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Communiqué de presse À Paris, le 21 mars 2024




[Scénarios] - La Russie, une puissance crépusculaire ?
Découvrir la note d'éclairage

L’issue de l’élection présidentielle en Russie ne laissait que peu de place au doute : Vladimir Poutine n’a aucune intention de quitter le pouvoir. Mais quel avenir se dessine pour la Russie à l’horizon des 3 à 10 prochaines années ? L’Institut Montaigne poursuit sa série de scénarios de court et moyen termes visant à anticiper les évolutions géopolitiques. Nous publions aujourd’hui une nouvelle note d’éclairage portée par Michel Duclos, Conseiller spécial - Géopolitique et Diplomatie à l’Institut Montaigne et ancien ambassadeur.

Celle-ci examine différents scénarios pour la Russie sur les plans militaire, économique, démographique et politique. Cette note est le fruit d'une longue enquête de terrain de dix mois menée auprès de nombreuses personnalités et experts, en privilégiant des sources russes, ainsi que des acteurs économiques.

"Sous l’effet de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales, la Russie est engagée dans une mutation de sa posture stratégique et de son modèle économique. Cette enquête esquisse le portrait d'une puissance crépusculaire. Si les premiers résultats révèlent un déclin inévitable, la résilience de son économie, ses capacités militaires redoutables et sa volonté politique de redéfinir les structures de l’ordre mondial, font durablement de la Russie une menace dangereuse pour l’Europe".

Michel Duclos, Conseiller spécial - Géopolitique et Diplomatie à l’Institut Montaigne et auteur de cette note.

Une confrontation de longue durée avec l’Occident

L’invasion de l’Ukraine a mis en lumière les faiblesses des capacités militaires russes. Dans le même temps, la Russie a repensé sa stratégie et trouvé de nouvelles sources d’armement (Iran, Corée du Nord). De plus, son industrie militaire tourne à plein régime, les dépenses de défense atteignant 6 % du PIB de la Russie en 2024, un montant sans précédent qui dépasse les dépenses sociales.

Alors que l’issue de la guerre demeure incertaine, plusieurs scénarios sont envisagés : certains favorables à la Russie, comme une défaite ou un recul ukrainien, et d’autres défavorables, comme un renversement du rapport de forces en faveur de l’Ukraine ou un gel du conflit.

Scénario principal : quelle que soit l’issue de la guerre, une confrontation de longue durée avec l’Occident, ou du moins l’Europe, est très probable, qu’il s’agisse d’une Russie galvanisée par un succès ou en quête de vengeance suite à un échec.

Une puissance pauvre tournée vers un capitalisme de guerre

L’économie russe fait preuve d’une remarquable résilience malgré les sanctions occidentales et les conséquences de la guerre. En 2023, la croissance se situe entre 3 et 3,6 %, selon les sources. Ce rebond s’explique par différents facteurs : fortes dépenses militaires, consommation en hausse, remplacement des partenaires commerciaux traditionnels, bonne gestion de la Banque centrale russe…

Cependant, ce qui représente la principale force de l’économie russe est également sa plus grande faiblesse, à savoir sa dépendance aux hydrocarbures et à l’exportation de matières premières. De plus, la fuite des cerveaux et la carence d’apports technologiques de l’Occident devraient avoir un impact significatif sur de nombreux pans de son industrie. Si la possibilité d’une crise ne peut être écartée, un effondrement soudain de l’économie russe est peu probable.

Scénario principal : une dégradation de l’économie russe progressive sur plusieurs années. L’issue de la guerre et la capacité de la Russie à orienter son économie vers le Sud global seront déterminantes pour son avenir.

La poursuite du déclin du démographique

Vieillissement de la population, faible taux de fécondité, espérance de vie faible... La Russie fait face à un déclin démographique depuis longtemps. À terme, la population russe pourrait chuter à 130 millions d’habitants d’ici 2050, contre 149 millions en 1994.

Si les pertes militaires sont importantes, 120 000 décès depuis février 2022 selon les estimations américaines, c’est surtout dans le long terme que la guerre pourrait accélérer ce déclin. Déjà, les naissances ont baissé de 5 % depuis le début du conflit.

Scénario principal : la trajectoire démographique russe semble irréversible. Une politique sociale appropriée pourrait, au mieux, en atténuer les aspects négatifs, sans pour autant inverser la tendance de fond.

Ni effondrement, ni transformation radicale du régime

Depuis plusieurs années, les équilibres internes au régime se sont déplacés en faveur des siloviki, les forces de renseignement et militaires. Aucune force n’est actuellement en mesure de s’opposer à leur pouvoir. Si une transition ou une évolution du régime devait survenir, celle-ci resterait sous le contrôle des siloviki.

Un accident de parcours reste possible. Certains chocs pourraient bouleverser cet équilibre : une défaite militaire, une crise économique, des dissensions au sein du clan au pouvoir… Néanmoins, étant donné l’état actuel des rapports de force en présence, rien ne permet de penser que les siloviki ne parviendraient pas à rétablir l’ordre.

Scénario principal : que ce soit avec ou sans Vladimir Poutine, un changement de régime en Russie est très peu probable dans les années à venir. De plus, le durcissement du régime (arrestations, limites des libertés individuelles, contrôle des médias) devrait se poursuivre.

Découvrir la note d'éclairage
À propos de l’Institut Montaigne

Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros.

Nicolas Masson
Chargé de projets - communication et relations presse
01 53 89 05 70
press@institutmontaigne.org

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