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Marseille

869 815 habitants
Maire sortant Jean-Claude Gaudin (LR)
Transports et mobilités

Rendre le bitume perméable

La candidate Martine Vassal entend, aux termes de son programme présenté sur son site de campagne, « Rendre le bitume perméable »

Source : site de campagne

 

Coût
ESTIMATION INSTITUT MONTAIGNE
100 M€
8 mètres de voirie
ESTIMATION DU CANDIDAT
Estimation
du candidat
non disponible
Détail
HYPOTHÈSE BASSE
75 M€
6 mètres de voirie
HYPOTHÈSE HAUTE
112,5 M€
9 mètres de voirie
Répartition du coût
Surcoût possible tous les 2 à 3 ans du fait de la dégradation rapide de ces types de sol en milieu urbain.
Temporalité
100 % ville

Que faut-il en retenir ?

L’enrobé drainant permet de baisser le bruit des voitures sur les routes, et surtout d’éliminer plus rapidement les eaux de pluies à la surface. En revanche, l’eau conservée dans le sol, en cas de neige, risque de geler en cas de grand froid et de former du verglas. Marseille est toutefois moins sujette à ce risque que d’autres villes de France.

Ville la plus étendue de France, Marseille compte 1 250 km de voies. Le passage au bitume poreux pourrait entraîner un surcoût, selon les hypothèses adoptées, de 75 M€ à 225 M€, à réinvestir tous les 2 à 3 ans. Ce chiffre est à comparer aux 9,3 M€ de budget annuel en 2018 pour l’installation, l’entretien et la réparation de voirie.

Même en renouvelant ce bitume tous les 2 à 3 ans, la chaussée pourrait être rapidement en mauvais état général. En effet, l’usage de ce type de bitume est extrêmement déconseillé en milieu urbain par le Ministère de l’Environnement, du fait de sa dégradation rapide dans les conditions de conduite en ville (freinages et virages fréquents).

Enfin, ce bitume perméable a en théorie un vrai effet positif sur l’environnement, en limitant le ruissellement qui sature les stations d’épuration et peut amener la pollution de la ville vers la mer. A Marseille, il est en revanche peu probable que la protection de la nappe phréatique et la bonne répartition de l’eau dans les sols non artificialisés soient possibles.

Détail du chiffrage

Contexte de la mesure

Marseille est la plus grande ville de France, avec 1 250 km de voies communales.

Le « bitume poreux », ou enrobé drainant, auquel la candidate Martine Vassal propose de recourir pour les voies de Marseille, est déjà utilisé sur une partie du réseau autoroutier, au sud de Dijon, pour limiter les risques de verglas. En effet, il a plusieurs avantages :

  • Limite la stagnation de l’eau sur la chaussée, donc l’aquaplaning et les fissures et déformations liées à cette stagnation ;

  • Limite les effets sonores routiers (réduction de 4 à 8 décibels) ;

  • Améliore la conduite de nuit en limitant les reflets par temps de pluie.

Les revêtements drainants peuvent également permettre la pénétration de l’eau dans les sols, alimentant les nappes phréatiques.

Et plusieurs inconvénients :

  • Il est sensible à l’apparition du verglas – risque à peu près exclu à Marseille –, et nécessite en cas de froid un salage précoce ;

  • Les réparations sont plus coûteuses, le prix du matériau drainant étant supérieur au matériel classique.

Le principal inconvénient est que les granulats de l’enrobé drainant ne sont pas solidaires entre eux, et sont rapidement dégradés par les freinages sur la chaussée. Ainsi, le cisaillement important entraîne une dégradation très rapide des chaussées dès lors qu’il y a des freinages et des virages. L’usage du bitume poreux pourrait être ainsi fortement déconseillé à Marseille du fait des bouchons fréquents. Ce cisaillement mène le Ministère de l’Environnement à fortement déconseiller l’utilisation de ce matériel sur les voies urbaines.

Coût budgétaire

Le coût budgétaire est difficile à évaluer. Pour un particulier, le surcoût d’achat d’un bitume drainant par rapport à un bitume classique est de l’ordre de 20 euros par m2.

Toutefois, du fait de l’achat d’importantes quantités pour l’ensemble de la ville de Marseille, une économie d’échelle pourrait être réalisée. Dans ces conditions, en prenant l’hypothèse que le surcoût serait de 10 euros par m² (50 % inférieur à celui appliqué aux particuliers), sans compter le surcoût en main d’œuvre, qui pourrait être absorbé avec une formation adéquate, si les agents de voirie actuels pouvaient poser eux-mêmes le bitume poreux. Toutefois, du fait de la dégradation rapide et de l’obligation de procéder à davantage de pose, il est probable que le nombre actuel d’agents de voirie ne suffise pas.

Marseille compte 1 250 km de voies. Si l’on compte en moyenne, toutes voies confondues, 6 mètres de largeur de chaussée, ces voies représentent 7 500 000 m2.

Hypothèse de largeur moyenne de voirie à Marseille en m

Surface à couvrir en m2

Surcoût pour le bitume perméable, par m2, en €

Surcoût total pour l’achat de bitume perméable par rapport au bitume simple, en M€

6

7 500 000

10

75

8

10 000 000

10

100

9

11 250 000

10

112,5

 

Pour un enrobé bitumineux classique, le renouvellement se fait en moyenne tous les dix à quinze ans. La très rapide dégradation du bitume poreux en milieu urbain pourrait conduire à une rénovation tous les deux à trois ans. Cette fréquence accrue pourrait mener à recruter de nouveaux agents de voirie, ou faire appel à une main d’œuvre externe.

Le bitume perméable pourrait permettre finalement une meilleure gestion des eaux, et limiter les coûts de fonctionnement et d’investissement dans les stations d’épuration des eaux pluviales. Cet effet est difficilement mesurable.

Effets sur l’environnement

L’imperméabilisation des sols entraîne un accroissement des risques d’inondation, une diminution de l’alimentation des nappes phréatiques, un accroissement des coûts d’assainissement et des risques de surcharge des stations d’épuration et une augmentation du ruissellement entraînant des risques accrus de pollution des rivières et des nappes phréatiques.

Un bitume poreux pourrait permettre de limiter ces désagréments. Si une étude plus poussée serait nécessaire, il est cependant probable que le ruissellement limité par la pose d’un tel bitume pourrait limiter une partie de la pollution maritime, et entraîner une meilleure gestion de l’épuration des eaux pluviales.

 

Sources