twittertwitter  facebook  linkedin  youtube  instagram
Communiqué de presse À Paris, le 29 avril 2025




Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans
Découvrir les résultats de l'enquête

Ces dernières années, les débats sur le travail se sont concentrés sur la réforme des retraites, mettant en retrait une importante catégorie d’actifs pourtant essentielle pour notre avenir : les jeunes. À quelques jours de la fête du travail, l’Institut Montaigne dévoile une nouvelle enquête de terrain menée à l’automne 2024 auprès de 6 000 jeunes : Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans. Cette étude ouvre une séquence de publications visant à décrypter la jeunesse, le monde du travail, et la relation complexe qui les unit, dans la continuité de nos précédents travaux (Une jeunesse plurielle - 2022 ; Les Français au travail : dépasser les idées reçues - 2023). Elle a été conduite par trois chercheurs : Yann Algan, doyen des programmes pré-expérience et professeur d’économie à HEC ; Olivier Galland, directeur de recherche émérite au CNRS ; et Marc Lazar, expert associé à l’Institut Montaigne et professeur émérite à Sciences Po.

"Notre enquête montre que l’insatisfaction ressentie en matière de bien-être au travail est très fortement associée à la qualité des efforts réalisés par l’entreprise dans ce domaine. Un tiers des jeunes ressentent un décalage important entre leurs attentes et la réalité de leur emploi, ce qui souligne qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité de vie au travail et favoriser l’épanouissement professionnel." - Olivier Galland, Directeur de recherche émérite au CNRS.

""J'avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie" écrivait Paul Nizan. Nos jeunes de 16 à 30 ans pourraient reprendre cette phrase à propos de leur rapport au travail. Ils l'attendent, ils l'espèrent, ils l'exercent mais sont parfois déçus par leur rémunération, leur insatisfaction en matière de qualité de vie et un management qu'ils ne comprennent pas voire qu'ils contestent." - Marc Lazar, Expert associé à l’Institut Montaigne et professeur émérite à Sciences Po.

80 % des jeunes se disent prêts à travailler, même sans besoin financier

Le premier enseignement de notre enquête vient balayer les discours sur la jeunesse démotivée : les jeunes restent attachés au travail. Cependant, elle montre l’émergence d’un rapport au travail centré sur la qualité de vie professionnelle : absence de stress, équilibre entre temps de vie au travail et temps libre, reconnaissance, etc.

Chez les jeunes actifs, les risques psychosociaux, comme le stress, ont un impact bien plus important sur la satisfaction au travail que les risques physiques. Ainsi, les résultats montrent que les jeunes ne rejettent pas le travail, mais recherchent un emploi davantage en phase avec leurs attentes, notamment en matière de bien-être professionnel.

Notre enquête révèle par ailleurs une réalité alarmante : les jeunes sont confrontés au harcèlement moral (27 % des jeunes actifs déclarent l’avoir subi) et sexuel (9 %) en entreprise.

66 % des jeunes ayant déjà travaillé perçoivent
un décalage entre leurs attentes et leur réalité professionnelle

Bien que globalement plutôt satisfaits au travail, ce décalage provoque des désillusions chez de nombreux jeunes, avec un fort impact sur leur satisfaction professionnelle.

Ce phénomène touche davantage les plus diplômés et les formations universitaires généralistes (lettres, sciences humaines et sociales), qui ont des attentes généralement plus élevées que les jeunes issus de formations professionnelles. Les filières de services, où les femmes sont surreprésentées, sont davantage concernées que les filières de production.

Ce fossé entre attentes et réalité est aussi la source d’un attrait pour l’indépendance : 60 % des jeunes salariés envisagent de quitter leur entreprise d’ici 5 ans, bien qu’ils déclarent rechercher la stabilité professionnelle.

52 % des jeunes portent un regard critique sur leur orientation

Notre enquête révèle également l’importance de l’orientation scolaire et professionnelle dans les parcours. Elle est un facteur de frustration durable qui s’intensifie après l’entrée dans la vie active : 18 % des étudiants se déclarent insatisfaits contre 30 % chez les actifs avancés (25-30 ans).

Les organismes officiels, dont c’est pourtant la fonction première, arrivent en bas du classement des personnes ou institutions qui aident les jeunes à s’orienter, derrière les proches (71 % des jeunes sont accompagnés par leur mère) et internet (69 %).

Par ailleurs, le dispositif Parcoursup génère du stress chez 77 % des jeunes, y compris ceux qui ont vu leurs vœux totalement satisfaits. Malgré les difficultés rencontrées, la majorité des jeunes (70 %) souhaitent une amélioration plutôt qu’une suppression du dispositif.

90 % des jeunes acceptent l’autorité sans réserve ou à condition d’être convaincus

Autre idée reçue démentie par notre enquête : les jeunes ne s’opposent pas massivement à l’autorité, à condition qu’elle soit légitime.

Cependant, si l’appréciation globale du management est plutôt positive, un tiers des jeunes a une appréciation critique des efforts de leur entreprise en matière de bien-être au travail. Ce malaise est plus vif chez les jeunes femmes, les salariés en détresse psychologique, et ceux dont les attentes ont été déçues par la réalité de l’emploi.

Rapport au travail et à la politique :
un fort désengagement et une polarisation chez les jeunes actifs

Près d’un jeune sur deux (49 %) ne se reconnaît dans aucun parti, tandis que ceux qui expriment une préférence penchent massivement vers les extrêmes : 33 % vers la droite radicale, 25 % vers la gauche radicale.

Cependant, le mal-être au travail n’apparaît pas comme un facteur déterminant de radicalisation politique chez les jeunes. Seule exception : les jeunes hommes satisfaits de leur emploi, qui sont plus enclins à soutenir la droite radicale. Les préférences politiques semblent davantage liées à des facteurs identitaires, éducatifs ou sociaux.

Découvrir les résultats de l'enquête
À propos de l’Institut Montaigne

Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros.

Nicolas Masson
Chargé de projets communication et relations presse
01 53 89 05 70
press@institutmontaigne.org

Visualiser en ligne

Se désinscrire de cette liste

© INSTITUT MONTAIGNE 2025


Institut Montaigne

twitter  facebook  linkedin  youtube  instagram
Visualiser en ligne

Se désinscrire de cette liste

© INSTITUT MONTAIGNE 2025
Institut Montaignetwitter  facebook  linkedin  youtube  instagram