Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
18/02/2016

Commerce extérieur : des chiffres trompeurs

Imprimer
PARTAGER
Commerce extérieur : des chiffres trompeurs
 Morgan Guérin
Auteur
Fellow - Europe, Défense

Pour la quatrième année consécutive, le déficit de la balance commerciale de la France ? c'est-à-dire la différence entre les exportations et les importations de biens et services ? s'est réduit, passant de 58,3 milliards d'euros en 2014 à 45,7 milliards d'euros en 2015. Que faut-il en déduire pour la compétitivité de notre économie ? Décryptage.

graphique_commerce_exterieur.jpg
Source : douane, échanges FAB - FAB y compris matériel militaire.

Deux facteurs conjoncturels : baisse du prix du baril et baisse de l’euro

La légère amélioration que traduisent ces chiffres doit être tempérée. Les commentateurs s’accordent en effet à imputer majoritairement la baisse du déficit commercial à deux phénomènes concomitants :

  • la dépréciation de l’euro face au dollar, de l’ordre de 10% de sa valeur en 2015.

Ces deux facteurs ont permis aux entreprises françaises de réaliser des gains en matière de compétitivité-prix et donc d’accroître le volume des exportations françaises. De plus, la baisse du prix du baril a considérablement réduit la facture énergétique française et d’autant le déficit commercial puisqu’elle est structurellement sa plus importante composante.

Les faiblesses structurelles de la France

Néanmoins, ces bons résultats ne doivent pas masquer les faiblesses structurelles de la France en matière de commerce extérieur. Même si le nombre d’entreprises exportatrices a lui aussi augmenté, atteignant 125 000 sociétés, son plus haut niveau depuis 2003, il reste trois fois moins élevé qu’en Allemagne selon le Rapport 2015 sur la stratégie du commerce extérieur de la France et la politique commerciale européenne présenté par Matthias Fekl, secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger. Ainsi, malgré les efforts gouvernementaux – accompagnement des PME-ETI à l’export, lancement du Conseil stratégique de l’export le 23 mars dernier – les entreprises françaises peinent à passer le cap de l’exportation.

Continuer sur la voie des réformes

Dans son étude, Commerce extérieur : refuser le déclin, l’Institut Montaigne analyse les raisons du déficit commercial français et formule des propositions pour garantir des débouchés internationaux à nos entreprises. La première de celles-ci consiste à sanctuariser le budget de la recherche publique et celui du soutien à l’innovation. Seul un effort d’innovation de la part des entreprises françaises permettra d’augmenter leur compétitivité à l’exportation et ainsi de gagner de nouvelles parts de marché. De même, les PME françaises peinent à atteindre la taille critique qui les rende capables d’exporter. Réformer la fiscalité du capital, comme COE-Rexecode en a récemment démontré la nécessité, permettrait aux entreprises de bénéficier de capitaux supplémentaires et ainsi de financer leurs projets de développement à l’international.

Par Morgan Guérin et Grégoire Vanco pour l'Institut Montaigne

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne