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19/02/2019

Baromètre des Territoires 2019 / Grand Est

Ancrage local et pessimisme

Baromètre des Territoires 2019 / Grand Est
 Institut Montaigne
Institut Montaigne

Parmi les 10.010 personnes qui ont répondu à l’enquête du Baromètre des Territoires, 800 vivent dans le Grand Est. Ces 800 personnes constituent un échantillon représentatif de la population de la région constitué à partir de quotas sur les variables de genre, d’âge, de catégorie socio-professionnelle et de taille d’agglomération.

Note de lecture : le chiffre entre parenthèse indique le décalage de la région par rapport à la moyenne nationale. Par exemple 57% (-2) considèrent vivre dans un endroit qui va bien signifie que 57% des habitants de la région Grand Est considèrent vivre dans un endroit qui va bien et que ce chiffre est inférieur de 2 points par rapport à la moyenne nationale qui est de 59%.

Des habitants heureux mais pessimistes pour l’avenir de leur territoire

  • 73% (=) se disent heureux, et 68% (+1) sont satisfaits de l’équilibre de leur temps de vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle.
     
  • Mais les habitants de la région se distinguent par le pessimisme le plus élevé pour l’avenir de leur région (52%, +8), ex æquo avec les régions Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté.
     
  • Ils sont moins nombreux que dans la plupart des régions à considérer qu’ils vivent dans un endroit qui va bien : 57% (-2).
  • Ils sont également plus pessimistes que la moyenne nationale sur l’avenir de la société française (72%, +2), l’avenir de l’endroit où ils vivent (43%, +4) et leur avenir personnel (45%, +2).

Comme partout en France, le pouvoir d’achat sous pression

  • Un habitant sur deux affirme vivre des fins de mois difficiles (+2), et 46% (+3) trouvent que leur situation financière s’est dégradée au cours des douze derniers mois.
     
  • 39% (+2) ont été à découvert tous les mois ou à plusieurs reprises en 2018.
     
  • La vigilance aux prix est une nécessité : 34% (+2) cherchent presque systématiquement les prix les plus bas lorsqu’ils font leurs courses alimentaires, et parfois se privent. 56% (-2) font attention aux prix mais sans trop se restreindre.
     
  • 48% (-2) ont retardé ou renoncé à des soins de santé pour raison financière en 2018. Un sur quatre (-1) a eu des difficultés à payer son loyer ou son emprunt immobilier et 30% à régler leurs factures d’électricité, de gaz ou de fioul (=). 

Accès aux infrastructures et développement économique : un sentiment d’inégalité 

  • Les habitants du Grand Est ressentent, plus qu’ailleurs, le double sentiment que leur territoire est moins bien doté en services publics et infrastructures et que son économie est en berne. Conscient de ces fragilités, seuls 42% pensent que leur territoire est attractif pour de nouveaux habitants (-9 points).
  • De manière générale, le sentiment d’un recul de l’Etat se traduisant par une disparition des services publics est partagé par 41% des habitants (+4). Education et transports en sont les premières victimes : 
    • 67% (+7) estiment que les jeunes doivent s’éloigner de chez eux pour réussir leur vie professionnelle.
    • 42% considèrent que les transports sont le premier défaut de leur région (-2). Et seuls 39% jugent que l’endroit où ils vivent est bien desservi par les transports en commun (-5). 
    • Culture et divertissements sont également les parents pauvres du territoire : un habitant sur trois (-7) déclare avoir un accès rapide et facile aux services pour se divertir et 38% (-5) pour se cultiver.
  • Au-delà des services publics, le tissu économique est également pointé du doigt : si le climat est le deuxième défaut de la région (39%, +12), ce sont les commerces et l’économie locale qui complètent la liste des fragilités (respectivement 34%, +2 et 34%, +1).
    • Cette morosité économique se traduit par la perception de peu de créations d’entreprises sur le territoire (15%, -5, jugent qu’il y a de plus en plus d’entreprises qui se créent là où ils vivent), et le récit de commerces de proximité gardant porte close, faute de trouver repreneur (18%, -7, lorsque les commerces de proximité ferment, ils sont repris par de nouveaux propriétaires et réouvrent rapidement). 
    • Cette situation produit le sentiment d’une difficulté croissante à trouver un emploi sur son territoire (59%, +5).
       
  • Pour près d’un habitant du Grand Est sur deux, la mondialisation est une des grandes coupables :  45% (+6) considèrent que la mondialisation a des effets négatifs sur la situation économique de leur région. 

Un sentiment d’injustice sociale et de déclin

  • 53% (+1) considèrent que leurs parents vivaient mieux quand ils avaient leur âge et 47% (+2) que leurs enfants vivront moins bien qu’eux.
  • Comme dans le reste de la France, une très large majorité des habitants de la région Grand Est estiment que la société française est injuste (78%, =).
  • L’écart entre les hauts et les bas salaires (38%, +1), les inégalités sociales (28%, -1) et la fraude aux aides sociales (28%, +2) cristallisent leur colère. Et plus que dans les autres régions, ils s’indignent des délocalisations (12%, +4, région avec le score le plus élevé).
  • Confronté à ce profond sentiment de déclassement et d’injustice, le pacte fiscal est fragilisé. 
    • Seuls 53% (-3) des habitants du Grand Est jugent que les impôts et taxes qu’ils payent sont utiles.
    • Et 64% (-1) estiment plus contribuer au système qu’ils n’en bénéficient.

Un ancrage local fort et une identité régionale affirmée

  • 41% des habitants de la région en sont natifs (+8, 2ème région avec le score le plus élevé). 35% (-3) y sont venus travailler ou étudier, et 17% (-5) sont venus y vivre parce qu’ils en avaient envie.
  • Les paysages sont la première qualité de la région (47%, -3). Plus qu’ailleurs en France, son histoire (25%, +6, région avec le score le plus élevé) et ses traditions (18%, +7, 2ème région avec le score le plus élevé) sont perçues comme des qualités.
     
  • Fiers de leur identité régionale, les habitants du Grand Est expriment un solide attachement à leurs territoires : 56% (+3) sont attachés à leur département et 60% (+2) à leur région.

La région et ses mobilités

  • Le Baromètre des Territoires révèle quatre grands types de trajectoires sociales et territoriales qui coexistent dans notre espace national. Ces quatre groupes sont présents dans tous nos territoires.
     
  • La région Grand Est se distingue néanmoins par une légère surreprésentation des deux groupes les moins "mobiles" :  les "Français assignés" (27%, +2) et les "Français enracinés" (24%, +2). 
    • Les "Assignés" subissent de plein fouet les inégalités sociales et territoriales. Ils sont bloqués géographiquement et socialement. Ils dessinent leur avenir et celui de leurs enfants avec pessimisme.
    • A l’inverse, les "Enracinés" sont heureux de vivre là où ils ont choisi de vivre, leur bulle personnelle est un bouclier qui les protège de la violence sociale, sans pour autant la masquer. 
       
  • Les "Sur le fil" (31%, -1) et les "Affranchis" (18%, -3) y sont légèrement sous-représentés :
    • Les "Sur le fil" vivent une forte tension entre leur aspiration à la mobilité sociale et territoriale et une difficulté à s’affranchir de leur situation socio-économique et des inégalités territoriales.
    • Les "Affranchis" ont peu d’attache territoriale, ils réalisent leur projet de vie sans entrave, ou ont les moyens socioculturels de surmonter les obstacles, de s’emparer des opportunités et de tirer parti des évolutions de notre société, telles que la numérisation de nos vies personnelle, sociale et professionnelle, l’Union Européenne ou la mondialisation.
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