cuisines collectives et issus du gaspillage alimentaire. Cependant, il dépendra pour l’essentiel de l’adhésion de la population au projet et à l’évolution des pratiques. Des coûts de communication, et des mesures d’incitation pourraient être à prévoir pour y parvenir. 

Par ailleurs, le compostage des biodéchets permettrait de réduire d’autant le coût des autres filières, incinération notamment. Une étude de l’ADEME présente des coûts de traitement d’environ 100 € la tonne de déchets incinérée pour l’année 2006 – soit 120 € en 2020. Si 30 000 tonnes de déchets étaient compostées, cela représenterait une économie d’environ 3,6 M€ pour la ville sur le coût total actuel de ses déchets. En outre, le compost produit pourrait également être valorisé par la commune. 

L’estimation finale se situe donc entre 0,9 et 6 M€.

Effets sur l’environnement

Le développement du compostage aurait un impact certain sur l’environnement, cependant difficile à évaluer. 

La mise en décharge des biodéchets est à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre (GES) : le tassement des déchets provoque également la fermentation de déchets alimentaires dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère. Ce gaz a de plus un pouvoir de réchauffement global 25 fois supérieur à celui du CO2. De même, l’incinération de ces déchets produit également des GES et notamment du CO2 lors de leur combustion.

A l’inverse, la valorisation organique via le compostage, l’épandage ou la méthanisation permet de faire retourner au sol ou de transformer des matières organiques brutes en une matière valorisable, le compost ou le digestat, adapté aux besoins agronomiques des sols. Dans le contexte actuel d’appauvrissement des sols en matières organiques, il existe un réel besoin d’amendements organiques naturels que les composts de biodéchets peuvent en partie combler.

Sources