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17/12/2019

Comment l’Europe peut faire basculer le monde vers la décarbonation

Comment l’Europe peut faire basculer le monde vers la décarbonation
 Eric Chaney
Auteur
Expert Associé - Économie

Les pays européens sont parmi les plus susceptibles d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. Les membres de l’Union européenne ont renouvelé, à la quasi-unanimité, leur objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Leurs actions, avec une baisse de 23 % des émissions territoriales depuis 1990, vont en ce sens. Pourtant, à ce stade, l’objectif 2050 paraît encore héroïque.

Face à l’urgence climatique, les opinions publiques sont inquiètes et demandent qu’on en fasse plus et plus vite, sans toujours bien saisir l’ampleur des actions à mener, ni les coûts associés. Pour parvenir à leurs objectifs, les pays européens doivent continuer à sensibiliser les citoyens sur les changements nécessaires dans leurs vies de tous les jours, à mobiliser entreprises et collectivités et à accélérer les politiques de transformation dans les domaines clés que sont l’énergie, les transports, et les modes de production et consommation. C’est l’objectif du pacte vert pour l’Union européenne proposé par la Commission le 11 décembre dernier, qui esquisse une stratégie multiforme et un agenda. 

Il manque cependant une dimension essentielle aux actions des 28, sans laquelle l’objectif 2050 risque de rester lettre morte. 

Aujourd’hui, seule l’Union européenne est en mesure de la mettre en œuvre, car elle est politiquement mûre et a une taille suffisante pour y parvenir.

En effet, pour modifier les comportements et les modes de production, une des stratégies les plus efficaces et la moins coûteuse est d’imposer un prix du carbone unique, élevé et croissant dans le temps, de façon à renchérir les biens et services à hauteur des dommages futurs de leur contenu en carbone. Recourir au prix du carbone est d’ailleurs une politique qui gagne du terrain au niveau mondial.

Comme l’Union européenne ne contribue que pour moins de 12 % des émissions mondiales, son action ne changera qu’à la marge l’évolution du climat mondial. Cette vision statique des choses peut décourager les meilleures volontés politiques. Elle est erronée, pensons-nous. Si les 28 s’accordaient sur une trajectoire du prix du carbone élevée, ils devraient l’appliquer aussi bien aux produits locaux qu’aux importations, créant ainsi un important "dividende carbone". L’Union européenne disposerait de ce fait d’un puissant argument pour convaincre ses partenaires commerciaux de suivre la même voie, et, ainsi, de créer un "club climat", pour reprendre l’idée du prix Nobel William Nordhaus. Aujourd’hui, seule l’Union européenne est en mesure de la mettre en œuvre, car elle est politiquement mûre et a une taille suffisante pour y parvenir.

Cette note se propose d’examiner comment l’Union européenne pourrait faire basculer le monde, en adoptant une politique de décarbonation fondée sur le prix, sans mettre à mal son économie, grâce à une redistribution intégrale et décentralisée du dividende carbone permettant que la transition écologique ne soit pas seulement efficace mais aussi équitable.

 

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