Les dirigeants chinois sont également sensibles à un autre risque lié à la dette : la corruption, car il existe un lien fort entre endettement et corruption du fait de l’opacité des canaux de financement de l’économie.
Raison de plus pour s’attendre à un ralentissement de la croissance en Chine, une fois que le rebond post-Covid sera épuisé : un resserrement des conditions de financement de l’économie est inévitable.
La reprise aux États-Unis pourrait être plus forte qu’on ne l’anticipe
Comme les autres pays développés, les États-Unis ont connu une contraction de leur PIB en 2020, de 3,5 % selon les premières estimations. Cette baisse est néanmoins bien plus faible que celles enregistrées en Europe, ce qui est partiellement dû à la spécificité du pays, dont la densité de population est plus faible et partiellement à une gestion de la pandémie certes chaotique et coûteuse en vies humaines, mais qui a limité la décroissance de l’économie.
Dans les bonnes surprises, la reprise de l’investissement des entreprises au second semestre a été très forte, et ce particulièrement pour l'investissement en biens d’équipement, softwares et autres intangibles : au 4e trimestre 2020, le niveau d’investissement était 13,7 % plus élevé qu’avant la crise, commençant ainsi à combler le déficit d’investissement du début d’année. Ce phénomène confirme une tendance déjà bien établie : depuis une vingtaine d’années, l’investissement aux États-Unis est tiré par les biens d’équipement et les intangibles. Cela signifie que l’espoir de redémarrage de la productivité aux États-Unis est toujours justifié. D’ailleurs, la rapidité de la mise au point des vaccins à ARNm, résultat de vingt ans de recherche universitaire (dont celles menées par Katalin Kariko à l’Université de Pennsylvanie) puis de recherche développement dans des start-ups de biotechnologie, sans oublier le coup de fouet financier de l’opération WarpSpeed, est peut-être un signe avant-coureur d’un décollage de la productivité future, nourrie par la recherche et l’innovation. Si elle venait à être observée aux États-Unis, l’Europe suivrait, mais avec retard.
Quelles sont les perspectives pour 2021 ? La réponse est conditionnée par deux éléments politiques : la rapidité de l’exécution du plan de vaccination, et la mise en œuvre du plan de relance annoncé par le Président Biden. Avant son inauguration, celui-ci avait annoncé un plan de 1 900 milliards de dollars, soit 9 % du PIB. Il faudra attendre que ce plan soit présenté au Congrès pour qu’on comprenne mieux comment cet argent sera alloué, et quel calendrier de déboursement sera prévu. Il est probable en effet que le plan s’étale sur plusieurs années, voir sur l’ensemble du mandat. Par ailleurs, le Congrès américain avait déjà voté un plan de relance d’environ 1 000 milliards de dollars (qui correspond à 4,5 % du PIB). Il est possible que les deux plans se recoupent en partie, mais, l’un dans l’autre, il est probable que les États-Unis mettent en œuvre une relance budgétaire de l’ordre de 6 à 7 % du PIB cette année. Cette relance ne sera réellement efficace que si l’économie est en état de fonctionner, aussi bien du côté de l’offre que de la demande, d’où l’importance de la stratégie de vaccination. Dans l’hypothèse où cette dernière serait accélérée et bien menée et où des mesures sanitaires favorables à l’économie seraient prises, la vigueur de la reprise américaine pourrait être surprenante. Des prévisions raisonnables de croissance de l’économie se situent dans une fourchette de 4 à 7 %.
Une politique économique "hyper-reflationniste"
À propos de la politique budgétaire, il faut noter la nomination de Janet Yellen à la tête du Département du Trésor. Elle œuvrera sans aucun doute pour une relance budgétaire massive, ayant fait partie de l’équipe qui a dessiné le plan de relance, avec une forte composante sociale, au sens de la réduction des inégalités.
En temps "normal", une politique budgétaire ultra-expansionniste susciterait un durcissement monétaire, de façon à éviter une surchauffe. Janet Yellen sait que cela ne sera pas le cas : la Réserve Fédérale est prête à collaborer étroitement avec l’exécutif pour stimuler l’économie.
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