Au moment, aussi, où l’impatience de la population nécessite, de la part de ceux qui ont "la République en partage", un diagnostic commun et une parole cohérente.
Cette phase d’amélioration relative est précisément le moment favorable pour structurer ce pilotage territorial, en mettant en place, dans chaque département, une cellule associant étroitement les services de l’État et les élus, non dans une démarche de consultation, mais dans un esprit de co-responsabilité. C’est aussi le moment de concevoir, pour ce pilotage, un tableau de bord partagé, avec l’ensemble des informations disponibles, pour que tous les acteurs locaux puissent avoir la vision la plus fine possible de la circulation épidémique, et agir en conséquence.
Tester, alerter, isoler : de l’objectif au mode d’emploi
Dans son allocution, le Président a réaffirmé le rôle déterminant de la chaîne "tester alerter, protéger", définie comme "l’outil le plus important dans les prochaines semaines". De fait, si les mesures restrictives sont maintenues jusqu’au moment où le virus revient à un niveau de circulation suffisamment faible, cette chaîne d’action pourra être un outil de contrôle de l’épidémie. Mais pourquoi peut-elle réussir là où elle a échoué en septembre et en octobre ?
D’abord, parce que notre arsenal de tests sera élargi et rendu plus efficace. Emmanuel Macron a promis des tests PCR avec, en janvier, un délai inférieur à 24h entre la demande de test et son résultat. Une rapidité effectivement déterminante pour assurer l’efficacité du dispositif, et qu’il faudra contrôler avec l’ensemble des données disponibles. Surtout, les tests antigéniques, bientôt utilisés massivement, ont effectivement le potentiel de changer la donne face à la maladie, s’ils sont mis au service d’un ciblage intelligent et évolutif, construit en commun par les ARS et les acteurs territoriaux, et décliné dans l’ensemble des structures capables de mener à bien ces campagnes de tests, depuis les entreprises jusqu’aux établissements scolaires et universitaires, en passant par les collectivités locales, et bien sûr les établissements hospitaliers et médico-sociaux, en particulier les EHPAD. Les dispositions réglementaires récemment publiées ouvrent la voie à cette souplesse tout en garantissant l’indispensable remontée des informations dans le fichier SI-DEP. Mais tout reste à faire pour constituer, dans chaque territoire, cette coalition d’acteurs mettant en commun leur expertise sanitaire, leur connaissance du terrain et leur capacité à susciter l’adhésion de la population dans un contexte de grande lassitude. Tout reste à faire aussi pour accélérer le déploiement des tests salivaires, dont certains conçus et produits en France, qui pourraient constituer un atout précieux dans l’acceptabilité de ces tests.
La stratégie d’alerte, c’est-à-dire de traçage, est elle aussi appelée à évoluer profondément, même si le Président l’a peu évoquée dans son intervention. Au-delà du renforcement des volontaires dédiés à cette tâche, et de l’accent mis sur le rôle de l’application TousAntiCovid (téléchargée par 10 millions de Français), la mise en œuvre d’une stratégie de traçage rétrospectif (backward tracing) est le corollaire indispensable d’une stratégie volontariste de tests des lieux et des communautés à risques. Ce qui implique une refonte du système d’information utilisé pour mener à bien cette recherche, mais aussi un décloisonnement entre les équipes de l’assurance-maladie, celles de l’ARS, et l’ensemble des acteurs locaux qui peuvent concourir à cette identification des lieux à risque, dans une logique préventive et dans un effort constant d’anticipation. C’est sans doute sur ce terrain que l’application TousAntiCovid sera la plus utile, quand elle sera dotée d’un système de scannage de QR code permettant de garder trace des principaux lieux à risque, comme actuellement exploré en Suisse.
Dernier volet de ce triptyque, la question de l’isolement, longtemps restée le maillon faible de cette chaîne sanitaire, va devenir un élément prioritaire.
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