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Jean-Luc Mélenchon
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BIOGRAPHIE

Jean-Luc Mélenchon est un homme politique français. Il est le candidat de La France Insoumise à l'élection présidentielle de 2022.


Né en 1951 à Tanger, il est diplômé d’une licence de philosophie et de lettres modernes de l’Université de Besançon. Il passe le CAPES en 1976 et devient professeur de français. Il collabore également avec plusieurs titres de presse comme La Voix du Jura. Militant dès le lycée, il adhère à l’UNEF dès son entrée à l’université.

Il entre au Parti socialiste en 1977. En 1981, il est nommé premier secrétaire du bureau socialiste de François Mitterrand de l’Essonne, où il réalisera une grande partie de sa carrière politique. Il en est conseiller régional de 1985 à 1992 puis de 1998 à 2004 (période où il est aussi président délégué du conseil général), avant d’en devenir sénateur de 1986 à 2000 et de 2004 à 2010.

En 2000, il est nommé ministre délégué à l’Enseignement supérieur dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il est élu député européen en 2009 et réélu en 2014. En 2008, il quitte le parti socialiste et fonde le Parti de Gauche. Il se présente à l’élection présidentielle de 2012 en tant que candidat de la coalition du Front de Gauche (à laquelle son parti a pris part).

En 2016, il fonde le parti de La France Insoumise et se présente à l'élection présidentielle de 2017 où il est éliminé au premier tour après avoir recueilli 19,6 % des suffrages.

En novembre 2020, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2022.
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Synthèse des chiffrages

Le programme de Jean-Luc Mélenchon entraînerait un budget en déséquilibre, qui augmenterait le déficit public de 218,9 Md€ par an selon l’Institut Montaigne. Le candidat propose notamment des dépenses nouvelles importantes en faveur des retraités (- 85,8 Md€ par an) et du service public de la santé (- 40 Md€ par an). Ces mesures seraient partiellement financées par un alourdissement de la fiscalité des entreprises (+82,5 Md€ par an) et des ménages (+ 26 Md€ par an).

Économies
Par l'Institut Montaigne
112,7 Md€
Par le candidat
267 Md€
Dépenses
Par l'Institut Montaigne
-331,6 Md€
Par le candidat
-250 Md€
Total
Par l'Institut Montaigne
-218,9 Md€
Par le candidat
+17 Md€


Contexte économique


Avec un niveau de dette publique de 112,9 points de PIB, la France fait partie des pays endettés, voire très endettés de la zone euro. La baisse des prélèvement obligatoires décidées depuis 2017, les mesures favorables au pouvoir d’achat mises en œuvre dans le contexte du mouvement des « gilets jaunes » et, bien sûr, l’impact majeur de la crise sanitaire, ont conduit à une forte dégradation du déficit public, qui s’établit à 6,5 % du PIB en 2021.

En l’absence de mesures d’économies, le déficit public serait encore proche de 4 % du PIB en 2027, portant le ratio de dette publique à plus de 120 points, des niveaux qui pourraient être encore plus dégradés par les mesures publiques de compensation du renchérissement des produits énergétiques. Pour atteindre une cible de déficit de 2,7 % à l’horizon 2027, un effort de 15 Md€ d’économies devrait être fait, chaque année, au cours du prochain quinquennat.



Dépenses et baisses d’impôts


Selon les estimations de l’Institut Montaigne, le candidat propose 331,6 Md€ de dépenses nouvelles supplémentaires et 0,4 Md€ de baisses de prélèvements obligatoires, chaque année. Ces mesures bénéficieraient en particulier aux retraités (85,8 Md€) et au service public de la santé (40 Md€), tant par le remboursement accru des soins que par la revalorisation et le recrutement de personnels de soin. L’éducation serait également soutenue à hauteur de 34,2 Md€, en particulier par la réduction des effectifs à 19 élèves par classe.

Thématique Principales mesures Coût (en Md€ par an)
Retraites Rétablir la retraite à 60 ans après 40 années de cotisation 85,8
Environnement Lancer un plan de 200 Mds€ d’investissements écologiquement et socialement utiles 29 (1)
Société Création d’une conscription citoyenne 18,5
Santé Instaurer le 100 % sécu en remboursant les soins de santé prescrits à 100 % et intégrer les mutuelles dans la Sécurité sociale 17,1
Solidarités Créer une garantie d’autonomie 15
Solidarités Financer l’autonomie des jeunes détachés du foyer fiscal parental grâce à la garantie d’autonomie 14,8
Emploi Créer une garantie d’emploi au bénéfice des chômeurs de longue durée 14,3
Éducation Rattraper le gel du point d’indice depuis 2010 et revaloriser les grilles salariales des enseignants 13,4
Divers Autres mesures* 123,7
  Total estimé par l’Institut Montaigne 331,6
Pour information, estimation totale du candidat 250

*Autres mesures :

Ce total est nettement supérieur à l’estimation du candidat, qui envisage 250 Md€ de dépenses supplémentaires. L’écart de plus de 80 Md€ avec le chiffrage de l’Institut Montaigne représente plus de 2,5 points de PIB, soit l’équivalent du niveau de déficit public en amont de la crise sanitaire.

(1) La dépense supplémentaire de 200 Md€ est estimée être un cumul sur la durée d’un quinquennat, correspondant donc à une dépense nouvelle de 40 Md€ sur cinq ans. Par ailleurs, l’ensemble des dépenses n’ont pas un impact sur le déficit public. À la lumière des dépenses des précédents plans d’investissement (notamment les PIA), il peut être estimé que l’impact sur le déficit public soit de 29 Md€ par an.



Économies et hausses d’impôts


Selon les estimations de l’Institut Montaigne, le candidat propose 112,7 Md€  de mesures nouvelles d’économies ou de recettes fiscales ou sociales, susceptibles de réduire le déficit public. Ces mesures de recettes reposent principalement sur un alourdissement de la fiscalité des entreprises (82,5 Md€) et des ménages, tant sur les revenus (12 Md€) que sur le patrimoine (5 Md€) et les successions (9 Md€).

Thématique Principales mesures Économies (en Md€ par an)
Compétitivité & économie Annuler les principales mesures d’allègement des prélèvements pour les entreprises (CICE, pacte de responsabilité et plan de relance sur les impôts sur le production notamment) 39
Compétitivité & économie Instaurer un impôt universel pour les multinationales  18
Compétitivité & économie Relever les cotisations sociales vieillesse et soumettre à cotisation l’épargne salariale  16,5
Pouvoir d’achat Réformer l’impôt sur le revenu (suppression du quotient conjugal, maîtrise de niches telles que l’emploi à domicile et renforcement de la progressivité 12
Compétitivité & économie Instaurer une taxe sur les transactions financières  9
Pouvoir d’achat Renforcer l’impôt sur les successions supérieures à 12 M€ 9
Fiscalité Imposer les revenus du capital comme ceux du travail et réinstaurer l’ISF, transformé en ISF climatique  5
Divers Autres recettes dont monopole de production du cannabis, réforme de la taxe foncière et taxe sur les entreprises qui ont surperformé durant la crise sanitaire et d’autres mesures*). 4,2
  Total estimé par l’Institut Montaigne 112,7

*Autres mesures :

L’écart entre l’estimation de l’Institut Montaigne et celle du candidat (112,7 Md€ contre 267 Md€ selon le candidat) vient notamment de mesures de recettes supplémentaires dont la matérialisation est trop incertaine pour être prises en compte, telles que les recettes à attendre d’une plus grande lutte contre la fraude et l’évasion fiscale (estimées à 26 Md€ par le candidat) ou de mesures insuffisamment détaillées pour donner lieu à un chiffrage.



Bouclage macrofinancier


L’examen des mesures du candidat conduit l’Institut Montaigne à estimer que leur mise en œuvre accroîtrait le déficit public d’environ 219 Md€. D’après l’estimation de l’Institut Montaigne, le total des mesures en hausse de dépenses ou en moindres recettes s’élèverait à 331,6 Md€. Les mesures de recettes fiscales additionnelles s’élèveraient à 112,7 Md€.

En ordonnant les mesures annoncées en mesures de dépenses et en mesures de recettes (voir tableau ci-dessous), le programme économique du candidat conduirait à une hausse de la dépense publique de 331,6 Md€, soit 11 points de PIB, et à une hausse des prélèvements obligatoires de 112,7 Md€ soit près de 3,8 points de PIB. Le déficit public augmenterait donc d’environ 7,2 points de PIB.

Impact budgétaire des mesures annoncées et impact sur le solde public, en Md€ :

Dépenses Recettes Impact sur le solde public 
Économie de dépense / hausse de prélèvements par an
0 112,7 112,7
Hausse de dépense / baisse de prélèvements par an
– 331,6 0 -331,6
Total par an
– 331,6 112,7 -218,9

*Un nombre positif signifie une amélioration du solde public, un nombre négatif une dégradation.

La hausse du déficit pourrait être atténuée par les recettes supplémentaires induites par la hausse de l’activité permise par certaines mesures de soutien au pouvoir d’achat et de dépenses publiques de fonctionnement ou d’investissement. Cet effet retour macroéconomique ou bouclage keynésien pourrait réduire le déficit de 30 à 50 %. Après cet effet, la hausse du déficit pourrait être contenue entre 3,6 et 5,0 points de PIB.

Cependant, la hausse très nette du déficit, en partant d’une situation déjà dégradée des comptes publics, pourrait conduire à un renchérissement marqué des conditions de financement de la dette française. En particulier, situé à environ 4 points de PIB en 2027 dans le scénario central de l’Institut Montaigne, le déficit public se situerait si ce programme était mis en œuvre entre 7,5 et 9 points de PIB en 2027. Ce niveau de déficit serait exceptionnellement élevé par comparaison aux autres pays européens, au point sans doute de susciter de la défiance chez les investisseurs détenteurs de la dette française. La hausse des coûts de financement de l’État qui s’en suivrait pourrait d’une part limiter fortement l’impact positif des mesures en dépenses sur l’activité, et d’autre part alourdir la charge d’intérêt, conduisant à une dégradation accrue du déséquilibre des comptes publics.

Par ailleurs, ce niveau de déficit considère que le programme n’a pas d’effet économique. Or les hausses de fiscalité sont essentiellement concentrées sur les entreprises. Un tel choc fiscal concentré sur les entreprises ne s’est jamais vu en France (3) et ne peut qu’avoir un impact sur l’emploi. Ces effets n’ont pas été pris en compte dans les chiffrages de ce programme.

(3) Entre 2010 et 2013, les hausses de prélèvements étaient moindres et celles-ci portaient à la fois sur les entreprises et les ménages.



Soutenabilité


Les finances publiques en 2021 restent fragiles. La trajectoire de déficit est globalement croissante sur les dernières décennies. Malgré la bonne surprise révélée par l’Insee lors de la publication récente des comptes annuels des administrations publiques par rapport aux dernières prévisions du Gouvernement, le déficit public représente 6,5 points de PIB en 2021 et le taux de dépenses publiques 59,2 points de PIB, un taux très rarement atteint par les pays de l’OCDE au cours des décennies passées.

Avec 331,6 Md€ de dépenses supplémentaires et malgré une hausse des prélèvements obligatoires de 112,7 Md€, le déficit public augmenterait donc de manière très massive. La différence de trajectoire par rapport au déficit « tendanciel » augmenterait de manière très massive. En supposant qu’un grand programme d’économies correspondant à 15 Md€ (en € 2027) d’économies chaque année débuterait en 2028 (4), il faudrait attendre 2051 pour atteindre un solde public à l’équilibre.

A titre illustratif, nous représentons dans les graphiques ci-dessous une trajectoire « bouclage keynésien » qui tient compte de potentiels effets bénéfiques du programme du candidat, via l’activité économique, sur les finances publiques. Ce scénario de bouclage keynésien doit être lu avec prudence dans la mesure où la situation particulièrement dégradée des finances publiques risque de conduire à un durcissement des conditions de financement de l’ensemble de l’économie, ce qui neutraliserait largement ces potentiels effets bénéfiques. Ces simulations montrent néanmoins que, même en prenant en compte de tels effets dans le cas où il se matérialiseraient, la soutenabilité des comptes publics ne serait pas acquise en fin de quinquennat.

 

La dette publique augmenterait également de manière très importante, comme le montre le graphique ci-dessous et même en prenant les hypothèses économiques les plus optimistes (modèle keynésien persistant dans ce contexte (5)). La dette augmenterait à un rythme de près de 8 points de PIB par an en fin de quinquennat, soit un rythme nettement supérieur à certains précédents retournements conjoncturels (en particulier 1993 et 2002).

 

 

Même avec des mesures de redressement économiques de 15 Md€ par an après 2027, l’endettement continuerait à croître longtemps après le quinquennat. Dans un scénario tendanciel de long terme (avec une croissance tendancielle du PIB de 1 % / an et des prix de 1,75 % / an), la dette publique ne pourrait redescendre en dessous de 100 points de PIB qu’en 2063 et en dessous de 60 points de PIB qu’en 2082 (cf. graphique ci-dessous).

Une croissance sur toute la période de 1,3 % en volume diminuerait ces deux dates à respectivement à 2052 et 2063. Un surcroît d’inflation d’un point sur 10 ans diminuerait entre 10 et 15 points le taux d’endettement à l’issue de la période considérée et de l’ordre de 5 ans les dates évoquées ci-dessus pour passer en dessous du seuil de 100 points de PIB de dette. Un choc limité d’inflation ne pourra donc pas « sauver » la situation financière du pays.

 

 

Au total, sans économie supplémentaire, le programme risque de placer le pays dans une trajectoire d’insoutenabilité forte, mettant en risque la souveraineté de la France. Si le candidat veut rester dans une perspective de soutenabilité des finances publiques et donc de souveraineté du pays, il n’aura vraisemblablement d’autre choix que de renier plusieurs de ses engagements de campagne. Sans cela, compte tenu de ce niveau de déficit et d’une absence de trajectoire de redressement des finances publiques, les marchés financiers pousseraient très vraisemblablement la France à sortir de la zone euro.

 

NB : Les synthèses des chiffrages ont été réalisées uniquement pour les candidats dont les programmes ont fait l’objet d’un nombre de chiffrages suffisamment important de la part de l’Institut Montaigne.

(4) Correspondant au rythme recommandé par la Commission européenne de 0,5 point de PIB par an de redressement structure.

(5) Le modèle keynésien correspond à une élasticité de 0,5 point des dépenses et des moindres recettes sur le PIB, c’est-à-dire que 10 Md€ de dépenses supplémentaires ou de baisses d’impôts supplémentaires conduisent à un accroissement du PIB de 5 Md€ de manière pérenne. Cette méthode de calcul est très favorable aux programmes qui ne tiennent pas leurs finances publiques et ne reposent sur aucune base théorique.



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