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23/04/2020

Où le coronavirus mènera-t-il les États-Unis ? Tendances de la politique américaine

Où le coronavirus mènera-t-il les États-Unis ? Tendances de la politique américaine
 Heather Hurlburt
Auteur
Directrice de New Models of Policy Change

Comme la plupart des citoyens à travers le monde, les Américains nourrissent l'espoir qu'en cas de danger, leurs dirigeants mettront leurs différends de côté et les protégeront. À l’heure actuelle, les Américains semblent étonnamment d’accord sur la nature du danger et sur les personnes en qui ils peuvent avoir confiance : la majorité affirme aujourd'hui que le coronavirus représente un danger important pour le bien-être tant économique que sanitaire, et que les autorités nationales et locales, ainsi que les responsables nationaux de la santé, y répondent de manière efficace. On pourrait donc penser que le virus réussit là où les personnalités religieuses et culturelles du pays, inquiets depuis de nombreuses années, ont échoué : restaurer un sentiment d'unité nationale et diminuer l'attention portée aux ennemis, internes et externes, qui a submergé la politique américaine ces dernières années.

Mais lorsqu'il s'agit de politique, et aux États-Unis tout est politique, il y a toujours erreur quelque part.

La polarisation devient plus extrême encore

Au départ, le fait de croire ou non en la gravité de la pandémie agissait comme un révélateur partisan et culturel aux États-Unis. McKay Coppins de The Atlantic a publié un article décrivant des membres démocrates de country clubs jouant seuls au golf, se saluant timidement des coudes entre vieux amis, tandis que leurs homologues républicains s'embrassaient et se promenaient ensemble dans des voiturettes de golf. Même pendant le week-end de Pâques, certains ministres chrétiens, principalement dans le sud et l'ouest du pays, ont fait pression sur les responsables de la santé publique pour organiser des services religieux auxquels des centaines de personnes ont assisté. Et la nation entière, pourtant avide de sport, a été prise au dépourvu lorsque l'État de Floride, qui a résisté aux mesures locales de confinement, a déclaré que la lutte, en tant que pratique sportive professionnelle, était une activité "essentielle".

Cependant, de récents sondagesmontrent qu'une forte majorité d'Américains, tant républicains que démocrates, considèrent les maladies infectieuses comme une "menace très sérieuse" pour le pays, l'inquiétude des républicains étant de 5 points supérieure à celle des démocrates, après y avoir été inférieure de 40 points début mars. Et une large majorité des deux partis affirme que les responsables sanitaires nationaux et locaux, ainsi que les centres nationaux de contrôle et de prévention des maladies (Center for Disease Control and Prevention, ou CDC), ou CDC, font du bon travail.

Ces résultats sont en accord avec l'effet "ralliement autour du drapeau" : l’opinion publique, aux États-Unis comme ailleurs, a tendance à soutenir ses dirigeants, même impopulaires, en temps de crise. Le président George W. Bush, par exemple, a vu son taux d’approbation atteindre 90 % au lendemain des attentats du 11 septembre. Ce taux d’approbation est demeuré supérieur à l’époque pré-11 septembre pendant deux ans.

Initialement, le président Trump a ainsi vu sa popularité augmenter, en ligne avec la hausse d'opinion favorable dont ont bénéficié les gouvernements européens de diverses idéologies.

Initialement, le président Trump a ainsi vu sa popularité augmenter, en ligne avec la hausse d'opinion favorable dont ont bénéficié les gouvernements européens de diverses idéologies. Il convient de noter que les citoyens semblent faire davantage confiance à leurs dirigeants, qu'ils soient ou non bien notés pour leur gestion de la crise. Aux États-Unis du moins, cette tendance est conforme à l'expérience passée - les sciences sociales indiquent que les électeurs ont un immense besoin de croire que leurs dirigeants les protègent, et leur accordent le bénéfice du doute.

Mais Trump, contrairement à Bush après le 11 septembre ou aux dirigeants européens d'aujourd'hui, semble avoir rapidement abusé de son regain de popularité. Il est maintenant au niveau - ou au-dessous du niveau - de soutien dont il bénéficiait avant l'arrivée du coronavirus, un président qui - fait inhabituel pour les États-Unis - n'a jamais dépassé 50 % d'approbation publique pendant son mandat.

Si la cote d'approbation de quatre sur dix de Trump peut sembler enviable pour des dirigeants de systèmes parlementaires, elle n'est pas sans poser problème à moins de six mois de la prochaine élection pour le président d’un système bipartite.

En politique, les démocrates suivent les règles du jeu tandis que les républicains passent à l'offensive

Alors que le virus fait rage, les démocrates ont rapidement conclu leur campagne pour élire un opposant au président Trump, en faisant si peu de bruit que le New York Timestitrait "Hello, what’s this? The Dems aren’t in disarray" ("Que se passe-t-il ? Les démocrates n’ont pas sombré dans le chaos"). Après une campagne d’un an au cours de laquelle plus de vingt candidats se sont présentés, et théâtre de débats houleux et d’attaques médiatiques vicieuses, l’ancien vice-président Joe Biden, candidat présumé, et le sénateur Bernie Sanders, son dernier opposant, ont déclaré qu’ils s’aimaient beaucoup et ont créé six comités afin d'harmoniser leurs positions. (La politique étrangère et de sécurité ne figurent pas parmi les sujets qui seront examinés par les comités).

Biden a également contacté le président Trump afin de discuter de la réponse au virus, un contraste saisissant face au va-et-vient incessant entre Trump et les gouverneurs démocrates au sujet de l’équipement médical et des mesures à mettre en place.

Et Biden a finalement obtenu l’appui de l’ancien président Obama, qui demeure extrêmement populaire auprès des démocrates. Ces trois étapes, ainsi que sa promesse de nommer une femme comme co-listière pour la vice-présidence, ont démontré l’ambition de Biden de se présenter comme anti-polarisant, comme figure de rassemblement des idéologies, genres, et races.

Le président Trump et de nombreux responsables républicains ont néanmoins signalé leur intention de faire exactement le contraire, poursuivant et même accélérant le processus par lequel l’administration contrôle ses partisans les plus enthousiastes, et délivre des résultats aux principaux groupes d’affaires et de sécurité du parti républicain, sans jamais atteindre la popularité de la majorité.

L’administration Trump a mis en avant des mesures réglementaires controversées, allant de l’abaissement des normes nationales de rendement énergétique des automobiles à l’assouplissement des règles qui limitent les émissions de polluants toxiques. Personne n’a été surpris de ces mesures de déréglementation, un objectif des forces conservatrices depuis plusieurs années, et annoncées par l’administration. Mais à cela s’ajoutent des changements plus inhabituels : la suspension des inspections régulières de sécurité alimentaire, par exemple. Certains départements du gouvernement ont notamment publié des interprétations du dernier plan de relance économique adopté par un vote bipartite au Congrès, qui ont permis aux banques d’intercepter les chèques de secours des citoyens en les faisant passer pour d’anciennes dettes, et ont ouvert les programmes de prêts aux petites entreprises à d’importants fonds spéculatifs.

L’approche transactionnelle de Trump, qui consiste à récompenser ses amis et punir ses ennemis, est bien connue de ses partenaires internationaux ayant traité avec lui au sujet de l’OTAN ou du commerce. Aussi surprenant que ce traitement infligé aux alliés américains depuis trois ans puisse paraître, celui réservé aux gouverneurs à la recherche de fournitures médicales et d’équipement de protection fut un choc bien plus grand. Les gouverneurs démocrates de New York, du Michigan, du Colorado et du Kansas se sont plaints de ne pas avoir obtenu les équipements qu’ils avaient demandé, ou de voir les fournitures commandées leur passer sous le nez, à la faveur d’acheteurs fédéraux. Trump a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il avait ordonné au vice-président Pence, en charge de la réponse nationale au virus, de ne pas répondre aux appels des gouverneurs qui n’étaient pas suffisamment respectueux. Certains gouverneurs républicains, en revanche, se sont vantés d'avoir obtenu tout ce dont ils avaient besoin; d'autres, républicains comme démocrates, en ont conclu qu’une éloge publique de Trump ou de Pence permettait d’obtenir plus facilement les fournitures nécessaires.

Dans ce contexte, la campagne anti-OMS du président Trump apparaît comme un moyen de tourner à son avantage les lacunes de la réponse américaine. Le fond n’est pas pertinent : ce que fait l’OMS, comment elle pourrait s’améliorer, ou le problème posé par l’influence chinoise. Bien que, d’après les instituts de sondages, une grande majorité d’Américains déclare soutenir la coopération internationale contre le virus, les organes des Nations Unies sont le bouc émissaire habituel des partisans de Trump. Lorsque celui-ci blâme l'OMS pour les décès survenus aux États-Unis, les journalistes se targuent d'avoir l'esprit vif en mentionnant les erreurs de l'organisation. Lorsque les internationalistes protestent, ils renforcent la critique de Trump selon laquelle ils vendraient les intérêts américains à des étrangers, consolidant ainsi sa popularité auprès de sa base.

Preuve que tout revient toujours à la politique présidentielle, chaque démocrate avec lequel Trump se dispute voit son profil politique s’élever. Le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, connu pour son côté acerbe et fils d’un autre célèbre gouverneur de New York qui n’aura jamais atteint la Maison Blanche, a reçu le soutien de la foule pour une potentielle candidature présidentielle, dont il dit ne pas vouloir. Gretchen Whitmer, gouverneur du Michigan, qualifiée quant à elle de "gouverneur défaillante du Michigan" par le président sur Twitter, et à la télévision nationale comme "cette femme du Michigan", est désormais considérée comme la candidate favorite pour le poste potentiel de vice-présidente aux côtés de Biden.

Dans ce contexte, la campagne anti-OMS du président Trump apparaît comme un moyen de tourner à son avantage les lacunes de la réponse américaine.

Décision improbable lors d’une semaine où les États-Unis dépassaient l’Italie en nombre de morts et où New York affichait le taux de mortalité par habitant le plus élevé, un État américain a pris les devants et organisé des élections en personne. Le Wisconsin, État du Midwest, avait contribué à faire pencher la balance pour Trump en 2016. Dirigé depuis par un gouverneur démocrate, le Wisconsin a néanmoins conservé la majorité républicaine au sein de son assemblée législative. Cet organe s'est disputé avec le gouverneur sur la question de l’organisation de l'élection, et du temps nécessaire aux électeurs pour envoyer les bulletins de vote par correspondance. La bataille électorale s'est poursuivie jusqu'à la Cour suprême des États-Unis, où les cinq juges nommés par les républicains ont voté en faveur d'une réduction du vote par correspondance. Dans le même temps, les autorités électorales ont réduit le nombre de bureaux de vote à Milwaukee, une ville majoritairement non blanche d'un demi-million d'habitants, à cinq contre 180 normalement.

Au cas où quelqu'un n'aurait pas compris, Trump a tweeté :

"Les républicains devraient lutter avec acharnement lorsqu'il s'agit du vote par correspondance dans tout l'État. Les démocrates le réclament. Le potentiel de fraude électorale est énorme et, pour une raison ou une autre, ne fonctionne pas bien pour les républicains".

Le coronavirus représente-t-il l’opportunité d’améliorer les élections américaines ?

Les partisans d’une réforme électorale aux États-Unis espéraient que l’irruption du coronavirus au cœur d’une saison électorale très contestée donnerait un nouvel élan à leur tentative d’améliorer et de rendre plus attractif le vote pour la majorité des adultes américains ne votant pas. Ces dernières années, ils ont obtenu des succès notables à l’échelle des États. Plus d'un tiers des États américains enregistrent désormais les citoyens pour qu'ils votent automatiquement, et près de la moitié permet aux citoyens de s'inscrire ou de se réinscrire le jour du scrutin. De plus, vingt États rétablissent désormais le droit de vote des personnes anciennement incarcérées une fois qu'elles ont purgé leur peine. Les élections par correspondance ont gagné en popularité, notamment dans l'Ouest américain, et de nombreux États ont facilité le vote anticipé ou à distance. Le vote à choix multiples, qui permet aux électeurs d'échelonner plus de deux choix, et constitue un antidote aux rigidités du système bipartite américain, a été adopté par un certain nombre de municipalités (dont San Francisco et New York) et par l'État du Maine. D'autres États ont décidé de confier à des commissions non partisanes le soin de tracer les limites des circonscriptions législatives, afin de mettre un terme à la pratique du "remaniement" partisan qui, selon les estimations, affecte les résultats de plus d'un dixième des sièges du Congrès américain.

Mais de nombreuses mesures visant à rendre le vote plus difficile sont également apparues au cours de la dernière décennie. Malgré des soupçons de fraude infimes, et des preuves tangibles que les réglementations dissuadent le vote des minorités, des pauvres et des seniors, plus de la moitié des États ont institué l’obligation de présenter une pièce d’identité avec photo lors du vote, et ce depuis 2006. D’autre part, les États ont retiré 34 millions de noms des listes électorales en seulement quatre ans, ont complexifié la procédure de vote pour les étudiants, et ont menacé les campagnes d'inscription des électeurs de poursuites pénales. La militante des droits civils Sherrilyn Ifill, responsable du Fonds de défense juridique de la NAACP, estime que la tendance est "comparable au début des années 1900, lorsque les États du Sud avaient adopté de nouvelles constitutions qui restreignaient le droit de vote des Afro-Américains".

C’est dans ce contexte que le vote du Wisconsin a eu lieu, que d’autres États ont continué à purger les listes électorales, que 16 États ont reporté les primaires prévues au printemps. Plus de la moitié des États envisagent de tenir les élections présidentielles de novembre par correspondance, comme le font déjà cinq États. Le gouverneur de Virginie a déclaré que le jour des élections 2020 était un jour férié dans son État, comme les quatre seuls autres États où les Américains ont un jour de congé pour voter.

Les activistes de la réforme du vote espéraient que le virus mettrait un terme à la division partisane empoisonnant leurs efforts, mais leurs espoirs semblent avoir été en vain. Lorsque l'État de Géorgie - où un demi-million de personnes ont été rayées des listes électorales avant les élections de 2018 - a envoyé des demandes de vote par correspondance en réponse au coronavirus, le président de la Chambre des représentants de l'État a été consterné : "Cela va certainement faire augmenter le taux de participation", a déclaré le député David Ralston, "et sera extrêmement dévastateur pour les républicains et les conservateurs en Géorgie".

Et ainsi jusqu’en novembre

Cette campagne ne ressemblera à aucun événement récent de l’histoire américaine. D’abord, aucun rassemblement ou débat n’a eu lieu depuis un mois, et aucun n’est prévu pour le mois qui arrive.

Que s’est-il passé lors de la primaire du Wisconsin, vous demandez-vous peut-être ? Le taux de participation a été étonnamment élevé, et 70 % des électeurs sont parvenus à voter par correspondance. Les électeurs portant un masque ont attendu des heures pour participer. L’élection d’un juge à la cour suprême, course la plus suivie, a été remportée par un opposant démocrate par une marge surprenante de 11 points. Les résultats ont été accueillis avec excitation alors que les sondages en Arizona, un État qui se rapproche des démocrates depuis des années, ont montré que Biden y battrait Trump haut la main. Les deux États ont choisi le président en 2016, et leur volte-face devrait suffire à Biden pour remporter le vote du collège électoral.

Mais il reste six mois avant l’élection de novembre. Cette campagne ne ressemblera à aucun événement récent de l’histoire américaine. D’abord, aucun rassemblement ou débat n’a eu lieu depuis un mois, et aucun n’est prévu pour le mois qui arrive. Les conventions des deux partis, événements qui d’ordinaire sont couverts par la télévision nationale quatre nuits durant et lancent la campagne électorale à la fin de l’été, sont remis en question, ce qui laisse Biden, le candidat démocrate présumé, dans une lutte pour attirer l’attention du public.

Trump, quant à lui, ne manque pas d’attention. Il a instauré une pratique consistant à se présenter quotidiennement devant les médias, avec des experts de la santé ou des chefs d’entreprise. Bien que ces rencontres soient présentées comme des réunions au sujet du coronavirus, elles sont en réalité un mélange d’arguments de campagne, de déclarations erronées et de grandiloquence sans précédent dans l’histoire des États-Unis. À Seattle, durement touchée par le virus, une station de radio publique a annoncé qu’elle ne diffuserait plus ces briefings en direct :

"Une combinaison de fausses informations et d'exagération au global a amené de plus en plus de personnes au sein de la KUOW (station de radio basée à Seattle) à se demander si ces briefings étaient dans le meilleur intérêt de notre mission - c’est-à-dire, servir un public mieux informé. L'impact potentiel des fausses informations sur la santé et la sécurité de notre communauté est encore plus préoccupant".

Certains des alliés du président, au Congrès et ailleurs, l'ont incité à changer de ton. Mais d'autres partisans de Trump sont allés plus loin, demandant le licenciement de l'immunologiste qui se tient aux côtés de Trump et qui donne son analyse des faits à chaque occasion publique, un processus que le président a qualifié d’"usant". Quoiqu’il en soit, le monde se souvient peut-être de ce même Dr. Fauci, qui a servi un autre président américain, George W. Bush, pendant une période de désinformation autour d'une autre pandémie - celle du sida. À cette époque, sa main ferme avait permis à une administration de passer d’une posture d’opposition à une posture de proactivité quant à la réponse internationale à donner lors de cette crise sanitaire mondiale.

Cette dynamique souligne l'étrange moment partisan dans lequel se trouvent les États-Unis. Dr. Fauci, un fonctionnaire qui s'est fait connaître dans une administration républicaine, est actuellement le fonctionnaire le plus digne de confiance du pays. Trump, à l’inverse, est l'un des moins fiables. Pourtant, ce dernier, avec ses conseillers, parient qu'il peut utiliser les aléas du système électoral américain et la partisanerie à toute épreuve de ses principaux supporteurs pour garder le parti Républicain à ses côtés et remporter une victoire du collège électoral en novembre prochain.

En attendant, 70 millions d'Américains vont recevoir des chèques de relance dans les jours à venir. Dans cet élan inédit, le nom du président Trump sera imprimé sur ces chèques - bien que le programme ait été impulsé par le Congrès. Ces Américains qui avaient écarté les chances de sa victoire il y a quatre ans ont appris, à tout le moins, qu’il serait peut-être une folie de le faire à nouveau.

 

 

 

Copyright : SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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