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Paris

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Maire sortant Anne Hidalgo (PS)
Urbanisme et logement

Transformer la petite ceinture en ceinture verte

Nous avons besoin de parcs et de bois, où passer quelques heures entre amis ou en famille, de trames d’eau et d’îlots de fraîcheur : la Petite Ceinture rendue aux Parisiens, un espace de promenade et de détente et un lieu pour faire du sport. Nos propositions : ouvrir les 40 hectares (deux fois le jardin du Luxembourg) de la « Petite Ceinture », aujourd’hui négligée, pour en faire un lieu de promenade et de loisirs.

Source : programme d’Agnès Buzyn

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
86,5 M€
ESTIMATION DU CANDIDAT
79 M€
Détail
HYPOTHÈSE BASSE
53 M€
HYPOTHÈSE HAUTE
120 M€
Répartition du coût
100 % ville
Temporalité
Sur la durée du mandat

Que faut-il en retenir ?

La proposition consiste à transformer une partie de la petite ceinture, voie ferrée de 32 km – dont 23 inusités et non ouverts au public – qui ceint la capitale, en une ceinture verte, qui comprendrait par exemple “une promenade piétonne, des équipements sportifs, des espaces pour déjeuner, se reposer, travailler ou se divertir…”.

Progressivement abandonnée, sauf dans sa partie Nord-Ouest, la voie ferrée de la petite ceinture constitue aujourd’hui un espace quasi sauvage en pleine ville, qui reste fermé au public malgré quelques aménagements ponctuels. Son ouverture et son aménagement permettraient ainsi de créer un espace vert accessible aux Parisiens, Paris restant aujourd’hui, aux yeux de beaucoup, une ville peu arborée et fortement bétonnée.

SNCF Réseau a confié à la ville l’aménagement et la gestion des emprises de la Petite Ceinture, qui reste toutefois propriété de SNCF Réseau. Cet acteur reste attentif à la réversibilité de l’usage de la Petite Ceinture : les aménagements construits jusqu’à présent sont donc généralement non pérennes et n’interdisent pas un éventuel retour ultérieur à l’exploitation ferroviaire. Ils ne concernent pas non plus les zones restant exploitées par la SNCF.

Selon nos chiffrages, en fonction du scénario retenu, le budget prévisionnel irait ainsi de 53 M€ (initialement chiffrés en investissement par la ville de Paris, avant retrait du projet en septembre 2018) à 120 M€, correspondant à l’hypothèse d’un aménagement de la petite ceinture en parc, soit 3 M€ par hectare pour 40 hectares aménagés, sur l’exemple du Parc André-Citroën par exemple.

Il convient d’interroger l’impact écologique du projet : en effet, préservée de la présence humaine, la petite ceinture est devenue un espace important pour la biodiversité. En fonction des aménagements envisagés, mais aussi du fait de l’ouverture au public, le risque d’une dégradation de cette biodiversité peut apparaître. Néanmoins, l’équipe de campagne précise que le projet prévoit aujourd’hui de préserver le caractère naturel des emprises de la petite ceinture, comme c’est aujourd’hui le cas sur les parties partiellement ouvertes au public.

Détail du chiffrage

Contexte de la mesure

Selon la candidate et conformément aux informations fournies par son équipe de campagne, contactée, il s’agit d’aménager “une promenade piétonne, des équipements sportifs, des espaces pour déjeuner, se reposer, travailler ou se divertir… Nous lancerons un appel à projets associatifs et entrepreneuriaux pour l’animation des anciens quais, gares et locaux techniques. Les Parisiens pourront voter pour choisir ces projets.”

Cette proposition vise donc à ouvrir et aménager des espaces verts aujourd’hui à l’abandon et donc inaccessibles au public. Avec seulement 8,8 % de couverture arborée (parcs exclus) en 2015, la capitale française est encore très éloignée de grandes métropoles internationales comme Singapour (29,3 %), Vancouver (25,9 %), Francfort (21,5 %) ou même New York (13,5 %) et Londres (12,7 %), selon le comparateur Treepedia du MIT Senseable City Lab.

La petite ceinture est à l’origine une voie ferrée, mise en service progressivement dans les années 1850 pour désengorger le centre de la capitale et utilisée pour le transport de voyageurs jusqu’en 1934. Avec l’abandon progressif de cette voie au profit du métro, la petite ceinture est devenue un espace mi-urbain, mi-sauvage, propriété de SNCF Réseau. 

Selon l’équipe de campagne, contactée, sur les 32 km, une vingtaine seulement peut faire l’objet d’un aménagement et d’une ouverture au public suite à un accord entre la Ville et SNCF Réseau. Seuls 8 km sont ouverts en 2020, dans des conditions d’aménagement inférieures à la proposition de la candidate. L’équipe de campagne précise que la petite ceinture ne se limite pas au seul tracé des voies : elle comprend des espaces sur le côté des voies, des surlargeurs ponctuelles, d’anciens locaux, quais, etc., et un patrimoine immobilier de 10 400 m2, répartis entre 20 bâtiments, auxquels pouvaient s’ajouter près de 20 000 m2 en extension ou limite de parcelle. 

Depuis 2006, des accords entre la Ville de Paris et SNCF Réseau ont progressivement visé à ouvrir le plus grand nombre de tronçons possibles au public. Consécutivement à la signature d’un protocole d’accord en 2015, SNCF-Réseau et la ville de Paris ont établi des conventions de transfert d’utilisation à la ville (superposition d’affectation et transfert de gestion). Les parties se sont fixé pour objectifs : la valorisation urbanistique du site ; la création d’espaces naturels ouverts au public ; l’aménagement de lieux d’activités culturelles, sportives, économiques et commerciales ; la densification urbaine dans les surlargeurs.

Ces conventions stipulent que les emprises sont confiées à titre gratuit à la ville de Paris qui assume en retour l’entretien, la gestion courante, et la surveillance des espaces. La Ville peut aménager ces espaces, en respectant deux contraintes : la réversibilité pour un usage ferroviaire (i.e. pas de construction pérenne sur le volume de la voie de chemin de fer) ; et la préservation du caractère linéaire du site (ne pas isoler une section par un aménagement permanent).

Quelques sentiers sont d’ailleurs déjà aménagés, comme le sentier nature du 17ème, le jardin partagé à Ornano dans le 18ème ou celui rue Coulmiers dans le 14ème.

La petite ceinture s’étend sur environ 32 km et longe de nombreux équipements sportifs et espaces vertes, dont les deux bois parisiens. 

Coût budgétaire 

D’un point de vue budgétaire, le projet d’ouverture des séquences supplémentaires de la Petite Ceinture ferroviaire à des usages nouveaux et au public a été inscrit au programme d’investissement de la mandature 2014-2020 pour une enveloppe prévisionnelle de 15 M€. Les budgets participatifs ont accru cette dotation de 7,5 M€ en 2015, et 4,8 M€ en 2018, pour assurer les travaux nécessaires aux nouveaux usages et au socle des promenades. Ce budget de 28 M€ devait être accru d’une enveloppe de 25 M€, soit 53 M€ que la ville prévoyait d’investir pour satisfaire à la promesse faite en 2014 d’ouvrir la petite ceinture au public. Cet investissement supplémentaire, soumis au Conseil de Paris en Septembre 2018, a finalement été repoussé faute de majorité. Cette somme de 53 M€ constitue une estimation basse. 

Un parallèle peut également être fait avec les aménagements qui ont déjà été menés. En 2011, un tronçon de quelque 1,3 km a été aménagé et ouvert au public, entre les parcs André-Citroën et Georges-Brassens, pour un coût d’environ 4 M€. Dans le 13ème arrondissement, un espace de 1,3 hectares et de 500 mètres de long a été aménagé en 2015, pour un coût d’environ 1,7 M€. En moyenne, cela représente donc un coût de l’ordre de 3-3,5 M€ par km aménagé. Cela représenterait donc un coût de 60 M€ pour 20km.

Le projet de réaménagement évoqué par la candidate s’inscrit dans le cadre des conventions de superposition d’affectation actuelles et se décline, selon les informations fournies par l’équipe de campagne, de la manière suivante : 

  • Revoir certains des aménagements récents pour améliorer leur accessibilité et leur usage :

    • Aménagement bande centrale (150 €/m²) – largeur 8 m / longueur 3700 m, pour un coût total de 4,5 M€ ;

    • Amélioration des accès existants (15/20 accès) – 120.000 € / accès, pour un coût total de 2 M€. 

  • Aménager l’ensemble des secteurs à l’air libre de la petite ceinture :

    • Aménagement bande centrale (400€/m²) – largeur 8 m / longueur 12000 m, pour un coût total de 38,5 M€ ;

    • Aménagement bandes latérales – “sauvage” (80€/m²)  – largeur environ 15 m / longueur 12000m, pour un coût total de 14, 5 M€

    • Sécurisation, éclairage, pour un coût total de 2,3 M€

  • Construire environ 30 nouveaux accès pour permettre de connecter la Petite Ceinture à la ville, avec un prix moyen par accès de 250 000€, soit un coût total de 7,5 M€

  • Aménagements divers (éclairage et sécurisation tunnel et infrastructures) : 6,3 M€

  • Aménagements divers (bancs, prises, fontaines, casiers, poubelles, subvention pour installation sur anciens quais) : 3 M€

Au total, ce chiffrage représenterait, pour la période 2020-2026, 78,6 M€. 

Le choix retenu par la candidate correspond à la technique qui a été mise en œuvre jusqu’alors, pour préserver la réversibilité des usages. Les pistes cyclables s’inscrivent entre et sur les voies ferrées. Les équipements pour promeneurs (bancs, tables, poubelles) et sportifs sont déportés dans les surlargeurs, et ne seraient dans tous les cas pas de nature à compromettre la réversibilité de l’usage de la Petite Ceinture. Les équipements de loisirs, restauration, et culturels sont pour leur part installés sur les plus de 10 000 m2 de patrimoine disponibles (anciens locaux, quais qui peuvent être aménagés). 

Signalons toutefois l’existence dans le passé de projets plus coûteux, comme celui de Nathalie Kosciusko-Morizet en 2014, estimé à 500 M€ par l’Institut Montaigne car constitué de plusieurs projets, ce coût correspond à  l’aménagement de pistes cyclables (7 à 20 M€), la création de trois tunnels de 1 000 à 1 300 m de long chacun (240 à 625 M€), la création de deux passerelles cyclables (3,5 à 20 M€), la création de 18 000 places de stationnement sécurisé pour vélos (27 à 45 M€), l’aménagement de neuf anciennes gares en équipements sportifs ou culturels (10 M€) et la construction de dix bâtiments écologiques (11 M€). 

Effets sur l’environnement

En fonction de l’usage retenu, la mesure pourrait avoir des effets positifs ou négatifs sur l’environnement. Ainsi, la plantation d’arbres permettrait une absorption importante de CO2 (de l’ordre de 0,1 % des émissions parisiennes pour 100 000 arbres – soit en moyenne un arbre tous les 4 m2 sur les 40 hectares envisagés), mais la construction de sites culturels ou sportifs pourrait être polluante. Par ailleurs, alors que la biodiversité s’est fortement développée dans la petite ceinture fermée au public, son aménagement et son ouverture au public pourraient lui être préjudiciables.

Sources