Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
14/09/2015

Orientation : à l’heure des choix, ne pas négliger l’apprentissage

Imprimer
PARTAGER
Orientation : à l’heure des choix, ne pas négliger l’apprentissage
 Victor Poirier
Auteur
Ancien directeur des publications

Mise à jour 10/12/15
L'apprentissage représente une solution privilégiée pour préparer l'entrée dans le marché du travail. Pourtant, cette année encore, le mois d'octobre (qui constitue un bon baromètre puisqu'il est habituellement le mois le plus riche en termes de signatures de contrats) a une nouvelle fois été décevant : on recense seulement 61 500 entrées dans le privé, soit un recul de 5% par rapport à octobre 2014 et de 10% par rapport à octobre 2012. Ces chiffres semblent accuser une tendance durable à la baisse, face à laquelle les pouvoirs publics se montrent encore impuissants.

Comme chaque année, le début du mois de septembre rime avec reprise des études et choix de formation pour les étudiants. Chacun décide de sa formation avec l’espoir de faciliter, le temps venu, son insertion dans le monde professionnel. Dès lors, comment aborder sereinement la multitude de chemins qui s’offrent à eux ? Et comment "échapper" au piège du chômage, qui touche 25 % des jeunes français de 18 à 25 ans ?

Une des solutions réside dans la voie de l’apprentissage ? Notre étude, publiée en mai 2015 avec Bertrand Martinot, propose d’ailleurs un plan d’action pour en renforcer l’efficacité et la portée.

Alors qu’il est une des pistes les plus fécondes pour favoriser l’accès à l’emploi des jeunes, l’apprentissage est encore bien trop peu exploité en France. Pire, le nombre d’entrées en apprentissage a reculé en 2013 et 2014. Bertrand Martinot, dans son étude, établit un lien direct entre cette situation et le niveau de chômage des jeunes. Il appuie sa démonstration sur l’exemple allemand, où la pratique de l’apprentissage, en plus d’être mieux connectée au marché du travail, est également trois fois plus répandue.. Le faible taux de chômage des jeunes outre-Rhin trouve aussi son origine dans cette politique.

L’apprentissage présente bien des avantages, tant pour l’étudiant que pour l’entreprise qui l’accueille dans son effectif. Pour l’apprenti, cette formation est un gage indéniable de compétences, de savoir-être et un atout non-négligeable pour son insertion professionnelle. En 2013, le taux de chômage variait du simple au double selon que le bac professionnel a été obtenu en apprentissage (22,9 %) ou par la voie scolaire (44,4 %). Pour l’entreprise, le coût de l’apprenti est très faible, faisant même de ce nouveau salarié un atout de compétitivité, grâce aux exonérations de charges, à la prime apprentissage (à hauteur de 1 000 €) ou encore au crédit d’impôt (1 600 €) lié à l’embauche d’un apprenti.

chomage-jeunes.jpg

L’étude L'apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes propose de faire de l’apprentissage à la fois une voie valorisée par les étudiants et un outil de recrutement privilégié pour les entreprises. Ce travail souligne les freins qui empêchent aujourd’hui l’essor de l’apprentissage et préconise notamment une meilleure mise en valeur des formations d’apprentissage ainsi qu’une rationalisation des aides à l’embauche d’apprentis au sein d’un "forfait apprentissage" unique. L’implication de tous les secteurs d’entreprises est également nécessaire, les effectifs d’apprentis étant actuellement concentrés au sein des TPE. Ces mesures seraient solennisées par la signature d’un "Pacte national pour l’apprentissage", sur la base du modèle allemand, afin de consolider la place de l’apprentissage dans les politiques de formation et d’emploi.

Aller plus loin :
Lire la tribune de Bertrand Martinot, parue dans Les Echos, le 12 mai 2015 : "La prochaine grande réforme doit être celle de l'apprentissage"
Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne