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12/02/2018

ETI françaises et digital : où en sommes-nous ? Trois questions à Gilles Babinet

ETI françaises et digital : où en sommes-nous ? Trois questions à Gilles Babinet
 Institut Montaigne
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Accélérons la transformation digitale des PME de croissance et des ETI ! Dans le rapport ETI : taille intermédiaire, gros potentiel, l’Institut Montaigne, en partenariat avec le METI, fait du numérique l’un des cinq champs prioritaires d’action pour développer notre tissu entrepreneurial. Mais où en est-on aujourd’hui ?

Eléments de réponse apportés par EY et Apax Partners, qui ont rendu public ce jeudi 8 février leur deuxième “Baromètre de la maturité digitale des ETI”. Gilles Babinet, contributeur de l’Institut Montaigne sur les questions numériques, a accepté d’en décrypter les principaux résultats.

Quels sont les enseignements clés de ce baromètre, et quelle évolution peut-on identifier par rapport à l’an passé ?

Le principal enseignement, c’est la prise de conscience. Tout semble démontrer que les entreprises comprennent désormais que le digital n’est  pas une "fonction" que l’on ajoute aux expertises de l’entreprise, mais bien un facteur de transformation profonde. Seules 6 % des entreprises n’accordent que peu ou pas d’importance à la transformation digitale. En soit, c’est un fait suffisamment important pour être souligné. Ceci étant, ce qui frappe également, c’est l’hétérogénéité des réponses. Les situations sont extrêmement variées et cela n’est que faiblement dépendant de la taille des entreprises. Des constats ensuite importants apparaissent. Ainsi, l’expérience utilisateur ainsi que la cybersécurité sont des préoccupations pour la majorité des entreprises (respectivement 56 % et 55 % des dirigeants d’ETI ont augmenté leurs investissements dans ces domaines, selon le baromètre). C’est rassurant dans la mesure où, pour l’expérience utilisateur, c’était une notion tout simplement inconnue de la plupart des entreprises il y a quelques années. Par ailleurs, la cybersécurité n’était qu’un facteur de préoccupation secondaire il y a seulement un an. Si la prise de conscience est bien là, il reste beaucoup de chemin de la coupe aux lèvres : les investissements humains et financier à faire sont importants et sont déterminants pour retrouver de la compétitivité. 

Comment expliquer le "retard digital" de certaines ETI françaises par rapport à d'autres, et le retard global des ETI par rapport aux grands groupes ?

Il faut être conscient que la France est partie tard dans cette bataille de la transformation digitale. Jusqu’il y a peu, les gouvernements successifs n’accordaient qu’une attention secondaire à ces notions. Or, lorsque 57 % du PIB est le fait de la dépense publique, on peut concevoir l’immense effet d'entraînement que les pouvoirs publics pourraient susciter en s’y intéressant de plus près. 

Jusqu’ici, et du fait de cette absence d’intérêt des pouvoirs publics pour ces enjeux, les entreprises ne se sont que faiblement transformées. On pourrait rajouter à cela que la pression fiscale qui pèse sur les ETI, plus taxées que les grands groupes et moins à même de disposer de capacité d’investissement, n’a rien arrangé. Enfin, un facteur incident est la faible maîtrise de l’anglais par les collaborateurs de ces entreprises. 

Quelles seraient les solutions pour combler ce retard et permettre aux ETI d'accélérer leur transformation digitale ?

Quelques mesures essentielles semblent à envisager, comme disséminer les bonnes pratiques à travers la commande publique : ainsi, en passant à la facture électronique, l’administration pousse à la modernisation des services financiers des ETI si celles-ci veulent obtenir des marchés publics. Mais, avant tout, il faut faire un effort conséquent en matière de capital humain : notre système éducatif est insuffisamment tourné vers le digital et en conséquence, les compétences de bases au sein des entreprises sont, selon le DESI, moins bien maîtrisées en France qu’ailleurs. Dans ce cadre, la réforme de la formation professionnelle est évidemment un impératif.
 

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