Deuxième rebondissement aussi iconoclaste que le premier : les Premiers ministres britannique et canadien déclarèrent aussitôt qu’ils refusaient la présence de M. Poutine. Là aussi, il ne doit pas y avoir beaucoup de précédent d’une pareille rébellion dans les rangs atlantistes. Il faut dire que, sur le fond, le dessein transparent de M. Trump, consistant à monter une opération d’encerclement de la Chine, n’a pas de quoi séduire des partenaires qui ne souhaitent pas se laisser entraîner dans une guerre froide américano-chinoise, sous la houlette de surcroît d’un Président américain lame-duck et notoirement fantasque.
Dans la confusion générale, les Britanniques – à la recherche une fois de plus d’un rôle sur la scène internationale, cette fois du fait du Brexit – avancèrent l’idée d’une transformation du G7 en D10 ("D" pour "démocraties") par l’adjonction permanente aux 7 de l’Inde, la Corée du Sud et l’Australie. L’idée a ses mérites – l’Inde avait été invitée à Biarritz par exemple - mais n’est pas sans faiblesses : s’il s’agit de constituer un club antichinois, il n’est pas sûr que la Corée du Sud ni même l’Australie soient de bons candidats, tandis que les Européens membres du G7 ne sont pas sur cette ligne. L’Inde par ailleurs, sous le joug de M. Modi, est en train malheureusement, de perdre ses lettres de crédit démocratiques. Il est à craindre que le D10, du moins sur ces bases, serait en fait un club dysfonctionnel.
Notons que la Grande-Bretagne, trouvant peut-être pour la première fois un point d’application à la notion de "Global Britain" chère aux Brexiters, avait co-signé avec les États-Unis, le Canada et l’Australie un texte commun condamnant fermement la nouvelle législation sécuritaire adoptée par Pékin sur Hong-Kong. C’est la première fois, sur un grand sujet de politique internationale, qu’elle se démarque des positions continentales. Notons également que quelques jours après la rebuffade de Mme Merkel à l’égard de Trump, on apprenait la décision de Washington de retirer un tiers des effectifs des troupes américaines stationnées en Allemagne.
Quel bilan, nécessairement provisoire, peut-on à ce stade tirer de cette séquence ?
- La crise du Covid-19 marque une nouvelle dégradation de la relation transatlantique : l’affaire du G7 fait suite à d’autres épisodes où Trump avait marqué un mépris extraordinaire pour la vieille Europe (suspension des vols venant d’Europe sans préavis ni consultation, tentative d’acheter une société allemande susceptible de produire un vaccin anti Covid-19, décision sur les troupes américaines en Allemagne etc.).
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