En France, l’impact sur les finances publiques est légèrement négatif : le différentiel de contribution nette au regard des natifs est de l’ordre de -0,3 % points de PIB. Cette conclusion de France Stratégie se base sur deux études : l’une du CEPII portant sur la période 1979-2011 qui donne une fourchette de -0,2 à -0,5 % du PIB, du fait d’une contribution plus faible des immigrés (impôts, cotisations sociales) alors que le système français est assez redistributif ; l’autre de l’OCDE qui conclut à un impact de -0,52 % du PIB (environ 10 milliards).
Ces études ne prennent toutefois pas en compte les coûts de politique publique, évalués par la Cour des comptes (total mission "immigration, asile et intégration") à 6,57 milliards d'euros en 2019, soit 1,4 % des dépenses brutes du budget général. Les dépenses de l’État liées à ces politiques sont en augmentation (de près de 50 % par rapport à 2012), en raison notamment de la croissance de la demande d’asile. L’étude de France Stratégie évalue ces coûts à 0,1 % du PIB soit environ 2,3 milliards, sans doute en raison d’un périmètre plus restreint.
La CNAV - qui procède, par délégation de l’INSEE, aux immatriculations des personnes nées à l’étranger - recensait, en 2019, 12,4 millions de personnes nées à l’étranger (Français ou étrangers) qui ont des droits ouverts aux prestations sociales. 7,7 millions (62 %) avaient des droits ouverts à la retraite mais avec des doublons, et sans nécessairement toucher une retraite. Ceux qui touchaient effectivement une retraite étaient 2,6 millions, soit 18 % du total des retraités (1,74 million résidant en France, 860 000 à l’étranger).
Les synthèses internationales montrent un très faible impact de l’immigration sur le marché du travail (emploi et salaires). Si les compétences des immigrés complètent celles des natifs, l’impact est positif. Si elles sont similaires, l’emploi et les salaires peuvent être négativement affectés sur le court terme.
France Stratégie conclut de sa revue de littérature qu’un accroissement de 1 % de la main-d’œuvre dû à l’immigration se traduirait selon les études par une variation de l’emploi des non-immigrés comprise entre -0,3 % et +0,3 %. Parmi les analyses les plus citées, celle du CERDI conclut sur la période 1994-2008 à un effet non significatif sur le chômage.
Les taux d’emploi et de chômage constatés chez les étrangers sont très variables. Ceux qui concernent les ressortissants africains sont toutefois notables : taux d’emploi 38 % (Français : 49 %), taux de chômage 18 % (Français : 7 %), taux d’inactivité 21 % (Français : 6 %).
S’agissant des salaires, un accroissement de 1 % de la main-d’œuvre dû à l’immigration se traduirait en France selon les études par une variation des salaires comprise entre -0,8 % et +0,5 %. En 2011, une étude pour la Banque mondiale portant sur les années 1962-1999 montrait qu’un accroissement de 10 % de l’immigration conduisait à une augmentation de 3 % des salaires des natifs. Une étude plus récente du CEPII portant sur les années 1990-2010 conclut à un effet négatif (-1,0 à -2,4 %) sur les salaires des natifs les plus qualifiés et à un effet positif (+0,4 à +1,2 %) sur ceux des natifs les moins qualifiés.
La population active et la question des retraites
Le raisonnement mécaniste qui veut combler un déficit de force de travail par l’immigration est peu convaincant.
Certes, l’immigration peut être un palliatif au vieillissement de la population active. En revanche, elle ne peut être "la" solution au problème du financement des retraites. En effet, les nouveaux arrivants finissent aussi par vieillir, et l’amélioration du ratio de dépendance (actifs/retraités) provoqué par l’immigration n’est donc que passagère. Pour stabiliser ce ratio et donc avoir un impact sur le financement des retraites, une immigration massive serait indispensable : il avait été calculé il y a vingt ans que la France aurait besoin de plus de deux millions d’immigrés par an entre 2025 et 2050 pour maintenir ce ratio.
En conclusion, sur le strict plan économique, l’immigration n’est pas plus une "solution" miracle qu’elle n’est un véritable "problème".
Copyright : MARTIN BUREAU / AFP
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