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19/09/2014

6 milliards d'euros...

6 milliards d'euros...
 Laurent Bigorgne
Auteur
Ancien directeur

Tribune de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, parue dans Le Figaro Magazine du 19 septembre 2014.

C'est le montant de pouvoir d'achat qu'Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Économie, prétendait restituer aux Français grâce à un vaste mouvement de réforme des professions réglementées. L'État, incapable depuis tant d'années de réformer le marché des taxis à Paris et en Ile-de-France, allait s'attaquer à plusieurs dizaines de professions réglementées afin de libérer la croissance et de libérer cette manne pour les Français.

Au passage, comment le fougueux ministre entendait-il parvenir à un tel résultat ? Par quel tour de force allait-on obliger ces professions à "libérer" ces sommes. Là où même une timide avancée en matière de droit du travail est désormais renvoyée à la mécanique empesée et incertaine d'un accord national interprofessionnel, là où même une modeste diminution de la dépense publique renvoie à des débats parlementaires incertains, on allait dégager 6 milliards d'euros d'un claquement de doigts. La réussite d'une telle réforme nécessite de la résolution, de la confiance et le sentiment que l’effort de modernisation est partagé par tous, sans quoi dominera le sentiment qu'il s'agit d'une opération avant tout médiatique et politique aboutissant à la stigmatisation de telle ou telle profession.

Un tel mouvement est absolument nécessaire. Il répond aux engagements qu'ont pris tous les pays européens de lutter contre les monopoles et la rente, de favoriser l'installation des professionnels et donc la création d'emplois, d'augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs...

Nous partageons ces objectifs et nous devons nourrir une plus grande ambition, celle de lutter contre les rentes qui paralysent aujourd'hui la société française.Mais dit-on assez que les indépendants français - qui recoupent en large partie les professions réglementées - connaissent des durées annuelles de travail parmi les plus élevées de l'Union européenne ? Situation exactement inverse de celle de la fonction publique française, qui se place en queue de peloton. Ouvrir le dossier des professions réglementées, d'accord et chiche même ! En même temps que celui du temps de travail dans la fonction publique !

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