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Strasbourg

281 512 habitants
Maire sortant Roland Ries
Urbanisme et logement

Planter 500 000 arbres

Jean-Philippe Vetter s’inspire du projet « Green city » de Milan avec ses 3 millions d’arbres sur 10 ans et en propose 500 000 pour la décennie à venir dans l’Eurométropole

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
25 M€
ESTIMATION DU CANDIDAT
7 M€
sur la durée du mandat
Répartition du coût
Ville
Temporalité
Durée du mandat

Que faut-il en retenir ?

Jean-Philippe Vetter souhaite planter 500 000 arbres sur le territoire de l’Eurométropole sur les dix prochaines années (soit 300 000 arbres sur la durée du mandat). Cette végétalisation doit permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de lutter contre les “îlots de chaleur”. 

En réaction à une première estimation du coût de cette mesure réalisée par l’Institut Montaigne, le candidat a souhaité préciser la mesure. Les arbres seront plantés hors de la ville de Strasbourg, et majoritairement par des acteurs privés (particuliers et entreprises).

Suite aux précisions apportées par le candidat, l’Institut a procédé à un nouveau chiffrage de la mesure qui s’élève à 41,7 M€ sur dix ans, ou 25 M€ sur la durée du mandat. Ce coût serait pris en charge principalement par la ville. Un effort conséquent mais non chiffrable reposerait sur les particuliers et les entreprises.

La plantation de ces arbres supplémentaires aurait pour effet de réduire la température moyenne de la ville en période estivale et d’absorber une partie des gaz à effet de serre émis par les activités humaines. À l’issue du mandat, ces 300 000 arbres plantés absorberaient entre 12 500 et 15 000 tonnes de CO2, soit 0,8 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l’Eurométropole (niveau 2016).

Détail du chiffrage

Contexte de la mesure

Jean-Philippe Vetter a annoncé vouloir planter 500 000 arbres afin de végétaliser la ville. Sa mesure, qui consistait initialement à planter 500 000 arbres sur le territoire de la métropole était très ambitieuse. En réaction à une première estimation de chiffrage, le candidat a précisé les modalités de mise en oeuvre de cette mesure de la façon suivante:

  • 100 000 « arbres » : sur l’A 35 ; coût pris en charge par le privé ;

  • 150 000 « arbres » en champs, forêts et espaces disponibles ; coût pris en charge par la Ville ;

  • 100 000 « arbres » en obligation aux privés sur changement de PLUI ;

  • 100 000 arbres/arbustes sur tout le territoire avec aide aux particuliers ;

  • 25 000 arbres pris en charge par les entreprises privées du territoire avec un prix annuel décerné par la collectivité ;

  • 25 000 arbres pris en charge par l’ensemble des collectivités.

Ces précisions faites, 

  • La ville prendrait finalement à sa charge la plantation de 125 000 arbres (25 000 en parc, 150 000 en champs, forêts et espaces disponibles). Peu d’arbres seraient plantés en voirie, conduisant ainsi à limiter l’ambition de végétalisation et de rafraîchissement de la ville durant la période estivale.

  • La plantation de 100 000 arbres ou arbustes reposerait sur le volontarisme des Strasbourgeois qui y seraient incités grâce à l’octroi d’une subvention. La proposition ne précise pas où ces arbres seront plantés (jardins privatifs, balcons, forêt etc.).

  • La plantation de 100 000 arbres supplémentaires serait conditionnée à l’accord de l’ensemble des acteurs pour modifier le PLUI.

Le candidat s’inspire d’une mesure du maire de Milan, qui prévoit de planter 3 millions d’arbres d’ici 2030, soit 300 000 arbres par an, afin de réguler la température de la ville et améliorer la qualité de l’air. À Milan, cette mesure s’accompagne de la création de 20 nouveaux parcs. 

La mesure devrait permettre de capter 0,8 % des émissions de la métropole à terme d’ici la fin du mandat, tout en permettant une baisse des températures, non mesurable faute d’études concordantes sur le sujet. Néanmoins, la grande majorité des arbres ne seront pas plantés dans la ville de Strasbourg, réduisant ainsi l’impact potentiel sur les températures.

Coût budgétaire 

(i) La Ville prend en charge la plantation de 25 000 arbres

Le chiffrage de cette mesure doit tenir compte de plusieurs paramètres, notamment du coût d’achat de l’arbre, entre 300 et 400 €, et des frais de plantation, qui varient selon l’endroit où l’arbre est planté. Le chiffrage peut s’appuyer sur l’expérience de la ville de Grenoble, qui évalue le coût de plantation d’un arbre de la manière suivante :

  • Entre 4 500 € et 7 000 € en voirie ;

  • 1 200 € dans un parc.

Le coût de plantation comprend la réalisation d’une fosse, son remplissage, l’assise de finition (enrobé, béton ou terre) et les bordures posées. Il ne tient en revanche pas en compte du coût de l’entretien.

En retenant un coût moyen d’achat de 350 € par arbre et un coût de plantation de 1 200 € dans un parc, le chiffrage de la plantation de 25 000 arbres dans des parcs est le suivant : 25 000*350 + 25 000*1 200 = 38,8 M€.

L’équipe de campagne estime quant à elle le coût d’un arbre et sa plantation à 1 200 €. 

 (ii) La Ville offre une subvention aux strasbourgeois pour planter des arbres

La municipalité pourrait s’inspirer de l’exemple de la Ville de Sceaux dans le département des Hauts-de-Seine qui octroie une aide financière aux habitants souhaitant planter un arbre. 

L’équipe de campagne précise que la métropole prendrait en charge une aide de 20 € par arbre avec un objectif de 100 000 arbres. Le coût de ces aides serait donc de 2 M€. 

(iii) La ville prend en charge la plantation de 150 000 arbres en champs, forêts et espaces disponibles

Le coût de plantation est inférieur en forêt qu’en parc. Le chiffrage s’appuie sur plusieurs sources :

  • l’observatoire de la forêt méditerranéenne relève qu’une forêt contient en moyenne 500 tiges par hectare, il faudrait donc 300 hectares vierges de forêt pour planter 150 000 arbres. Les forêts de la métropole de Strasbourg présentent une superficie bien supérieure (La seule forêt de le Robertsau s’étend sur près de 500 hectares). L’hypothèse est faite que les espaces forestiers détenus par la métropole permettent l’accueil de 150 000 arbres supplémentaires, bien que rien ne permette de le confirmer avec certitude. Il n’y aurait donc pas de coût d’acquisition de foncier.

  • Le coût de boisement d’une forêt est estimé, selon le syndicat de la sylviculture, à 3 000€ par hectare.

Le coût total serait donc de 900 000 € pour la plantation de nouveaux plants. S’il s’agissait de planter des arbres, le coût serait sensiblement supérieur, sans que l’on puisse l’évaluer précisément.

(iv) Les 225 000 arbres restants seraient plantés par des acteurs privés

Le candidat considère que les 225 000 arbres restants pourraient être plantés par des acteurs privés :

  • l’obligation de plantation de 100 000 arbres serait inscrite au plan local d’urbanisme intercommunal, qu’il faudrait donc réviser. Si cette proposition est faisable au plan juridique, l’Institut Montaigne n’est pas en mesure de vérifier sa faisabilité technique au regard des espaces disponibles sur le territoire de la métropole ;

  • l’obligation de plantation de 100 000 arbres aux abords de l’A35 incomberait probablement aux concessionnaires autoroutiers, ce qui nécessite une révision des concessions autoroutières, processus lourd, coûteux et complexe ;

  • Enfin, le candidat indique que “25 000 arbres pris en charge par les entreprises privées du territoire avec un prix annuel décerné par la collectivité”.

Au total, le coût de la mesure serait, pour la métropole, au minimum, de 41,7 M€ sur dix ans. Sur la mandature, cela représente ainsi un coût de 25 M€. L’équipe de campagne estime ce coût à 7 M€ (11,7 M€ sur dix ans).

Effets sur l’environnement

La plantation de 500 000 arbres permettrait à la ville de Strasbourg de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre, par la capture d’une partie du carbone rejeté, et de réduire la température moyenne, notamment en cas de pic de chaleur.
On estime que chaque arbre absorbe entre 20 et 50 kg de CO2 par an. Cette mesure permettrait donc d’absorber entre 1000 et 2 500 tonnes de CO2 la première année, si 50 000 arbres étaient plantés par an, et jusqu’à 15 000 tonnes à l’issue du mandat.

Année

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Nombre d’arbres

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

300 000

350 000

400 000

450 000

500 000

Tonnes de CO² absorbées

20 kg

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

9 000

10 000

50 kg

2 500

5 000

7 500

10 000

12 500

15 000

17 500

20 000

22 500

25 000

 

En 2016, les activités humaines présentes sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg ont émis 1,85 millions de tonnes équivalent CO2. À terme, d’ici la fin du mandat et en l’absence de mesure de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre à Strasbourg, cette mesure permettrait d’absorber 0,8 % des émissions de l’Eurométropole.

En milieu urbain, les arbres permettent de réduire le phénomène d’îlots de chaleur, qui tend à s’accroître dans le contexte du changement climatique. Les arbres ont plusieurs effets sur la température : ils offrent un ombrage ; ils réfléchissent et absorbent les rayonnements solaires ; enfin, ils contribuent au rafraîchissement du climat urbain par évapotranspiration (évaporation par les feuilles de l’eau puisée par l’arbre par ses racines). L’arbre urbain contribue également à la purification de l’air, par l’absorption des polluants gazeux par les stomates situés sur ses feuilles (orifices qui permettent les échanges gazeux entre la plante et l’air ambiant). Les effets d’un arbre sur la température urbaine varient sensiblement selon la variété, notamment la densité de l’ombrage (plus élevée pour les platanes et les marronniers notamment).

Selon une étude réalisée dans une ville de République tchèque, les arbres d’un parc d’un hectare ont un pouvoir de rafraîchissement d’au moins 3 000 kW, qui équivaut à 1 000 appareils à air conditionné.

 

Sources