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28/08/2017

Ça roule à Amsterdam : entretien avec Alexandra Van Huffelen, PDG du réseau de transport GVB Amsterdam

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Ça roule à Amsterdam : entretien avec Alexandra Van Huffelen, PDG du réseau de transport GVB Amsterdam
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?Si vous voulez que les citoyens modifient leurs habitudes de transport, vous devez rendre ce changement le plus simple possible?. Pour Alexandra Van Huffelen, présidente-directrice générale de GVB Amsterdam, la thématique de la mobilité doit être abordée avec pédagogie et se fonder sur les résultats d'études minutieuses sur les habitudes de la population.

GVB est l'opérateur des transports publics municipaux de la ville d'Amsterdam, gérant les métros, trams, bus et ferries de l'aire métropolitaine d'Amsterdam. 211 millions d'usagers utilisent leurs services chaque année.

 

 

Quels sont les modes de transport les plus utilisés aux Pays-Bas, et pourquoi ?

Au niveau national, la moitié des trajets sont effectués en voiture, ce qui fait d'elle le moyen de transport préféré des Hollandais. Les vélos représentent 27 % des voyages, et sont particulièrement utilisés pour de courtes distances : c’est une proportion remarquable. Cela s'explique principalement par des raisons culturelles. Les vélos ont toujours été au cœur de "l’art de vivre hollandais". Ils sont perçus comme une alternative facile, rapide, accessible et relativement confortable à la voiture pour les courtes distances. Les autorités publiques – à Amsterdam, par exemple – ont compris cela et ont beaucoup investi dans des pistes cyclables : 50 % de l’ensemble des trajets effectués dans la capitale le sont à vélo !

Les transports publics ne sont, quant à eux, privilégiés que pour 5 % de l’ensemble des trajets. Même s’ils restent un moyen de déplacement efficace et économique entre les villes et au sein des centres villes, ils ne représentent qu’un faible pourcentage de l’ensemble des trajets. Les hollandais préfèrent utiliser leur voiture pour les longues distances, et tendent à favoriser la marche à pied ou bien le vélo pour les trajets plus courts. Ainsi, à l’échelle du pays, les voitures restent essentielles pour une large proportion de la population, et ce, pour deux raisons principales : les Pays-Bas bénéficient d’un bon réseau d’infrastructures autoroutières et un nombre important de trajets ne sont en réalité que des allers-retours entre les villes, plus facilement réalisés en voiture.

Quelles sont les solutions mises en œuvre à Amsterdam pour limiter le nombre de véhicules dans le centre-ville ?

Les embouteillages restent une véritable problématique à Amsterdam, la capitale bénéficiant d’un important centre-ville historique, avec des rues étroites, qui rendent la circulation difficile.

Que ce soit en raison de la croissance de la population locale, du nombre de touristes ou encore de la mobilité des travailleurs, on assiste à un inévitable accroissement du nombre de véhicules dans la capitale néerlandaise. Pour s’attaquer à cette problématique, la ville souhaite rendre Amsterdam moins attractive pour les voitures, en développant des incitations spécifiques :

 

 

  • augmenter les frais de parking à 5 euros par heure, et parfois même, autoriser le stationnement uniquement pour une période de temps limitée ;
  • limiter le nombre de routes qui traversent le centre-ville. La ville a lancé un plan d’investissement de 200 millions d’euros sur une période de 10 ans dans les transports publics ainsi que dans les pistes cyclables et les bandes piétonnes ;
  • installer des parking-relais en périphérie de la ville afin d'encourager les conducteurs à laisser leurs voitures en dehors de la ville et à utiliser les transports publics pour se rendre dans le centre-ville. A l’heure actuelle, la plupart des voitures stationnées se trouvent le long du canal, donnant ainsi une image négative de la ville.

Y a-t-il une stratégie hollandaise globale en termes de contrôle de la pollution ? Si oui, les voitures jouent-elles un rôle spécifique dans cette stratégie?

Les grandes villes des Pays-Bas rencontrent des difficultés à respecter les objectifs européens en termes de pollution. Elles tendent à concentrer leurs efforts sur les pollutions les plus visibles, délaissant les particules fines dont les conséquences néfastes sur la santé ne sont plus à démontrer, que ce soit sur le taux de natalité, la santé des personnes âgées, etc. C’est donc à l’échelle locale qu’il convient d’agir en priorité.

Amsterdam a ainsi engagé un certain nombre de mesures qui visent à limiter la pollution. Les nouveaux permis de circulation ne seront désormais accordés qu’aux voitures à essence fabriquées après 1992 et aux voitures diesel fabriquées après 2005. Les bus au sein de la ville seront quant à eux électrifiés, en ce qu’ils constituent une part importante des émissions.

Des efforts ont également été menés par les administrations de la ville pour encourager l’intermodalité, c’est-à-dire la succession de différentes unités de transport pour un voyage d’un point A à un point B. Mais, si vous voulez que les citoyens modifient leurs habitudes de transport, vous devez rendre ce changement le plus simple possible. Autrement, les usagers ne prendront pas la peine de bousculer leurs habitudes.

Il existe également des initiatives intéressantes au niveau national. Le gouvernement a par exemple développé des incitations financières pour que les citoyens achètent des voitures électriques. Ces initiatives sont complétées par le développement d’un nombre important de points de recharge électriques en dehors des villes, afin de promouvoir l’électrification progressive du parc automobile. Enfin, le gouvernement a également adopté des actions plus symboliques, en s’engageant, par exemple, à ce qu’en 2030, tous les trajets effectués par les membres du gouvernement soient électriques.


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