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04/12/2015

Laurent Bigorgne : "Il y aura un troisième tour sur les compétences des régions"

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Laurent Bigorgne :
 Laurent Bigorgne
Auteur
Ancien directeur
Interview de Laurent Bigorgne, parue sur LesEchos.fr, le 30 novembre 2015. 

Le rôle des présidents de région a changé. Ont-ils fait des propositions en conséquence ??

Sur l'ensemble des 78 propositions que nous avons déjà pu chiffrer après avoir passé en revue l'ensemble des promesses de campagne, nous constatons que les candidats se sont bien préparés, avec des programmes cohérents. Mais certains ont une approche extrêmement idéologique. Le Front national utilise les élections comme une tribune pour faire passer ses idées, sans se soucier de leur faisabilité. Interdire les suppressions de postes dans les entreprises recevant des aides régionales, c'est impossible du point de vue juridique. Tout comme refuser des aides aux associations dites "communautaristes et politisées'".

Avez-vous constaté des différences droite-gauche  ?
Si elle est à la pointe sur ce sujet, la droite n’a pas le monopole des propositions d’économies. De nombreux candidats se prononcent sur la réduction du train de vie des conseils régionaux. A droite, on voit monter les mesures visant à ne pas remplacer les départs en retraite, mais les objectifs de baisse d’impôt sont également avancés par la gauche. Reste à les financer…

Au regard des promesses, quelle sera la situation financière des conseils régionaux  ?

Dès lors que la baisse des dotations de l’Etat va se poursuivre et que les élus ont pratiquement tous promis de ne pas augmenter les impôts, les finances des régions seront tendues. Entre 2009 et 2013, leur dette a augmenté de 29 % et, si elle est encore supportable, il n’y aura plus beaucoup de marge. Il sera nécessaire de clarifier le financement des investissements et la manière dont seront pris en charge les frais de fonctionnement des nouveaux projets. Généraliser la gratuité des transports scolaires, augmenter les aides aux transports coûte cher et affaiblit la capacité d’autofinancement des projets d’infrastructures eux-mêmes. On crée des points de tension très forts pour le futur.

Les mesures sur l’apprentissage sont-elles suffisantes  ?

Il faudrait tripler le nombre d’ap­prentis, mais je ne vois pas ce qui va permettre d’y arriver. Il ne suffit pas de proposer des primes diverses. La France dépense déjà trois fois plus d’argent pour l’apprentissage que l’Allemagne ! Ce n’est pas un problème de subventions publiques, mais de pilotage des décisions. Je suis persuadé qu’il y aura un troisième tour sur les compétences des régions. Les candidats tentent de faire des choses, mais ils n’ont pas les leviers.

Que proposez-vous  ?
La loi a créé des régions de 6 millions d’habitants, mais leurs budgets ne sont pas à la hauteur de leur taille. L’Etat aurait dû permettre de mener des expérimentations audacieuses. Par exemple, pour le développement économique, les candidats proposent des fonds de sou­tien aux entreprises, alors que c’est déjà la mission de bpifrance. Pourquoi doublonner ? Est-ce la priorité ? Sur la politique de formation professionnelle ou l’apprentissage, on ne sait plus qui, de l’Etat, des régions ou parfois des partenaires sociaux, est en mesure d’agir. On voit le résultat…

Propos recueillis par Julie Chauveau

Retrouvez sur electionsregionales2015.fr le chiffrage des principales propositions des candidats


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